L’enquête sur les expéditions punitives de Tchétchènes à Dijon s’est accélérée ce jeudi 18 juin avec l’interpellation de six membres de cette communauté dans plusieurs villes de France.
Six gardes à vue ont débuté jeudi matin, a indiqué dans un communiqué le procureur de la République à Dijon Eric Mathais, ajoutant sans précisions géographiques que des perquisitions ont été réalisées « dans plusieurs villes ». D’après une source proche de l’enquête, les interpellations auraient eu lieu à Dijon (Côte-d’Or), Dole (Jura), Troyes (Aube), Saint-Étienne (Loire) et Saverne, près de Strasbourg (Bas-Rhin). Une opération de police a également eu lieu à Besançon (Doubs) mais elle n’a mené à aucune arrestation.
« Elles sont destinées à vérifier les premiers éléments de l’enquête », ouverte notamment pour tentative de meurtre en bande organisée, association de malfaiteurs et participation à un groupement armé, selon le procureur. Ces opérations font suite aux violences survenues récemment dans la préfecture de Côte-d’Or.
Eric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, à propos des violences à Dijon : «On ne peut pas laisser prospérer cette guerre des gangs (…) une chienlit qui se généralise» #LaMatinale pic.twitter.com/VtVtemATKI
— CNEWS (@CNEWS) June 17, 2020
Connues des services de police
Les interpellés sont des personnes déjà connues des services de police et notamment, selon des sources concordantes, un homme suspecté d’être à l’origine de l’appel à l’expédition punitive sur les réseaux sociaux. Le rôle exact des suspects dans ce dossier reste toutefois à préciser.
Ces interpellations menées par le RAID et la brigade de recherche et d’intervention (BRI) font suite à l’ouverture d’une enquête confiée à la police judiciaire de Dijon et la sûreté départementale après quatre nuits de violences, de vendredi à lundi soir à Dijon, survenues autour d’une série de raids de Tchétchènes voulant venger l’agression de l’un des leurs.
« Cette enquête est destinée à comprendre de quelle manière les différentes infractions commises ont pu être provoquées ou organisées, d’en identifier les auteurs et d’y donner les suites appropriées », précise M. Mathais.
OK le Raid arrive.
Enfin. https://t.co/dvIXC9McIG
— Alexis Poulin (@Poulin2012) June 15, 2020
Trois personnes remises en liberté
Dans le cadre de l’enquête concernant les faits de lundi soir, quatre personnes avaient été interpellées. Mercredi, trois d’entre elles ont été remises en liberté, selon le parquet. La quatrième, un homme de 32 ans sans antécédents judiciaires, a écopé de 90 jours-amendes à 5 euros et d’une interdiction de détenir ou porter une arme pendant cinq ans.
Le procureur de la République Eric Mathais avait indiqué mercredi que les investigations se poursuivaient « pour parvenir à identifier les participants » aux violences urbaines qui ont secoué les Grésilles mais aussi Chenôve, dans la banlieue sud-ouest de Dijon, où 18 véhicules avaient été brûlés lundi soir.
Des années… que nous alertons sur nos interventions sans soutien ni moyens dans des quartiers que l’Etat a abandonné. Et qu’on nous traite de menteurs et de brutes.
Ce n’est que #Dijon. Imaginez maintenant le stock d’armes dans les grandes agglomérations françaises… pic.twitter.com/IP6lyJLfg0— Linda Kebbab (@LindaKebbab) June 16, 2020
Barres de fer, battes de baseball, armes à feu
Le maire socialiste sortant de Dijon, François Rebsamen, a dénoncé le manque de moyens des policiers, face à des Tchétchènes munis de barres de fer, battes de baseball et parfois d’armes à feu.
« Puisque la justice passe trop tard et que la police n’a pas les moyens de son action, la communauté tchéchène est venue faire respecter elle-même son droit », a analysé le maire, en campagne pour un quatrième mandat. Face à ces groupes, imposants et lourdement armés, les forces de l’ordre étaient en sous-nombre avant l’arrivée des renforts lundi.
« Le choix de ne pas aller au contact s’explique aussi par la présence de bandes avec du vrai armement et le risque d’aller au clash et de surajouter de la tension. En face, il y a 200 ou 300 personnes qui ne se laisseront pas interpeller. Le rapport de forces n’était pas favorable avec les effectifs policiers présents initialement à Dijon », a-t-il indiqué.
? Ce soir j’appelle au calme. #Dijon https://t.co/nXea65J713
— François Rebsamen (@frebsamen) June 15, 2020
« En face, il y a des gars, nombreux, qui paradent avec des armes réelles »
« Certains vont vouloir faire porter la responsabilité de la situation à la police nationale », regrette David Le Bars, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN-Unsa). Mais « en face, il y a des gars, nombreux, qui paradent avec des armes réelles ». « La semaine dernière, des politiques appelaient à désarmer la police (dans le contexte de dénonciation des violences policières). Avec la situation de Dijon, on a la démonstration que les choses ne peuvent pas être si simples », a-t-il ajouté.
Et pendant ce temps, certains expliquent qu’il faut désarmer la police. #Dijon pic.twitter.com/7dqMiOh8Nk
— Fx Bellamy (@fxbellamy) June 15, 2020
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