ENTRETIEN — L’heure du bilan. Chevelure blonde, lunettes carrées, tailleur cintré, Virginie Joron a imprimé sa propre empreinte au sein de son groupe politique à Bruxelles, en jouant sa partition tout au long de la crise du Covid-19. Sa croisade contre les mesures sanitaires lui a valu de gagner une popularité remarquée chez leurs opposants, qui s’est parfois étendue jusque dans des cercles idéologiques traditionnellement peu favorables aux idées du Rassemblement national. Élue députée européenne en 2019, elle devient membre de la Commission spéciale sur la pandémie de Covid-19. Au Parlement, la femme politique fait de la dénonciation du manque de transparence derrière certaines décisions de la Commission et des atteintes aux libertés individuelles, d’hier et de demain, son cheval de bataille. À l’approche du scrutin du 9 juin, Virginie Joron dresse pour Epoch Times l’inventaire de son dernier mandat et partage les raisons qui, à ses yeux, font de son parti la force politique la plus à même de défendre les libertés au cours des cinq prochaines années.
Epoch Times : Vous vous êtes fait particulièrement connaître ces dernières années en ferraillant contre les diverses mesures sanitaires mises en œuvre lors de la crise du Covid-19. Pourquoi cet engagement ?
Virginie Joron : Parce que quelque chose s’est rompu. Parce qu’un lien de confiance s’est rompu. Bien sûr, aujourd’hui, maintenant que la crise Covid est terminée, nous avons tous envie de passer à autre chose. Mais les mensonges auxquels nous avons été exposés durant cette période continueront à nous hanter. Pour ma part, leur impact a profondément modifié ma vision de l’Europe et de Bruxelles. Avant cette crise sanitaire sans précédent, beaucoup d’entre nous pensaient que l’Union européenne était orientée par des technocrates éloignés des préoccupations des citoyens, mais que cela n’allait pas plus loin.
Cependant, au fil de la crise du Covid-19, nous avons découvert une autre facette de cette Europe, en constatant l’opacité délibérée et organisée sur le plus gros contrat de l’histoire de l’UE, celui sur les vaccins contre le Covid-19. On parle de 71 milliards d’euros, un pot de miel géant tentant pour tout corrupteur en herbe. Pire, nous avons été la cible d’un mépris concerté envers la démocratie et nos libertés fondamentales. Souvenons-nous de ces injonctions absurdes ! Il faut boire son café assis mais pas debout, ne pas se promener seul en forêt ou sur la plage au risque d’être sanctionné par une amende de 135 euros, surtout si on ne s’est pas soi-même autorisé à sortir de chez soi… On marchait sur la tête. Et cette situation ubuesque a été rendue possible grâce à une communication par la peur.
Ce qui m’a décidé à entrer en dissidence sur ce sujet, c’est le discours d’Emmanuel Macron du 12 juillet 2021 sur le pass sanitaire, au cours duquel il annonçait qu’« à partir du 15 septembre, des contrôles seront opérés, et des sanctions seront prises ». En d’autres termes, ce jour-là, le président nous informait que les Français devraient se faire injecter sous peine d’être exclus de tous leurs lieux de vie, restaurants, cafés… Bref, le refus de l’injection était dès lors synonyme d’une condamnation à la mort sociale.
Le pouvoir a envoyé la police contre la France d’en bas, on a fait sortir les voyous des prisons, on a poussé les Français à se dénoncer entre eux, à se méfier les uns des autres, nous avons assisté à une chasse aux sorcières injuste envers les non-vaccinés, les médecins et les soignants. Tout cela sur la base d’un taux d’efficacité vaccinale de 95 % complètement illusoire. Quand je pense à nos jeunes, à ceux qui sont morts ou blessés suite aux effets secondaires du vaccin anti-Covid, cela me révulse encore maintenant.
Si vous deviez définir quelques grandes lignes directrices de vos combats durant votre mandat d’eurodéputée, quelles ont-elles été ?
La lutte pour nos libertés et la lutte contre le trafic d’influence.
Au Parlement européen, que ce soit à Bruxelles ou à Strasbourg, vous percutez « l’Europe du foie gras », comme le disait le Général de Gaulle.
