L’épilogue d’une affaire hors normes : Vincent Lambert est décédé jeudi au CHU de Reims, un peu plus d’une semaine après l’arrêt de ses traitements, un cas devenu le symbole du débat sur la fin de vie en France.
« Vincent est décédé à 8H24 ce matin » au centre hospitalier de Reims, a précisé François Lambert, neveu de cet ancien infirmier de 42 ans, devenu tétraplégique en 2008 à la suite d’un accident de la route.
Joint par l’agence France Presse (AFP), Jean Paillot, l’un des avocats des parents Viviane et Pierre Lambert, a confirmé cette information, indiquant que « l’heure était désormais au recueillement » et que les parents s’exprimeraient plus tard « s’ils le souhaitent ».
Mardi 2 juillet, le docteur Vincent Sanchez, chef de service de soins palliatifs du CHU de Reims, avait engagé un nouvel arrêt des traitements, effectif depuis le mercredi 3 au soir, de ce patient de 42 ans, processus rendu possible le 28 juin par la Cour de cassation. Outre l’arrêt de l’hydratation et de l’alimentation par sonde, le protocole médical prévoyait notamment une « sédation profonde et continue ».
Cette annonce met un terme à un long feuilleton judiciaire et médiatique qui a vu la famille de Vincent Lambert se déchirer.
#New
11 Juillet 2019:
Nous avons appris la disparition à l’âge de 42 ans de Vincent Lambert, citoyen Français notamment connu pour l’affaire Vincent Lambert ayant eu un accident de la route en 2008 il entre dans un coma végétatif.
Il décède 8 jours après l’arrêt des traitements pic.twitter.com/26W4eBryZJ— l’Histoire du jour© (@394Histoires) 11 juillet 2019
D’un côté ses parents, fervents catholiques fermement opposés à un arrêt des traitements, soutenus par leurs avocats et plusieurs associations, dont le comité « Je soutiens Vincent ».
« La mort de Vincent est désormais inéluctable » et « nous ne pouvons que nous (y) résigner », avaient déclaré lundi ses parents dans une lettre ouverte. Son père Pierre avait dénoncé dimanche « un assassinat déguisé, une euthanasie », avant de se rendre au chevet de son fils, ancien infirmier psychiatrique victime en 2008 d’un grave accident de voiture l’ayant laissé tétraplégique.
Dans le courriel adressé aux membres de la famille pour leur annoncer le nouvel arrêt des traitements, le Dr Sanchez avait appelé « à la responsabilité de chacun » afin que « l’accompagnement de M. Vincent Lambert soit le plus paisible, intime et personnel possible ».
Cette procédure avait déjà été enclenchée le 20 mai avant d’être interrompue dès le lendemain sur demande de la Cour d’appel de Paris. Mais la Cour de cassation a ouvert la voie à un nouvel arrêt des traitements le maintenant en vie.
Des médecins (sic !) ont décidé que cet homme était trop handicapé pour vivre. Ils vont donc cesser de le nourrir et de le faire boire. Jusqu’à ce qu’il décède.
La France pays des droits de l’homme.#VincentLambert
https://t.co/L8HoxyPuAw— Zuber P-Yves (@py_zuber) 2 juillet 2019
Depuis six ans, l’affaire Vincent Lambert s’était enlisée dans un interminable imbroglio judiciaire, les deux camps se répondant par recours successifs, tandis que le monde politique et médiatique s’était emparé de l’affaire.
Malgré de nouvelles tentatives pour interrompre le processus, dont une prise de parole devant l’ONU à Genève pour lancer « un appel au secours » et un ultime recours en urgence, rejeté par la tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, les parents de Vincent ont finalement vu leurs espoirs s’envoler.
Voyant dans ce processus « une folie », ils estimaient que leur fils était handicapé et non « pas en fin de vie, ni un légume » et demandaient qu’il soit transféré dans un établissement spécialisé.
Rassemblement de soutien à #VincentLambert lundi 8 juillet 2019 de 16h à 19h place Saint Pierre (en bas du Sacré-Coeur) à Paris
Jean Paillot et Jérôme Triomphe, avocats des parents de Vincent Lambert, prendront la parole.
Venez nombreux !https://t.co/IChRSCkxd1 pic.twitter.com/lJHxrtyU2f
— Je soutiens Vincent (@SoutienVincent) 6 juillet 2019
En soutien aux parents, une vingtaine de personnes s’est rassemblée mardi soir devant le centre hospitalier de Reims pour protester contre l’arrêt des traitements à l’appel des « Veilleurs de Reims », un groupe né en 2013 à la suite de la Manif pour tous.
Le parquet a ouvert une enquête préliminaire pour tentative d’homicide volontaire après une plainte déposée par les avocats des parents.
L’interruption, dans le cadre d’une décision médicale signée par le Dr Sanchez en avril 2018, avait été validée fin avril par le Conseil d’État et le recours des parents devant la Cour européenne des droits de l’Homme avait échoué.
D. S avec AFP
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