Vingt ans après la chute de Saddam Hussein, l’Irak peine à se relever

Par Epoch Times avec AFP
21 mars 2023 05:53 Mis à jour: 21 mars 2023 05:53

L’Irak marquait lundi dans la plus grande discrétion l’anniversaire de la chute de Saddam Hussein, ayant déclenché une succession de conflits sanglants. Aujourd’hui, malgré un semblant de normalité, les Irakiens craignent pour leur avenir.

Lundi, Bagdad vivait au rythme de ses habituels embouteillages monstres. Les Irakiens semblaient davantage avoir la tête aux préparatifs du mois de jeûne du ramadan qui commence cette semaine qu’aux 20 ans de l’invasion de leur pays. « Ce sont des souvenirs douloureux », explique Fadhel Hassan, étudiant de 23 ans, attablé dans un café. « Il y a eu beaucoup de destruction et trop de morts. Des civils, des soldats irakiens et américains ».

Tout commence le 20 mars 2003. Dans le cadre de l’opération « Liberté de l’Irak », quelque 150.000 Américains et 40.000 Britanniques sont déployés pour une intervention éclair. Trois semaines suffisent pour sceller le sort du régime de Saddam Hussein et prendre le contrôle de Bagdad, le 9 avril. Cette intervention a marqué le début de l’une des périodes les plus sanglantes de l’histoire de l’Irak, théâtre d’abord d’une effroyable guerre civile (2006-2008), puis de l’occupation d’une partie de son territoire par les jihadistes du groupe terroriste État islamique, responsables de multiples exactions.

Déçu par les gouvernements successifs

Aujourd’hui, l’Irak a renoué avec une certaine normalité : des élections sont tenues régulièrement, la pluralité politique est encouragée, la liberté d’expression est garantie. Mais dans la pratique, les pourparlers pour former un gouvernement issu des législatives d’octobre 2021 ont duré un an et ont été émaillés d’épisodes d’une violence inouïe en plein Bagdad. Les gouvernements qui se sont succédé depuis 2003 « n’ont pas réussi à lutter contre la corruption dans les domaines de la santé et des services publics », se lamente Abbas Mohamed, ingénieur trentenaire, à Bagdad. « Nous allons de mal en pis. Aucun gouvernement n’a rien donné au peuple ».

Dans ce pays immensément riche en pétrole, un tiers de la population vit dans la pauvreté et les services publics sont aux abonnés absents. Les délestages quotidiens peuvent durer jusqu’à 12 heures et seuls les plus fortunés peuvent se payer le luxe de groupes électrogènes. Dimanche, le Premier ministre s’est engagé une nouvelle fois à « lutter contre la pandémie de la corruption ». Mais pour Mohamed al-Askari, journalier à Bagdad, l’Irak est encore loin du compte. « Nous nous sommes réjouis lorsque le régime (de Saddam Hussein) est tombé, car nous pensions que l’Irak s’améliorerait, mais jusqu’à présent nous n’avons fait que souffrir », souffle-t-il.

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