Dès le début de mon mandat, j’ai confronté Sylvie Goulard, l’éphémère ministre des Armées qu’Emmanuel Macron souhaitait nommer à Bruxelles au poste de Commissaire, concernant les paiements qu’elle percevait chaque mois, en plus de son salaire d’eurodéputée, d’un think tank fondé par un milliardaire américain. Cette audition a été un choc, car, pour la première fois au Parlement européen, une candidature française au poste de commissaire était retoquée. Une claque pour Emmanuel Macron. Un choc pour moi aussi, car, en 2019, je ne mesurais pas encore l’ampleur de cette corruption décomplexée des esprits.
C’est pourquoi j’ai tant combattu l’affaire des contrats Pfizer lors de la crise Covid. Ce manque de transparence de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, concernant ses négociations en direct avec le PDG de Pfizer (SMS cachés, contrats biffés, prix confidentiels, clauses cachées aux députés et aux auditeurs), est révoltant.
C’est aussi pourquoi j’ai voulu donner la parole « à ceux qui ne sont rien », selon la petite phrase d’Emmanuel Macron, aux médecins diffamés et menacés comme le Pr Perronne, le Dr Bouillon, Alexandra Henrion-Caude, aux infirmières et sage-femmes, aux victimes des effets secondaires. Souvenez-vous des interventions de cette hôtesse de l’air, ou encore de Mélodie Féron au Parlement : ce sont elles qui nous ont avertis des effets secondaires du vaccin Covid touchant les femmes, alors même que l’Agence européenne des médicaments niait ou minimisait ces incidents. Des millions de personnes ont pu visionner ces conférences et ces interventions via ma chaîne YouTube.
Sur cette plateforme, j’ai également souhaité diffuser en totalité les auditions de la commission spéciale Covid, puisque les médias mainstream ne font plus leur travail d’information. Les Français se rendent bien compte de leur manque d’indépendance.
Ce combat pour la liberté — pour nos libertés — nous l’avons mené sans relâche, malgré les pressions d’une presse aux ordres. Je veux en profiter pour remercier tous ces citoyens qui nous ont suivis, car c’est grâce à vous et à vos messages de soutien que nous avons tenu.
Au-delà du passeport sanitaire, quelles sont les initiatives émanant de Bruxelles qui vous ont paru les plus attentatoires à la liberté au cours de votre mandat et quels seront, à vos yeux, les principaux combats européens à mener sur ce chantier au cours des cinq prochaines années ?
Ce qui est sur la table aujourd’hui à Bruxelles, c’est la pérennisation de la censure de l’information, au travers du DSA (Règlement européen sur les services numériques) qu’Orwell aurait nommé « ministère de la Vérité », c’est le commerce de vos données médicales, c’est encore l’autorisation ou non de vous déplacer avec votre voiture. On le voit bien : le Covid a marqué une rupture fondamentale avec le monde d’avant.
Pour Bruxelles et une certaine élite mondialiste animée par une tentation totalitaire, la crise sanitaire a représenté une fenêtre d’opportunité en vue de se lancer dans un projet d’administration des moindres aspects de nos vies, jusqu’au nombre d’atomes de carbone dans l’air que chacun aurait le droit d’émettre. Est-ce de cette Europe que nous voulons ?
Lors des cinq prochaines années, je vais par ailleurs continuer à suivre le dossier du Pfizergate, car les contrats négociés s’étendent jusqu’à 2027, le dossier OMS, et les dossiers relatifs à la santé, puisque Ursula von der Leyen souhaite récupérer la compétence « santé », y compris le pilier de la santé mentale. Chacun a pu constater durant la crise Covid l’appétit sans fin de Big pharma ; notre vigilance doit donc perdurer, notamment sur le volet concernant nos « données de santé ».
Le dossier de la transparence et de la bonne gestion de l’administration sera également sur ma pile de dossiers à traiter — la Commission ne peut s’arroger des compétences ou donner des cartons rouges à des États membres (Hongrie, Pologne) tout en bafouant ses propres règles – ainsi que celui sur l’identité numérique, le passeport d’identité numérique devant être mis en œuvre durant cette prochaine mandature.
Enfin, je continuerai à ouvrir le Parlement à des experts, des spécialistes, des professeurs et journalistes qui souhaitent apporter une autre lumière à l’hémicycle européen dans le brouillard des « Big ».
