Depuis trois nuits, les émeutes s’enchaînent dans plusieurs villes de banlieue parisienne, en soutien d’un homme considéré comme victime d’une « bavure policière ».
Samedi, 18 avril, ce motard a en effet été grièvement blessé à la jambe lors d’un accident impliquant une voiture de police à Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine). Il a percuté la portière ouverte de la voiture alors qu’il roulait à toute vitesse, ce qui lui a causé une fracture ouverte de la jambe gauche.
Depuis, les échauffourées se sont multipliées entre forces de l’ordre et habitants de certaines villes de banlieue suit à l’accident intervenu samedi en plein confinement. La police a été attaquée avec des tirs de mortiers et de feux d’artifice, des barrières de poubelles en feu ont été érigées.
Des heurts ont opposé des petits groupes de jeunes aux forces de l’ordre à Asnières, Nanterre, Meudon, Clamart et Gennevilliers. En dehors de l’Île-de-France, des véhicules de police ont été caillassés à Rilleux-la-Pape (Rhône). Au total, dix personnes ont été interpellées dans les Hauts-de-Seine lors de ces incidents qui n’auraient fait aucun blessé.
Pour commenter cette actualité et mieux comprendre la situation, nous avons interviewé Michel Thooris, responsable du syndicat National France Police Policiers en Colère.
Quelle est votre réaction face à l’incident de Villeneuve-la-Garenne, et à l’ouverture de l’enquête IGPN suite à la blessure d’un motard faisant un rodéo ?
Michel Thooris: « Il y a énormément d’instrumentalisation puisque l’on a des collègues qui ont été gravement blessés dans le cadre d’une opération de police, mais les médias n’en parlent absolument pas. Et lorsque qu’il s’agit d’un délinquant qui s’est blessé, on discute d’une bavure policière. Je tiens à vous rappeler la difficulté de l’exercice des missions de la police nationale, notamment dans les territoires interdits de la République. Nous avons des banlieues depuis le début du confinement qui sont véritablement en feu, mes collègues interviennent dans des quartiers qui s’apparente à des zones de guerres.
Toutes les nuits, cela va des « caillassages traditionnels » dans les cités les moins violentes, qui relèvent simplement de la destruction de matériel, de voitures. Plus graves, ce sont les tirs de mortiers, ces tirs tendus de feux d’artifice qui sont potentiellement létaux s’ils touchent un fonctionnaire. Un délinquant qui a été blessé en ne respectant pas les consignes de la police nationale alors qu’il s’en prenait aux forces de l’ordre, cela devrait être compris par notre société. Et instrumentaliser un fait divers pour jeter l’opprobre sur l’ensemble d’une profession pour nous évidemment ce n’est pas acceptable. »
Quelle est votre analyse sur la situation actuelle?
« La situation est vraiment très inquiétante, il y a une omerta de la part des médias qui ne montrent pas cette réalité. Mais nous, en tant qu’organisation syndicale de la Police nationale, on a des faits qui nous sont remontés toutes les nuits, des faits graves. Ils proviennent de patrouilles de la police nationale qui ne peuvent pas faire accepter le confinement en banlieue, des dealers qui s’en prennent de manière violente envers les forces de l’ordre. On le voit bien dans certaines images qui se diffusent actuellement sur les réseaux sociaux.
Des feux d’artifices qui sont modifiés pour être transformés en engins incendiaires ou explosifs, qui sont utilisés contre les fonctionnaires de la police nationale, on a aussi un certain nombre de contrôles qui se passent mal. Par exemple, durant un contrôle qui a dégénéré, un collègue a été poussé et a chuté de trois mètres de haut. Le collègue a 90 jours d’arrêt total de travail. Nous avons des émeutes, des prises à partie dans la cité du Mirail à Toulouse, et dans beaucoup de cités de la région parisiennes comme à Sartrouville, Villepinte, Neuilly-sur-Marne.
Ces violences permanentes sont une réalité. Par contre, ce n’est pas montré par les grands médias. Quand on entend aujourd’hui le ministre de l’Intérieur dire que le confinement se passe bien, nous on est vent debout en tant qu’organisation syndicale, quand on entend cela. Non, le confinement ne se passe pas bien, on a des violences toutes les nuits contre nos collègues qui essayent de faire respecter ce confinement.
D’après une information circulant dans les médias sociaux, le gouvernement aurait laissé entendre que la police n’interviendrait pas dans les banlieues autant qu’ailleurs pour faire respecter le confinement ?
« Je ne confirme pas cela. Je n’ai pas vu passer de note allant dans ce sens là. À ma connaissance, je ne crois pas. Pour preuve, on essaie d’aller dans les quartiers pour faire respecter le confinement. On essaie tout de même d’y aller, d’avoir un minimum de présence policière. »
Propos recueillis par David Vives, NTD.
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