Face à un nombre de victimes jugé « astronomique », le gouvernement a présenté mercredi les axes d’un futur plan contre les violences faites aux enfants centré sur les violences sexuelles, déjà jugé « timide » et « manquant d’ambition » par les associations.
« On est dans une situation tragique aujourd’hui : un enfant meurt tous les cinq jours dans son environnement familial à la suite de violences. Deux à trois enfants par classe subiront des phénomènes d’inceste. Cela concerne un adulte sur dix. Un enfant se fait agresser toutes les trois minutes sexuellement », a souligné auprès de l’AFP la secrétaire d’État à l’Enfance Charlotte Caubel.
« Le combat contre les violences aux enfants doit devenir un combat à la hauteur de la lutte qu’on a menée contre les violences faites aux femmes », déclare Mme Caubel, qui a présenté les grands axes de ce plan en conseil des ministres avec le garde des Sceaux, Éric Dupont-Moretti.
Une campagne « choc » à la rentrée
Ce plan 2023-27, officiellement annoncé à l’automne, mais dont le calendrier de mise en œuvre n’est pas précisé, prendra le relais du plan 2020-22 contre les violences faites aux enfants lancé lors du premier quinquennat, qui a permis la création de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise).
En attendant, la secrétaire d’État veut diffuser « une campagne choc type sécurité routière » pour sensibiliser la société sur l’inceste, peu après la rentrée scolaire. « Les chiffres sont astronomiques et personne ne veut les voir. Il faut que tout le monde ouvre les yeux, que tous les adultes se sentent concernés », insiste Mme Caubel.
Parmi les mesures, le plan veut outiller les professionnels en contact avec les enfants pour mieux détecter et signaler les violences sexuelles : une formation sera mise en place à partir des outils élaborés par la Ciivise. Son président, Édouard Durand, a dit à l’AFP souhaiter un « plan ambitieux de formation initiale et continue, avec une certification, qui garantira la compétence des professionnels au moment de leur affectation ». Une plate-forme sera créée pour soutenir et orienter des professionnels (enseignants, médecins…) : appelés à mieux repérer les violences sexuelles, ils peuvent se sentir isolés ou démunis lorsqu’ils ont des soupçons.
Ces mesures, déjà annoncées en septembre dernier, correspondent à des préconisations faites en mars 2022 par la Ciivise.
Trois des vingt préconisations retenues
Coté justice, le plan devrait intégrer de nouvelles mesures pour mieux accompagner tous les mineurs victimes pendant les procédures judiciaires, avec par exemple une refonte du statut des « administrateurs ad hoc« , qui représentent les enfants lorsque les parents ne sont pas en mesure de le faire. Mieux indemnisés, ils seraient rebaptisés « parrains judiciaires », indique-t-on à la Chancellerie.
La Chancellerie réfléchit à simplifier le fonctionnement de la tutelle pour les orphelins et à mieux identifier la spécialisation « mineurs » des experts judiciaires. Enfin, une réflexion est menée en vue d’une meilleure indemnisation du préjudice causé aux enfants. « La Ciivise nous a permis de prendre conscience de l’ampleur des violences sexuelles. Et leur impact est massif : on sait qu’un enfant qui les subit a tendance à les reproduire et à se mettre en situation de danger. C’est sans doute à mettre en lien avec l’explosion de la prostitution des mineurs », observe Mme Caubel.
« La Ciivise a fait 20 préconisations en mars 2022. C’est une satisfaction de voir trois d’entre elles intégrées dans un plan interministériel. Mais elles sont toutes faites pour être mises en œuvre afin que les enfants soient réellement protégés de l’inceste », a réagi Édouard Durand, qui doit rendre un nouvel avis lundi prochain.
« Un plan timide, de la communication, des mesurettes sans moyens, sans objectifs chiffrés. Il n’y a pas de volonté politique de réellement lutter contre les violences sexuelles », a réagi pour sa part Isabelle Aubry, présidente de Face à l’Inceste. « Toute avancée est bonne à prendre, mais cela ne va pas assez loin », abonde Arnaud Gallais, président de l’association BeBrave de « survivants de violences sexuelles », regrettant « un manque d’ambition et de volonté politique ».
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.