SOCIéTé

Viols de Mazan : de 3 à 20 ans de prison, le verdict est tombé après quatre mois d’un procès intense

décembre 19, 2024 18:10, Last Updated: décembre 19, 2024 18:15
By

« L’audience est levée » : jeudi, après ces mots du président de la cour criminelle de Vaucluse, qui vient de livrer son verdict aux 51 accusés du procès des viols de Mazan après quatre mois d’un procès intense, un silence pesant engourdit la salle.

Le « chef d’orchestre » condamné à 20 ans de prison

Parmi les 50 hommes condamnés – un des accusés est en fuite – très peu montrent une réaction particulière, alors que les magistrats professionnels viennent pourtant de les condamner tous, de 3 ans de prison dont deux avec sursis à 20 ans pour Dominique Pelicot, qui les avait invités à violer sa femme, préalablement sédatée, dans leur logement conjugal de Mazan (Vaucluse).

Agé de 72 ans et aidé de sa canne, le « chef d’orchestre » de cette décennie de viols s’était levé pour écouter le président de la cour Roger Arata lui annoncer qu’il était « coupable » – comme tous les 50 autres – et que sa peine était associée à une période de sûreté des deux tiers.

Mais il ne montre aucune réaction. Pas plus que son ex-compagne Gisèle, assise en face de lui, de l’autre côté de la salle.

Une colère froide se lit en revanche sur le visage de sa fille Caroline, déçue que ce procès, qui a débuté le 2 septembre à Avignon, n’ait pu lui apporter les réponses nécessaires à sa reconstruction.

Elle reste convaincue que son « géniteur », comme elle l’appelle désormais, l’a aussi agressée sexuellement, ce que ce dernier a constamment nié. Dominique Pelicot a été condamné pour la diffusion d’images de Caroline prises à son insu. Assis au côté de sa soeur, son frère David lui pose parfois la main sur la jambe pour la réconforter.

« Il se passe quoi maintenant ? »

Au milieu de la salle, Karim S., un informaticien de 40 ans condamné à 10 ans de prison, pleure lui à chaudes larmes.

Parmi les accusés comparaissant libres – ils sont 32 -, Jacques C., retraité de 73 ans condamné à 5 ans d’emprisonnement, dont trois années avec sursis, demande hagard à son avocat : « Il se passe quoi maintenant ? » Il figure parmi les six accusés écopant d’une peine suffisamment légère pour repartir libre, ayant déjà effectué plusieurs mois de détention préventive.

Comme lui, nombreux sont les accusés qui semblent ne pas savoir quoi faire ou dire. Comme si les peines prononcées, inférieures aux réquisitions, les surprenaient et faisaient vaciller leur désir de les contester.

« Je ne vais pas lui conseiller de faire appel », glisse Me Olivier Lantelme à sa consoeur Fanny Pierre qui acquiesce. Leurs clients ont respectivement été condamnés à six ans (10 ans requis) et sept ans (11 ans requis) de prison.

Ils ont 10 jours pour faire appel. Mais ils attendront sans doute les motivations des peines, qui ne devraient être connues qu’en début de semaine prochaine, avant d’arrêter leur décision. Me Lantelme apprécie que le président ait prononcé le « verdict sobrement », lors d’une dernière audience à laquelle seuls quatre médias, dont l’AFP, ont pu assister physiquement.

Sobrement et brièvement, une heure à peine, sans aucune remarque générale sur la question du viol ou sur les agissements de ces hommes alors que ce procès est devenu emblématique des violences sexuelles, trouvant un écho dans le monde entier.

Debout, souriante

« On sort par là ! », lance alors aux accusés encore présents – ceux détenus ayant été préalablement extraits dans le calme – l’un des environ vingt policiers venus sécuriser la salle d’audience et surtout s’assurer qu’aucun des 32 accusés comparaissant libres ne puisse s’échapper.

Tous, ou presque, avaient prévu de dormir dès jeudi soir en prison : ils étaient venus au tribunal munis d’un sac de sport, parfois de simples cabas de supermarché, remplis d’affaires. Certains avaient même effectué d’émouvantes dernières étreintes avec leurs proches avant de pénétrer dans la salle.

Sans menottes, ils se font accompagner dans le calme par des policiers vers une sortie annexe.

L’un des accusés, Redouan E., infirmier libéral de 55 ans condamné à huit ans de prison, tente une sortie discrète. Mais il est rappelé par des policiers et obligé de faire demi-tour. En passant devant son avocate Isabelle Crépin Dehaene, avec laquelle il est en froid depuis qu’elle a tenté à plusieurs reprises de canaliser ses prises de paroles parfois incontrôlées, les regards ne se croisent pas.

Après une dernière prise de parole des avocats des parties civiles sur le volet civil du dossier, M. Arata « déclare close la présente session de la cour criminelle départementale de Vaucluse ».

Tous les avocats restants vont alors serrer la main du président de la cour et le « remercier pour (son) cadrage des débats ». Certains vont saluer Gisèle Pelicot : « Bravo madame », la félicite l’un d’eux. Celle qui a ouvert les portes du procès en refusant le huis clos est debout, souriante.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

Voir sur epochtimes.fr
PARTAGER