Les enquêteurs de la section de recherches de Paris ont procédé, mercredi 29 mai, à une perquisition au siège du ministère de la Santé. Une opération menée dans le cadre d’une information judiciaire ouverte le 21 octobre 2022 par le Parquet national financier (PNF) suite à un rapport de la commission d’enquête sénatoriale pointant du doigt l’influence sur les politiques publiques des cabinets de conseil privés, dont McKinsey, étroitement lié au chef de l’État. Pourquoi s’agit-il à vos yeux d’un scandale parisien, mais aussi européen ?
McKinsey a été à la manœuvre durant toute la crise Covid. Certains hauts fonctionnaires se sont même étonnés que des collaborateurs de McKinsey aient dirigé des séances administratives de gestion de la crise sanitaire. On a vu la patte de ce cabinet en France, mais aussi ailleurs dans le monde. Au Canada, par exemple.
À Bruxelles, j’ai constaté que McKinsey, PWC ou BlackRock, des firmes étrangères, obtenaient des missions sur des sujets régaliens de souveraineté. Il est scandaleux que ces cabinets privés aient de plus en plus accès à des compétences régaliennes, car cela porte atteinte à notre souveraineté en matière de santé, de défense, ou encore d’intelligence économique.
Peut-on considérer que l’Europe est indépendante si sa stratégie bancaire concernant l’environnement est conseillée par BlackRock, qui a des pétroliers comme clients ? Ou si le personnel européen est évalué par PWC pour obtenir ses promotions ? Par ailleurs, pourquoi la Commission européenne demande-t-elle à McKinsey des vrais-faux rapports à 30.000 euros la page ?
Et quid finalement de la remise en question de nos hauts fonctionnaires, remplacés par des consultants privés ? Cette politique de recours à des cabinets de conseil entraine un gaspillage de l’argent public, soulevant des suspicions de copinage ainsi que de détournements de fonds publics. En échange de quoi certains décideurs européens font-ils travailler leurs « amis » ?
Ursula von der Leyen est candidate à sa propre succession à la tête de la Commission. Quel regard portez-vous sur l’affaire dite des SMS ? Pensez-vous que celle-ci impactera l’issue du scrutin du 9 juin ?
Durant mon mandat, tout le système a cherché à cacher la vérité sur ces contrats gigantesques d’achats de vaccins et sur les SMS échangés entre Ursula von der Leyen et Albert Bourla.
Jusqu’à ces élections européennes, les macronistes, la fausse gauche socialiste, la fausse droite, et même certains écologistes ont soutenu Ursula von der Leyen au nom d’une coalition « barbichette » : je ne parle pas du Qatar ; en échange, tu ne parles pas des SMS. Ils ont voté ensemble contre son audition par le Parlement au cours de laquelle la présidente de la Commission aurait dû s’expliquer sur les contrats Pfizer et ces fameux SMS. Ensemble, ces eurodéputés ont également décidé de ne pas sanctionner le PDG de Pfizer, qui a refusé de comparaître devant les parlementaires.
Heureusement, la Cour des comptes européenne nous a révélé l’essentiel : Bruxelles a signé des contrats de vaccins pour la somme de 71 milliards d’euros et pour un nombre de doses allant jusqu’à 4,6 milliards. Et Ursula von der Leyen a négocié, seule, le plus gros contrat, celui avec Pfizer. Elle n’a même pas consulté le Centre européen de contrôle des maladies avant de passer commande.
À ce jour, Bruxelles continue d’acheter des doses jusqu’en 2027, alors même que plus de 10 États européens ont prévenu qu’ils n’ont plus besoin de doses. À qui sert ce gaspillage d’argent public ?
Par ailleurs, pourquoi avoir voulu injecter à tout prix chez nos jeunes un vaccin malgré les risques de myocardites alors qu’il n’empêchait même pas la transmission du virus ?
2024 sera l’année de la grande clarification. On voit déjà le déballonnage, le débidouillage, commencer. Et Ursula von der Leyen, si elle a pour l’instant survécu au scandale, est déjà démonétisée.
En France, le Rassemblement national est le seul parti politique qui a refusé en 2019 sa nomination à la présidence de la Commission et qui dénonce aujourd’hui sa candidature à sa succession. Le bilan de sa mandature est calamiteux, et il est aussi celui d’Emmanuel Macron, qui était allé la chercher dans les bras d’Angela Merkel.
