Vladimir Poutine pose ses conditions pour un cessez-le-feu immédiat

Par afp
14 juin 2024 15:45 Mis à jour: 14 juin 2024 15:51

Le Président russe Vladimir Poutine a de facto fixé vendredi la reddition de l’Ukraine comme condition pour des pourparlers, à la veille d’un sommet en Suisse consacré aux moyens d’arriver à la paix et dont la Russie est exclue. L’Ukraine et l’OTAN dénoncent des revendications qui se « heurtent au bon sens » et exemptes de « bonne foi ».

Le maître du Kremlin, dont l’armée a repris depuis des mois l’initiative sur le champ de bataille face à des forces ukrainiennes en manque d’hommes et de munitions, a réclamé que Kiev abandonne son ambition de rejoindre l’Otan et retire ses forces des régions de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia.

« Dès que Kiev (…) commencera le retrait effectif des troupes et qu’elle notifiera l’abandon de son projet d’adhésion à l’Otan, nous donnerons immédiatement, à la minute même, l’ordre de cesser le feu et d’entamer des négociations », a dit M. Poutine face aux cadres du ministère russe des Affaires étrangères. Et il a une fois encore martelé vouloir une Ukraine « neutre, non alignée, sans armes nucléaires, démilitarisée et dénazifiée ».

Ces revendications constituent de facto une demande de capitulation de l’Ukraine, dont l’objectif est de rétablir son intégrité territoriale et de maintenir sa souveraineté.

Si Moscou a l’initiative sur le front, l’armée russe, qui a subi des pertes considérables depuis deux ans, ne parvient pas à percer les lignes ukrainiennes et à prendre un avantage décisif sur l’Ukraine. Le Kremlin a proclamé dès septembre 2022 l’annexion de quatre régions de l’est et du sud de l’Ukraine, en plus de celle de la Crimée en 2014.

Vladimir Poutine a insisté vendredi sur le fait que l’Ukraine devait remettre à la Russie la totalité de ces territoires, alors même que Moscou ne les occupe que partiellement et que les combats y font toujours rage.

Le président russe a aussi dénigré le sommet pour la paix, dont la Russie a été exclue, prévu en Suisse les 15 et 16 juin à l’initiative de l’Ukraine. Kiev espère que les quelque 90 délégations présentes y aboutiront à un consensus pour accroître la pression sur la Russie et son isolement.

M. Poutine a balayé un « stratagème pour détourner l’attention de tout le monde » des vrais responsables du conflit à savoir, dans sa lecture, l’Ukraine et les Occidentaux.

« Une offense au droit international »

Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne, a martelé, lui, que les revendications russes se « heurtent au bon sens » et constituent « une offense au droit international ».

M. Poutine n’est « pas en position de dicter à l’Ukraine ce qu’elle doit faire pour parvenir à la paix. C’est exactement le genre de comportement que nous ne voulons pas voir », a déclaré vendredi à Bruxelles le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austinl devant la presse, à l’issue d’une réunion des ministres de la Défense de l’Otan.

« Ce n’est pas une proposition faite de bonne foi », a affirmé de son côté le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg à Bruxelles, après que Moscou a proposé à l’Ukraine de retirer ses troupes des régions revendiquées par la Russie et de renoncer à entrer dans l’Otan.

Vladimir Poutine a aussi dénoncé la décision jeudi du G7 de garantir un prêt de 50 milliards de dollars à l’Ukraine avec les futurs intérêts des actifs russes gelés depuis le début de l’offensive russe.

« Les pays occidentaux ont gelé une partie des actifs russes et des réserves en devises. Et désormais ils réfléchissent à une base juridique pour se les approprier définitivement », a-t-il déclaré, « même si on enjolive les choses, le vol ça reste du vol et ça ne restera pas impuni ».

Le Président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui jugé « juste que ce soit la Russie qui paye », mais a réclamé du G7 la confiscation pure et simple des 300 milliards d’euros d’actifs de la banque centrale de Russie gelés par les Occidentaux depuis deux ans, ce à quoi ils se refusent pour des raisons juridiques.

Enfin, le président russe a fait une révélation surprise sur les objectifs des premiers jours de son assaut, lui qui avait toujours affirmé que son offensive ne visait pas la conquête de territoires ukrainiens.

Vendredi, il a indiqué que l’un des objectifs était de conquérir Marioupol, ville portuaire qui a subi un siège effroyable en 2022, et qu’un autre était de forcer l’Ukraine à lui octroyer un pont terrestre à travers le sud ukrainien pour relier la Russie à la Crimée annexée.

M. Poutine a ainsi dit qu’il n’avait « pas exclu » de laisser à Kiev souveraineté sur le sud du pays, « à condition toutefois que la Russie dispose d’un lien terrestre solide avec la Crimée ».

Il a raconté que cette revendication avait été signifiée le 5 mars 2022 à un hôte de marque qui proposait ses services de médiateur. Le président russe n’a pas révélé le nom de ce responsable, mais ce jour-là le Premier ministre israélien d’alors, Naftali Bennett, était au Kremlin.

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