Le Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban, connu pour ses virulentes tirades anti-Bruxelles, a comparé vendredi à un « viol » l’accord trouvé à la majorité qualifiée entre les États membres sur un texte de la réforme migratoire européenne auquel Budapest, comme Varsovie, s’oppose.
« Légalement, nous avons été… comment dire, nous avons été violés. Si vous êtes violés légalement, forcés d’accepter quelque chose que vous n’aimez pas, comment voulez-vous parvenir à un compromis et à un accord? C’est impossible », a-t-il fustigé à son arrivée à un sommet européen informel à Grenade, dans le Sud de l’Espagne.
Mercredi, les ambassadeurs des pays de l’Union européenne se sont mis d’accord sur un règlement clé de la réforme migratoire européenne, mettant en place un mécanisme de solidarité obligatoire entre États membres dans le cas où l’un d’entre eux est confronté à une « situation exceptionnelle » liée à des arrivées « massives » de migrants à ses frontières.
Exigence d’unanimité sur le dossier migratoire
Pologne et Hongrie ont voté contre le texte, tandis que l’Autriche, la Slovaquie et la République tchèque se sont abstenues. « La Pologne et la Hongrie n’étaient pas satisfaites de la proposition, mais elle a quand même été passée en force, de sorte que la Hongrie et la Pologne ont été totalement exclues », a dénoncé le leader hongrois.
Varsovie et Budapest réclament que les décisions sur le sensible dossier migratoire soient prises à l’unanimité et non à la majorité qualifiée comme le prévoient les traités. Ils s’appuient sur des conclusions de sommets européens, en 2016, 2018 et 2019, qui préconisaient des décisions à l’unanimité sur la migration, dans le contexte de la crise des réfugiés de 2015-2016.
La Pologne et la Hongrie ont réclamé, sans succès, que la déclaration finale du sommet de Grenade comporte une référence à cette exigence d’unanimité pour adopter la réforme migratoire, a-t-on appris de sources diplomatiques. Faute de l’avoir obtenue, les deux pays bloquent cette déclaration, selon les mêmes sources.
Déjà blocage et rejet à l’actif de ce duo polono-hongrois
Lors d’un sommet à Bruxelles fin juin-début juillet, le duo polono-hongrois avait déjà bloqué l’adoption de conclusions communes pour signifier son opposition à deux autres textes du pacte migratoire agréés par les États membres peu avant.
Les deux pays avaient rejeté un précédent plan de l’UE prévoyant une répartition des demandeurs d’asile sur la base de quotas obligatoires dans la foulée de la crise des réfugiés. Ils refusent de même la nouvelle réforme européenne, qui prévoit en cas de pression migratoire sur un État membre, une solidarité obligatoire sous la forme de relocalisations ou de contributions financières notamment.
Une fois que les textes du Pacte asile et migration seront adoptés définitivement, après négociations avec le Parlement, ces règles s’imposeront à tous les États membres, même ceux qui ont voté contre. S’ils ne les appliquent pas, la Commission européenne pourra engager à leur encontre des procédures d’infraction.
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