Emmanuel Macron présente mardi soir ses vœux aux Français pour 2025 dans la traditionnelle allocution télévisée de la Saint-Sylvestre, dans l’espoir de tourner la page d’une année marquée par sa dissolution ratée de l’Assemblée nationale et la perte d’une grande part de son influence.
« Ce sont ses huitièmes vœux » depuis son arrivée à l’Élysée en 2017, mais « les premiers dans un rôle un peu différent », relève-t-on dans son entourage.
Rentré de quelques jours de repos au fort de Brégançon sur la Méditerranée, le président de la République va bien revenir sur les « difficultés géopolitiques ou de politique intérieure », à commencer par la dissolution de l’Assemblée nationale. Mais il devrait s’en tenir aux « grands enjeux », sans dicter de solutions comme il a pu le faire par le passé, ajoute-t-on.
« Davantage dans un rôle de garant »
« Auparavant, il était un président qui gouvernait », donnant l’impulsion aux politiques publiques qui occupaient une part importante de ce discours du Nouvel An, relève un conseiller. Cette année, il sera « davantage dans un rôle de garant » et de « président qui préside ».
C’est aussi la première fois que le chef de l’État s’exprime depuis qu’il a nommé le 13 décembre François Bayrou comme Premier ministre, dernier soubresaut d’une année politique scandée par les crises. Malgré l’arrivée à Matignon du centriste, son allié historique, Emmanuel Macron entend donc conserver une posture en retrait. Comme c’est le cas depuis que son camp a perdu les élections législatives anticipées de l’été à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale, ouvrant la plus grave crise politique de la Ve République.
« L’ombre de la dissolution va peser sur ces vœux », car le président « est vraiment cornerisé » et doit tenter de « redonner un élan » à son second quinquennat, dit à l’AFP Philippe Moreau Chevrolet, professeur en communication à Sciences Po. S’il a déjà esquissé un timide mea culpa début décembre, il va peut-être tenter d’ouvrir de nouvelles perspectives, pour éloigner la petite musique de certains de ses opposants qui jugent inéluctable sa démission avant la fin de son mandat, en 2027.
« Décision démocratique »
La présidente des députés du Rassemblement national, Marine Le Pen, avait dit mi-décembre se préparer à une présidentielle anticipée. Dans ses propres vœux, elle affirme mardi que 2025 sera « une année décisive », espérant un « dénouement heureux » à l’instabilité gouvernementale, qui passerait par une « décision démocratique ». De son côté, le nouveau Premier ministre a souhaité, à l’issue d’une visite à Mayotte dévastée par le cyclone Chido, une année de « réconciliation », d’« action » et de « stabilité » face aux « fractures » récentes.
Une gageure : faute de majorité dans une Assemblée nationale morcelée en trois blocs, son équipe s’appuie sur le même attelage fragile entre la macronie et le parti Les Républicains qui avait soutenu le précédent Premier ministre de droite Michel Barnier, finalement censuré trois mois après sa nomination. Le gouvernement Bayrou s’expose donc au même risque d’être renversé par les députés de gauche et du RN. Et ce, alors que le pays entame 2025 sans budget voté malgré des déficits alarmants.
Il y a un an, lors de ses vœux, le président de la République annonçait une année de « fiertés françaises », avec le 80e anniversaire du Débarquement allié en Normandie, les Jeux olympiques de Paris et la réouverture de Notre-Dame cinq ans après l’incendie. Autant de paris réussis. Mais il évoquait aussi une année de « réarmement de la Nation » pour faire face aux défis à venir. Et là, 2024 n’a pas tenu ses promesses.
Les crises et les déconvenues se sont enchaînées : fronde paysanne inédite qui lui a valu un passage houleux au Salon de l’agriculture, émeutes en Nouvelle Calédonie sur fond d’impasse institutionnelle que sa visite express dans l’archipel n’est pas parvenue à résoudre, coup d’arrêt à la réindustrialisation du pays et procès en mauvaise gestion des finances publiques. Et l’année se termine sur la désolation et la colère à Mayotte.
À l’international, la guerre se poursuit en Ukraine et à Gaza, même si M. Macron a remporté quelques succès diplomatiques, en contribuant à un cessez-le-feu au Liban entre Israël et le mouvement chiite Hezbollah, ou en réunissant à Paris son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky avec le Président élu des États-Unis Donald Trump.
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