Le gouvernement a lancé le débat sensible sur davantage d’autonomie pour la Guadeloupe, département secoué comme la Martinique par une explosion sociale née d’un mouvement contre l’obligation vaccinale pour les soignants, émaillée de violences, pillages et blocages routiers.
Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu a également annoncé la création de « 1000 emplois aidés pour les jeunes » en Guadeloupe, département où 34,5 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté national, avec un fort taux de chômage (19 %), notamment chez les jeunes (35 % en 2020 contre une moyenne nationale de 20 %).
150 interpellations en Martinique et Guadeloupe
Plusieurs policiers ont été de nouveau la cible de tirs à balles réelles et au plomb sans être blessés dans la nuit de vendredi à samedi en Martinique et en Guadeloupe qui restent sous couvre-feu.
La veille, une dizaine de membres des forces de l’ordre avait été blessée, dont un gendarme grièvement après avoir été renversé par un véhicule de cambrioleurs en Martinique. Quatre journalistes, dont un photographe de l’AFP, ont par ailleurs essuyé trois tirs de la part d’hommes circulant en moto dans une rue déserte de Fort-de-France. Des bandes de jeunes circulent en deux roues autour des barrages routiers en Martinique, depuis le début de la crise, a constaté l’AFP.
Il y a eu quelque « 150 interpellations depuis le début de cette situation en Guadeloupe et en Martinique », a précisé vendredi le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.
Pour sortir de cette crise née du refus de la vaccination anti-Covid obligatoire pour les personnels soignants et les pompiers, le gouvernement avait d’abord annoncé vendredi 26 novembre, reporter l’application de cette mesure au 31 décembre. De plus, il a proposé la levée de la suspension des personnels non vaccinés et de leur rémunération pour ceux qui acceptent un « accompagnement personnel » en vue notamment d’un reclassement.
La question de l’autonomie est posée pour la Guadeloupe
Puis, dans une allocution télévisée aux Guadeloupéens, Sébastien Lecornu a affirmé que le gouvernement était « prêt » à évoquer la question de davantage d’autonomie.
Incapable de faire régner l’ordre en Guadeloupe, le gouvernement se dit prêt à envisager l’autonomie de ce territoire. Ces apprentis sorciers viennent d’ouvrir une boite de Pandore. Le démembrement de la France est en marche. Je suis très en colère. https://t.co/tQVbZobEp9
— Rafik Smati (@RafikSmati) November 27, 2021
Lors des réunions de ces derniers jours, « certains élus ont posé la question en creux de l’autonomie ». « D’après eux, la Guadeloupe pourrait mieux se gérer d’elle-même. Ils souhaitent moins d’égalité avec l’Hexagone, plus de liberté de décision par les décideurs locaux. Le gouvernement est prêt à en parler, il n’y a pas de mauvais débats du moment que ces débats servent à résoudre les vrais problèmes du quotidien des Guadeloupéens », a assuré le ministre.
Une déclaration immédiatement pilonnée par l’opposition de droite et d’extrême droite qui ont dénoncé un recul ou un lâchage, voire une tentative « d’acheter les indépendantistes radicaux » pour la candidate RN à la présidentielle de 2022 Marine Le Pen.
? #GUADELOUPE: RASSUREZ-VOUS LE RAID ET LE GIGN SONT SUR PLACE !
Ils auraient pu investir dans l’hôpital, dans les canalisations, bloquer les prix, dépolluer les terres contaminées.
À la place, ils envoient Raid et GIGN. On ne lutte pas contre le Covid en réprimant le peuple ! pic.twitter.com/0oKuKrIEo8— Mathilde Panot (@MathildePanot) November 23, 2021
Les syndicats demandent le retrait pur et simple de l’obligation vaccinale
Des syndicats ont déjà rejeté les propositions sur la levée des sanctions. Cette annonce « ne change rien : nous ne sommes pas satisfaits de cette décision. Nous demandons le retrait de l’obligation vaccinale car notre liberté de choisir est bafouée et du pass sanitaire qui empêche tout le monde de vivre », a réagi auprès de l’AFP Sormain Sandrou, secrétaire général adjoint de l’UTS-UGTG du CHU de Pointe-à-Pitre, présent sur le piquet de grève devant l’établissement.
« J’ai l’impression qu’on ne s’entend pas, qu’on ne se comprend pas (…) On veut une dérogation pour que cette loi ne soit pas appliquée chez nous ! Et pas que chez les pompiers ! », a pour sa part clamé Jocelyn Zou, représentant du syndicat Force Ouvrière chez les pompiers, à l’antenne de la radio RCI.
Au CHU de Pointe-à-Pitre, les personnels suspendus ont eux bien l’intention de rester et ont transformé le piquet de grève en petit « village », avec des barnums décorés, un barbecue, un micro-ondes ou encore des glacières.
Et, en attendant une solution, Guadeloupéens et Martiniquais décuplent les systèmes D pour contourner les barrages routiers qui ralentissent l’activité. Ceux qui le peuvent s’arrachent les services de bateaux touristiques répertoriés sur Facebook, moyennant 50 à 100 euros par tête, notamment les pompes funèbres, les touristes devant rallier l’aéroport ou un hôtel, ou encore les pharmacies pour se faire livrer.
Rejoignez Epoch Times sur Telegram
? t.me/Epochtimesfrance
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.