« Soyez prudent! » Que n’a t-on entendu cette phrase pendant la pandémie de Covid? Les caissières, les serveurs, les amis au téléphone …, pour beaucoup de gens il était important d’envoyer une petite phrase de réconfort lorsque l’on se quittait. L’expression a disparu en même temps que le virus, mais il y a une phrase que des millions de personnes continuent de dire, car elles l’utilisaient déjà avant tout ce cirque des masques et la distanciation sociale : « Prenez soin de vous ». C’est une forme d’au revoir assez banale en somme. On la lance sans trop y penser, mais elle a le mérite de vanter les vertus de la précaution.
À bien des égards, « Prenez soin de vous » est devenu symptomatique de notre culture, car jamais auparavant nous n’avions manifesté une telle obsession pour les mesures de protection. Faites une recherche en ligne sur le fameux « principe de précaution » et vous verrez surgir des dizaines de plates-formes sur nos inquiétudes personnelles : la criminalité, les voyages, la santé et bien d’autres encore. Si vous cherchez « minimiser les prises de risque », vous verrez que beaucoup de gens sont d’accord pour dire que nous sommes devenus trop réticents au risque, qu’il s’agisse de nos finances ou de nos relations amoureuses.
Nos sociétés seraient-elles, d’une certaine manière, devenues accros à la ceinture de sécurité ? Sommes-nous devenus des gens qui passent leur temps à sonder le vent, à regarder avant de sauter, et si possible plutôt deux fois qu’une ?
La prudence figure en bonne place parmi nos vertus occidentales depuis plus de 2000 ans. Il s’agit là de la marque des sages. L’homme qui met de l’argent de côté pour les mauvais jours, la mère qui réprimande son enfant qui grimpe aux arbres, le conducteur vigilant, tous agissent avec prudence.
Mais le courage est une autre vertu de l’homme. Si nous avons peur de parler de politique entre amis, de crainte qu’ils ne nous désapprouvent, c’est que la prudence a pris le pas sur le courage. Si nous sommes jeunes, en bonne santé physique, et que nous portons encore un masque Covid pour aller à l’épicerie, c’est que nous avons succombé à une version malade de cette vertu qu’est la prudence.
Le mot prudence vient du latin prudentia, qui signifie sagacité et perspicacité. Le courage nous vient de cor, le mot latin pour cœur. Le premier est lié à l’esprit, le second à l’âme. Lorsque nous idolâtrons l’un, nous rabaissons l’autre.
Compte tenu de notre réticence à dire ce que nous pensons en public, de cette soi-disant épidémie de solitude qui sévit actuellement dans notre société, et de notre peur maladive du danger, réel ou imaginaire, il arrive que nous accordions trop d’importance à la prudence et que nous négligions le courage. Ce favoritisme n’est pas sans conséquence sur notre façon de vivre. Allons-nous commencer chaque nouvelle journée comme si nous étions sur le point d’ouvrir un paquet qui pourrait contenir une bombe, ou allons-nous savourer ce cadeau du présent avec la joie d’un enfant à Noël ? Avançons-nous dans le monde avec prudence, comme si le danger ou l’échec nous guettait à chaque coin de rue ? Ou bien portons-nous dans notre cœur un peu de l’esprit de l’aventurier et faisons-nous de cette précieuse journée une belle aventure ?
La prudence nous met en garde contre la sottise, mais elle ne devrait pas nous empêcher d’avoir soif de vivre. De temps à autre, la plupart d’entre nous cèdent à la peur ou à une prudence excessive, peut-être à juste titre. Mais que nous ayons 15 ou 65 ans, veillons à entretenir et à faire briller l’épée du jeu et du courage.
« De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace! », disait Danton. Toujours de l’audace. Toujours du courage. Peut-être qu’au lieu de dire « prenez soin de vous » lorsque nous disons au revoir à un employé du magasin ou à un ami, nous devrions dire « toujours de l’audace ». D’emblée, cette référence à la Révolution française nous confère non seulement un air de sophistication, mais elle nous plonge dans une atmosphère d’aventure.
« Prenez soin de vous » et « Toujours de l’audace ». Utilisez les deux. Vivez les deux. Comme toujours, l’essentiel est dans l’équilibre.
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