Un médecin chinois sanctionné pour avoir tiré l’alarme à l’apparition du nouveau coronavirus a succombé vendredi à l’épidémie, libérant un flot de colère alors que le bilan continue à s’alourdir.
Deux semaines après la mise de facto en quarantaine du Hubei, la province où est apparue la pneumonie virale, l’épidémie a contaminé 31.161 personnes en Chine continentale, dont de nombreuses personnes mortellement, selon un dernier bilan communiqué par les autorités, car nous savons que les chiffres sont minimisés.
Dans le reste du monde, 240 cas de contaminations ont été confirmés dans une trentaine de pays et territoires, dont deux mortels, à Hong Kong et aux Philippines. Des centaines de touristes à bord de trois paquebots sont bloqués en Asie par l’apparition du virus à bord.
Le décès dans la nuit du docteur Li Wenliang
Mais l’épidémie a pris un tour politique avec le décès dans la nuit du docteur Li Wenliang, un médecin de Wuhan, qui avait donné l’alerte fin décembre sur l’apparition du virus dans la capitale du Hubei.
Lanceur d’Alerte ⚠️
Docteur Li Wenliang 34 ans, est mort: Ophtalmologiste à l’hôpital Central de WuhanIl a été contaminé par le coronavirus après avoir soigné l’un de ses patients. Il était hospitalisé depuis le 12 janvier 2020.
Pekin a voulu le faire taire!☹️?
RIP Docteur pic.twitter.com/yS8Y9G8UaJ— PeupleFrance® ?? (@justofly) February 6, 2020
Il avait pour cela été convoqué par la police, qui l’avait accusé de propager des rumeurs avec sept autres personnes. Il fait désormais figure de héros national face à des responsables locaux accusés d’avoir caché les débuts de l’épidémie.
« C’est un héros qui a donné l’alerte au prix de sa vie », écrit un de ses confrères wuhanais sur le réseau en ligne Weibo.
« Que tous ces fonctionnaires qui s’engraissent avec l’argent public périssent sous la neige », s’emportait un internaute, dans un commentaire promptement effacé par la censure.
Le docteur Li, âgé de seulement 34 ans, est mort à l’Hôpital central de la ville coupée du monde depuis le 23 janvier avec ses 11 millions d’habitants. Cet ophtalmologue a contracté la maladie en soignant un patient.
L’appareil du régime dans la stupeur
Son décès illustre la situation chaotique des hôpitaux de Wuhan, débordés par l’afflux de malades. Un haut responsable provincial a admis jeudi que le personnel médical était dépassé et manquait d’équipements de protection pour se prémunir du virus.
La mort du médecin a semblé plonger l’appareil du régime dans la stupeur.
Des médias publics comme la télévision nationale CCTV et le quotidien Global Times avaient dans un premier temps annoncé son décès dès jeudi soir, avant de retirer cette information des réseaux sociaux.
L’OMS a exprimé sa tristesse
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait même réagi, sans attendre la confirmation de l’hôpital, en exprimant sa tristesse.
Si la mairie de Wuhan a présenté ses condoléances à la famille du médecin, le gouvernement central n’avait pas réagi vendredi en milieu de journée.
Le président Xi Jinping, qui a pu apparaître relativement en retrait depuis le début de l’épidémie, a assuré de son côté à son homologue américain Donald Trump, par téléphone, que son pays était « entièrement capable » de vaincre le coronavirus.
Le président Xi Jinping rassure
Il a aussi appelé les Etats-Unis à réagir « raisonnablement » à la crise, alors que Washington interdit l’entrée de son territoire aux étrangers passés par la Chine, ont rapporté les médias publics.
M. Trump a « exprimé sa confiance quant à la force et à la résilience de la Chine », selon la Maison Blanche.
De nombreux pays du monde ont multiplié les restrictions à l’entrée des personnes en provenance de Chine et déconseillé les voyages dans ce pays.
14422 contaminés par le #coronavirus c’est presque 3000 de plus qu’hier et j’ai toujours pas entendu les médias parler du labo P4 situé à côté de Wuhan avec ses souches de vaccins les +dangereux au monde… pic.twitter.com/AAAPQc2Uj0
— patricia chaibriant (@PChaibriant) February 2, 2020
Un avion canadien rapatrie 180 de ses ressortissants
D’autres poursuivaient l’évacuation de leurs citoyens de Wuhan. Le Canada devait ainsi accueillir dans la journée un avion rapatriant près de 180 de ses ressortissants. Ce pays, en délicatesse avec Pékin depuis plus d’un an, est l’un des derniers occidentaux à évacuer ainsi ses ressortissants.
Situation angoissante: des milliers de voyageurs et de membres d’équipage sont consignés sur deux navires de croisière en Asie.
Le Diamond Princess 61 cas à bord
Au large du Japon, le Diamond Princess est maintenu en quarantaine après la confirmation de 61 cas à bord. Quelque 3.700 personnes y sont cloîtrées dans leur cabine.
A Hong Kong, quelque 3.600 personnes subissent un sort similaire sur le World Dream, dont trois anciens passagers ont été testés positifs.
Et selon un communiqué des autorités japonaises, un autre paquebot, le Westerdam, est en route vers le Japon avec au moins un cas confirmé à bord.
Au cours des dernières 24 heures, le bilan de l’épidémie s’est alourdi de décès en Chine continentale, et au Hubei.
L’économie chinoise plombée
L’économie chinoise pourrait être durablement plombée, car, dans de nombreuses provinces, la plupart des entreprises et des usines ne reprendront pas leurs activités avant le 10 février au mieux.
Le géant automobile nippon Toyota a annoncé vendredi un nouveau report d’une semaine de la reprise de la production de ses usines en Chine, désormais suspendue jusqu’au 16 février inclus.
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