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Virus: des visières artisanales pour soutenir les médecins vénézuéliens sous-équipés

octobre 31, 2020 11:45, Last Updated: octobre 31, 2020 11:58
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Un rivet, deux rivets et la visière est prête: dans un quartier pauvre de Caracas, cinq jeunes Vénézuéliens fabriquent des protections faciales qu’ils offrent aux médecins, largement sous-équipés dans leur lutte contre la pandémie de coronavirus.

« C’est notre devoir », explique Angelo Rangel depuis l’atelier du quartier d’El Cementerio où il confectionne les écrans de protection avec quatre amis.

Fabriquer 720 unités

Depuis qu’ils ont commencé à mettre la main à la pâte en juillet, ils ont déjà fabriqué 720 unités qui ont toutes été données à des professionnels du secteur de la santé par le biais d’organisations non-gouvernementales.

Des rivets aux pinces, jusqu’à la visière protectrice et à la courroie de maintien pour la tête, tout le matériel a été acheté grâce à des dons.

Le Venezuela la pire crise économique de son histoire

« Je n’ai pas d’usine, je ne travaille pas pour l’Etat, je ne suis qu’une goutte d’eau au milieu de l’océan. Je fais ce que je peux », explique Angelo qui gagne sa vie en travaillant pour des ONG. Il voit dans son activité bénévole « un devoir » qui lui permet de se maintenir dans la société vénézuélienne, plongée dans la pire crise économique de son histoire récente.

-Un groupe de jeunes hommes d’un quartier à faible revenu de Caracas fabrique des écrans faciaux faits à la main pour en faire don aux médecins, à Caracas le 28 octobre 2020. Photo par Federico Parra / AFP via Getty Images.

Le matériel de protection mis à disposition des médecins, infirmières et brancardiers « est très limité » dans les établissements publics, souligne Mauro Zambrano, responsable syndical dans le milieu hospitalier à Caracas. Selon lui, seule la moitié des besoins en gants et masques chirurgicaux est satisfaite dans les hôpitaux de la capitale. Les médecins sont d’ailleurs parfois obligés d’utiliser les masques plusieurs fois.

Aide inestimable

Alors, le matériel que fabriquent Angelo et ses amis, même s’il est loin d’être « suffisant » représente « une aide inestimable », souligne Mauro Zambrano.

Mais les visières ne remplacent pas les masques. En France, porter uniquement l’un de ces écrans de protection sans masque expose à une amende dans les lieux où le port du masque est obligatoire. Dans d’autres pays, les visières viennent en complément du masque.

Le gouvernement du président socialiste Nicolas Maduro se targue d’avoir réussi à « freiner » la pandémie grâce à un système de confinement baptisé « 7+7 » où une semaine de confinement strict alterne avec une semaine de confinement « assoupli ». 

Officiellement, le Venezuela, pays de 30 millions d’habitants, a recensé un peu plus de 90.000 cas de coronavirus et environ 800 décès liés à la maladie. Mais des ONG comme Human Rights Watch et l’opposition vénézuélienne pensent que ces chiffres sont bien en deçà de la réalité.

Au Venezuela, le syndicat de la santé dénonce une pénurie d’équipements de protection, à Caracas le 28 octobre 2020. Photo par Federico Parra / AFP via Getty Images.

L’ONG vénézuélienne Médicos unidos (Médecins unis) a ainsi recensé 237 décès dus au Covid-19 dans le seul milieu médical.

Ancien atelier de couture

Le local dans lequel Angelo et ses amis confectionnent les visières était un ancien atelier de couture. En guise de loyer, les cinq jeunes donnent, quand ils le peuvent, des médicaments à la propriétaire.

« Maintenant, on sait vraiment faire un peu de tout », raconte Leyermer Mujica, pâtissier de 24 ans, qui, lorsqu’il n’a pas les mains dans la crème fraîche et les œufs, joue de la pince pour fixer les rivets sur les visières.

Mais Angelo, Leyermer et leurs amis ont rapidement été rattrapés par la réalité vénézuélienne… et l’inflation galopante qui a atteint 844% entre janvier et septembre, selon les chiffres de la Banque centrale.

Aujourd’hui, même les prix exprimés en dollars sont sujets à l’inflation. Et les trois dollars que les bénévoles consacraient à chaque visière à leurs débuts sont désormais bien trop justes.

« Il faut pas mal chercher » pour trouver le matériel, résume Angelo.

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