Vendredi 26 novembre, le gouvernement a annoncé qu’il repoussait la mise en œuvre de l’obligation vaccinale des soignants et pompiers en Guadeloupe et en Martinique au 31 décembre, pour tenter de mettre fin aux violences qui ont fait dix blessés, dont un grièvement, en une nuit parmi les forces de l’ordre.
Les suspensions seront également levées pour ceux qui accepteront un accompagnement individuel dans ces îles où la contestation des mesures sanitaires anti-Covid se double d’une grave crise sociale.
L’obligation vaccinale devait s’appliquer le 15 novembre dans les Antilles, jour où a débuté la grève générale en Guadeloupe. Le mouvement a ensuite gagné la Martinique où la contestation a débuté le 22 novembre.
Baisser la tension
Ce qui avait commencé avec des blocages et des piquets de grèves a cependant vite dérapé en violences contre les forces de l’ordre, incendies et pillages, dans ces territoires placés sous couvre-feu.
Après concertation avec les élus locaux et les collectivités territoriales, les ministres des Outre-mer Sébastien Lecornu et de la Santé Olivier Véran ont annoncé conjointement repousser « au 31 décembre 2021 la finalisation de la mise en œuvre de l’obligation vaccinale » pour la Guadeloupe et la Martinique, dans l’intention de faire redescendre la tension.
En Guadeloupe des « groupes d’écoutes et de dialogue » seront mis en place à partir de lundi pour recevoir « individuellement chaque professionnel concerné par une suspension pour non conformité à l’obligation vaccinale ».
Levée des suspensions
La date de l’obligation vaccinale est également étendue au 31 décembre en Martinique pour « l’ensemble des soignants, salariés des établissements de santé et médico-sociaux, aides à domicile et pompiers ».
Après l’intervention d’une médiation au CHU de Martinique son personnel bénéficiait déjà de ce prolongement à la fin de l’année.
Ceux des soignants et pompiers qui avaient choisi d’être suspendus plutôt que de céder verront, s’ils acceptent un accompagnement individuel, « la suspension de leur rémunération » levée « pendant toute la durée de cet échange ».
Par contre, ceux qui refuseront « poursuivront leur suspension », ajoute le texte.
« La réponse qu’on attend, c’est la fin de l’obligation vaccinale. Donc on reste sur nos piquets, quitte à sacrifier les fêtes de fin d’année, comme lors d’autres mouvements », a déclaré Delphine Isaac, technicienne de laboratoire au CHU de Pointe-à-Pitre, présente sur le piquet de grève devant l’établissement.
Une obligation vaccinale « discriminatoire » et « liberticide »
« Nous allons nous réunir et réfléchir, mais je doute que ce qu’a dit M. Lecornu suffira pour nous démobiliser. Car nous ne voulons pas d’injection pour le moment, il n’y a pas suffisamment de recul vis-à-vis (du vaccin) », a déclaré Anne Négoce-Atexide, qui travaille au département pharmacie du CHU.
Pour Sormain Sandrou secrétaire UTS-UTG au CHU, l’obligation vaccinale est « discriminatoire car ne concerne qu’une partie de la population, et liberticide », assure-t-il également.
Reste à savoir si ces mesures permettront un retour à la normale sur ces deux îles où la colère est allée bien au delà de la contestation de l’obligation vaccinale, et a réveillé une colère générée par le manque de travail et la précarité.
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