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Vingt-cinq ans de prison requis contre l’influenceur jugé pour l’assassinat d’un internaute

février 10, 2023 10:35, Last Updated: février 10, 2023 10:50
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Il lui fallait préserver sa « crédibilité » de « clasheur » sur les réseaux sociaux : le parquet a requis jeudi 25 ans de prison à l’encontre de l’influenceur jugé par la cour d’assises de Seine-Saint-Denis pour l’assassinat d’un internaute après une dispute en ligne.

Fils à problèmes de l’actrice Firmine Richard (« Huit femmes », « Romuald et Juliette », « Les Profs 2 »...) chez laquelle il vivait, Keneff Leauva, 40 ans, est poursuivi pour avoir en avril 2021 poignardé à mort un internaute, Mamadi T. alias « Moussa VR6 ». Ce dernier s’était présenté à son domicile au petit matin pour s’expliquer après une altercation devant 500 spectateurs sur l’application de vidéo en direct Bigo Live.

Face à un adversaire physiquement plus imposant que lui, Keneff Leauva, douze condamnations au casier judiciaire dont déjà deux pour des violences liées aux réseaux sociaux, est dans un rapport de force défavorable. Or « il a une crédibilité à tenir », note l’avocate générale Alice Dubernet dans son réquisitoire d’une heure.

« Keneff Leauva n’a qu’une seule vie, qu’une seule identité : c’est celle des réseaux sociaux, c’est celle du clasheur », tance la représentante de l’accusation. « Il ne pouvait pas perdre ce face-à-face. »

« Un clash conduit à un nouveau clash »

Obsédé par son image en ligne de dur à cuire, cet ex-chauffeur de VTC s’est fait une place en vue dans la petite communauté du « live-streaming » avec sa propension au clash et à la castagne. L’escalade progressive de violence lui a déjà coûté un séjour en prison et une phalange arrachée lors d’une bagarre avec un autre internaute.

« Un clash conduit à un nouveau clash, dans un emballement qui ne pouvait que se terminer de manière dramatique », déplore Alice Dubernet, inquiète de « l’absence totale de remise en cause » de l’accusé, qui est apparu à l’audience toujours embourbé dans ses puériles intrigues numériques.

Interrogé plus tôt dans la journée sur les faits, Keneff Leauva maintient ne pas avoir voulu tuer son ancien ami, avec lequel il s’était brouillé pour une obscure histoire de femme.

À propos des faits

Lorsque Mamadi T. se présente à son domicile à Pantin à 06h00 du matin, Keneff Leauva est chauffé à blanc. Enfilant un jean et une doudoune sur son pyjama, il saisit un long couteau de cuisine sur l’égouttoir et le glisse dans ses vêtements avant d’aller à la rencontre de son contradicteur.

« Il y avait de la pression. Il me dit « Vas-y, viens, viens. On va parler toi et moi. » Pour moi c’était un traquenard pour me taper et m’afficher sur les réseaux », raconte l’accusé en jean et pull rose dans le box. « Après les gens en auraient ri : c’est la deuxième fois que Keneff le bagarreur se mange une branlée sur les réseaux ! »

Il n’a sorti l’arme, dit-il, qu’à la suite d’un coup porté par Mamadi T. qui lui a fracassé la mâchoire et provoqué une vive douleur. Là, « j’ai vu rouge. »

La suite est racontée par les insoutenables images granuleuses tirées d’une caméra de vidéosurveillance, que la cour d’assises décortique plan par plan.

On y voit Keneff Leauva poursuivre couteau en main dans la rue la victime. Blessé, Mamadi T. tente de s’enfuir en se tenant le ventre mais il chute. Les deux hommes luttent au sol pendant de longues minutes.

Dans un geste désespéré de survie, la victime empoigne la lame de céramique à pleine main, au point de presque s’en sectionner le pouce et de casser le manche du couteau.

Touché de trois coups de couteau au thorax, le foie perforé, il faudra à peine une heure pour que Mamadi T. soit déclaré mort.

« Je pensais pas que c’était des coups fatals, je pensais que c’était des poinçons. J’me disais : j’ai mis des piques, il va se faire recoudre », se justifie Keneff Leauva.

Le verdict est attendu vendredi en fin de journée.

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