ENTRETIEN – Frédéric Ferlicot publie régulièrement des vidéos consacrées à l’histoire et au patrimoine sur Youtube. Il anime également le compte Infos Cathos sur X. Dans un entretien accordé à Epoch Times, il revient sur la réouverture de la cathédrale de Notre-Dame de Paris en décembre, le projet contesté de changement des vitraux de la vieille dame et sa passion pour l’histoire de la Bretagne.
Epoch Times : Cinq ans après l’incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris, la cathédrale va rouvrir en décembre prochain. Une cérémonie est prévue. Pourriez-vous revenir en détails sur cette cérémonie à venir ?
Frédéric Ferlicot : Dans un premier temps, la réouverture de la cathédrale sera assurée par le président de la République et l’archevêque de Paris, Monseigneur Ulrich. Dès qu’ils vont rentrer, la cérémonie va pouvoir débuter avec ce qu’on appelle le réveil de l’orgue. Quelque chose de très ritualisé qui se déroulera dans un cadre liturgique bien précis.
Le lendemain, tous les évêques de France se réuniront pour la consécration du nouvel autel de la cathédrale. Ensuite, il y a le temps de la réouverture, c’est-à-dire qu’il y aura des messes solennelles et des événements dédiés à l’événement jusqu’à la Pentecôte.
Le Canard enchaîné avait révélé en mai dernier qu’Emmanuel Macron tenait à prononcer un discours dans l’enceinte de la Cathédrale. Ce qui n’avait pas été du goût de l’archevêque de Paris. Le Président ne devrait pas prononcer un discours à l’intérieur ?
Le discours du chef de l’État sera bel et bien prononcé à l’extérieur, sur le parvis. L’intérieur de la cathédrale est réservé au culte. Le président de la République peut évidemment y entrer, mais pas pour y faire un discours.
La vieille dame fait également parler d’elle au sujet de ses vitraux. L’an dernier, le chef de l’État avait lancé un projet visant à remplacer les vitraux intacts de l’architecte Eugène Viollet-le-Duc datant du XIXe siècle par des plus contemporains. Une pétition lancée par Didier Rykner, directeur de la rédaction de La Tribune de l’Art souhaitant la conservation des vitraux d’origine a déjà recueilli plus de 200.000 signatures. La Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA) a également émis en juillet un avis défavorable. Comment voyez-vous cette problématique ?
Ce projet de remplacement de six vitraux contrevient totalement à la charte de Venise de 1964 qui prévoit de maintenir dans leur état d’origine des œuvres, dans le cas de Notre-Dame, de ne pas remplacer ce qui n’a pas été touché par les flammes.
Ces vitraux n’ont absolument pas été touchés par l’incendie. Ils sont magnifiques. C’est un trésor que nous a légué l’histoire.
L’architecte Eugène Viollet-le-Duc, qui a sauvé Notre-Dame au XIXᵉ siècle, a voulu cet ensemble de vitraux de façon extrêmement cohérente. Il y a des vitraux historiés dans le chœur et des vitraux beaucoup plus décoratifs dans la nef. S’ils sont enlevés, l’œuvre de Viollet-le-Duc sera atrophiée. Mais ce n’est pas la première fois que son œuvre fait l’objet de critiques. L’architecte a retrouvé grâce auprès des spécialistes vers la fin du XXe siècle. De grandes expositions lui ont été consacrées depuis.
L’heure n’est vraiment pas à enlever son œuvre. Je suis vraiment très étonné par ce projet, d’autant plus que la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture s’y est opposée.
Les nouveaux vitraux qui ne seront pas installés avant 2026 auront pour thème la Pentecôte…
Ce serait évidemment intéressant d’avoir la Pentecôte représentée sur des vitraux, mais je pense que c’est un prétexte pour faire accepter le projet porté par le chef de l’État.
Et la Pentecôte est déjà évoquée dans d’autres lieux de la cathédrale, notamment dans des fresques de certaines chapelles.
Vous avez réalisé une série de vidéos sur la Bretagne sur votre chaîne Youtube. Que symbolise pour vous la Bretagne à travers la foi chrétienne ?
La Bretagne a été fondée par des familles et des groupes profondément chrétiens venus de Grande-Bretagne. Ils y ont apporté la foi. Il y avait déjà eu une première évangélisation à l’époque des Romains, mais le christianisme s’est vraiment enraciné avec l’arrivée de ces Celtes chrétiens entre les Ve et VIe siècles.
Vous comptez faire d’autres vidéos sur la Bretagne et quels sont vos futurs projets ?
J’en suis à ma huitième ! J’ai déjà raconté l’histoire des mégalithes, des Celtes, des Romains, des Bretons et de la monarchie bretonne au IXe siècle, avec le roi Nominoë et ses successeurs. Puis la période des invasions normandes qui ont vraiment dévasté la Bretagne. Je parle également de la continuité de cette monarchie avec les ducs de Bretagne. Ce sont des périodes qui sont souvent méconnues, même par les Bretons.
J’aimerais dans un premier temps, terminer ma série sur la Bretagne. Je compte m’arrêter en 1918. Au-delà, c’est trop contemporain. Ensuite, en 2025, je voudrais réaliser une nouvelle série consacrée cette fois à l’histoire de Paris.
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