Au Parlement, son investiture avait pu se faire grâce à (ou à cause de) seulement 9 voix : 9 pauvres voix ! C’est pour cela que chaque voix compte ! S’abstenir, c’est une voix de perdue ! C’est pourquoi voter pour des partis politiques qui ne pourront pas atteindre les 5 % lors de ce scrutin, notamment ceux prônant le Frexit, revient à donner une voix à Emmanuel Macron, qui, évidemment, soutiendra la candidature d’Ursula von der Leyen.
L’enjeu des élections du 9 juin est donc capital. Les macronistes l’ont compris, puisqu’ils viennent en renfort à la campagne de Valérie Hayer. Plus personne n’est dupe.
Vous avez décidé de focaliser votre dernière allocution au sein de l’hémicycle sur l’établissement d’un organe interinstitutionnel chargé des normes éthiques applicables aux membres des institutions européennes. Quelle sera sa fonction et pourquoi vous inquiète-t-il ?
C’est un dossier qui est arrivé comme un cheveu sur la soupe en fin de mandat. Ce nouvel organe ne sera évidemment pas indépendant, puisqu’il sera composé de cinq bureaucrates payés 12.000 euros par mois qui dépendront de la Commission européenne.
Un enfant de 4 ans peut comprendre ce qu’il va se passer. La Cour des comptes et la médiatrice ont déjà reproché à Ursula von der Leyen un sérieux problème dans sa manière d’administrer et de cacher ses activités, sans que celle-ci n’en tire aucune conséquence. Sa fonction visera essentiellement à passer à la trappe les scandales du Pfizergate et du Qatargate, ainsi que les critiques émises par les organes de contrôle existants, à savoir la Cour des comptes européennes, le médiateur européen et les députés d’opposition au Parlement.
Il ne faut cependant pas oublier ma saisie du Procureur européen qui enquête sur la présidente de la Commission. Par ailleurs, je me félicite de voir que c’est en partie grâce à notre travail que certains ont pu lancer d’autres recours judiciaires.
En matière de défense des libertés, quel est votre argumentaire pour convaincre un électeur français de voter aux européennes pour la liste du Rassemblement national plutôt que celle de l’un de vos concurrents ?
Toutes les actions politiques que j’ai menées ont été nécessaires et utiles. Au Parlement européen, j’ai été la seule à me battre sur les dossiers liés aux libertés. Soutenue par Marine et Jordan, qui m’ont permis de dresser ce bilan et qui m’ont placé en 16e position éligible sur la liste RN, je compte poursuivre le combat en faveur de la défense des libertés lors de mon prochain mandat.
Je rappelle que Mme Rivasi n’était malheureusement pas soutenue par son parti. Il en allait de même pour François-Xavier Bellamy, souvent absent ou s’abstenant lors des votes « clé », comme ceux concernant le rapport Pfizer ou le pass sanitaire. Et ne parlons même pas des écologistes, des socialistes et des macronistes qui ont soutenu toutes les mesures liberticides, les politiques favorables à Big Pharma, et une politique de l’opacité.
S’agissant du parti d’Éric Zemmour, on ne les a jamais entendus s’exprimer sur les dossiers liés aux libertés ou à la vaccination. Quant aux partis du Frexit, ils n’ont jamais eu l’intention de rentrer au Parlement puisque, par définition, ils veulent en sortir !
La seule liste qui s’est opposée à Macron et à von der Leyen, c’est la nôtre. Donc, pas de dispersion, pas d’abstention, car ce serait donner des voix à Macron ! Chaque voix compte ! Je l’ai dit plus haut, 9 voix ont suffi pour qu’Ursula von der Leyen puisse décrocher la présidence de la Commission ! 9 voix !
Chaque voix que vous donnerez à un parti du Frexit sera perdue ! Il faut donc voter utile le 9 juin, car plus il y aura de députés Rassemblement national, plus la gifle à Macron – von der Leyen sera douloureuse. Et ce sera ainsi la démonstration qu’une fois de plus, nous avions raison. Le combat pour nos libertés et la vérité continuera alors de plus belle cette prochaine mandature.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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