Vingtième samedi dans la rue pour les « gilets jaunes » qui ont défilé par milliers

30 mars 2019 17:51 Mis à jour: 30 mars 2019 20:20

Les « gilets jaunes », indifférents au débat national lancé par Emmanuel Macron pour répondre aux revendications sociales de leur mouvement, ont défilé par milliers lors de leur vingtième samedi consécutif en dépit des interdictions de manifester.

« En 2025, on aura peut être gagné », dit à l’AFP en riant Sébastien, 46 ans, préparateur automobile au chômage venu en train d’Orléans pour manifester à Paris. « On sera là tant qu’il (Emmanuel Macron) écoutera pas ». Depuis le début de ce mouvement le 17 novembre, le président concentre toutes les critiques pour sa politique jugée trop favorable aux Français les plus aisés.

Parmi les slogans entendus et les témoignages recueillis par l’AFP aux quatre coins du pays, les mêmes revendications pour plus de justice sociale : « Assez de capitalisme qui broie les gens et détruit la planète » (Montpellier), « Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, changeons le système » (Lille) …

Le ministère de l’Intérieur a recensé 5.600 manifestants à 14H00 en France, dont 1.800 à Paris. Un chiffre en baisse par rapport aux 8.300 annoncés par le ministère samedi dernier à la même heure (dont 3.100 dans la capitale). Le comptage des autorités est contesté par les « gilets jaunes », qui annoncent leur propre chiffre chaque semaine.

A Paris, le défilé s’est déroulé dans une ambiance bon enfant. La dispersion place du Trocadéro était émaillée de quelques jets de projectiles et tirs de gaz lacrymogène. A 17H00, la police avait procédé à 32 interpellations, 21 verbalisations pour avoir manifesté sur le périmètre interdit et 11.945 contrôles préventifs, selon la préfecture.

Échaudée par les saccages sur les Champs-Elysées voici deux semaines, la préfecture de police de Paris (PP) avait de nouveau interdit les manifestations sur la célèbre avenue, ainsi que dans un périmètre incluant l’Elysée et l’Assemblée nationale.

Au total, vingt-sept arrêtés d’interdiction établis par les préfectures ont été recensés, selon une source policière. La nouvelle contravention de 135 euros, à laquelle s’exposent ceux qui bravent l’interdit, reste en vigueur après le rejet vendredi par le Conseil d’Etat du recours de la Ligue des droits de l’homme.

Le pouvoir, critiqué par l’opposition pour les violences récurrentes en marge des manifestations des « gilets jaunes », a musclé son dispositif de maintien de l’ordre et son arsenal juridique anti-casseurs.

En région, la situation s’est tendue notamment à Bordeaux. Des accrochages ont eu lieu en fin d’après-midi dans ce bastion « jaune » que le maire avait décrété « ville morte » face à la menace de violences. Le nombre de manifestants était évalué au double de la semaine dernière (soit près de 5.000).

Le cortège, où se mêlaient des dizaines de « black blocs », se diluait en petits groupes jouant au chat et à la souris avec les forces de l’ordre, tentant de se regrouper dans une place non loin du centre-ville.

A Nice, quelque 300 personnes se sont dirigées en signe de soutien vers l’hôpital où Geneviève Legay, militante d’Attac, blessée il y a une semaine, est toujours hospitalisée. Le procureur a déclaré vendredi que la chute de la septuagénaire avait été provoquée par un policier, qui a rectifié son témoignage après avoir affirmé avoir poussé un homme.

De 1.650, selon la préfecture, à 2.500 personnes selon les organisateurs ont défilé à Montpellier, où deux policiers ont été blessés par des jets de projectiles. Ils étaient entre 1.000 et 2.000 à Lille, tandis que plusieurs centaines de « gilets jaunes » bravaient l’interdiction de manifester à Avignon intra-muros et sur les boulevards.

Pour Alexandre Chantry, un des organisateurs du mouvement dans le Nord, « cette semaine le mot d’ordre, c’est ‘la fin des expulsions’, alors que s’achève la trêve hivernale. On ne veut plus de SDF qui meurent dans la rue ».

Dans le centre de Toulouse, plusieurs centaines de personnes étaient présentes au départ de la manifestation. La préfecture de la Haute-Garonne avait renouvelé son interdiction de manifester place du Capitole.

Les manifestations prévues devant des usines où sont fabriqués des équipements utilisés par les forces de l’ordre, dans le Finistère et dans la Sarthe, n’ont donné lieu qu’à de très maigres rassemblements, en raison d’un déploiement dissuasif des forces de l’ordre.

Dans le cadre du grand débat lancé mi-janvier, et qui devait s’achever la semaine dernière, Emmanuel Macron poursuit ses rencontres avec les maires, suscitant l’agacement de l’opposition.

Le 8 avril, le gouvernement doit faire la synthèse des contributions recueillies. Les « gilets jaunes », eux, critiquent depuis le début ce débat national, « une mascarade ».

Samedi dernier, pour l’acte 19, 40.500 personnes ont manifesté en France, dont 5.000 à Paris, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, contestés par les « gilets jaunes » dont le propre comptage a recensé 127.212 manifestants dans tout le pays.

I.M. avec AFP

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