«C’est ça la réalité, si vous ne voulez pas l’entendre, sortez d’ici !», Olivier Véran s’est emporté ce mardi soir devant les députés. Des oppositions très remontées, des députés LREM trop peu nombreux: l’examen du projet de loi clé sur la prolongation de l’état d’urgence sanitaire s’est enlisé, entre votes litigieux et suspensions de séance.
Ce projet de loi, discuté en nouvelle lecture, prévoit une prorogation de l’état d’urgence face à l’épidémie de coronavirus jusqu’au 16 février. Ce régime d’exception permet de limiter drastiquement les déplacements ou de confiner la population. Mais dès son article 1er, les ennuis ont commencé pour le gouvernement, qui avait déjà eu une journée compliquée par le cafouillage autour d’un éventuel couvre-feu en Ile-de-France.
Dans ce contexte le ministre de la Santé Olivier Véran est venu défendre le confinement décidé par le gouvernement: «À l’hôpital de Corbeil-Essonnes, dans le service de réanimation, j’ai rencontré des soignants qui étaient déjà présents lors de la première vague, qui ont tout donné au printemps dernier et qui étaient fiers d’avoir sauvé des vies. Ils m’ont raconté comment ils étaient passés de 40 à près de 80 lits de réanimation et de soins intensifs pour pouvoir sauver des malades».
Puis le ministre s’emporte devant l’opposition: « C’est ça la réalité mesdames et messieurs les députés, si vous ne voulez pas l’entendre sortez d’ici! C’est ça la réalité dans nos hôpitaux, vous êtes en train de débattre de sujets alors que nos soignants se battent pour sauver des vies dans ces hôpitaux », s’est alors emporté le ministre.
La majorité minoritaire au moment du vote de la prolongation de l’état d’urgence sanitaire
Les oppositions sont parvenues à faire voter une prolongation de l’urgence jusqu’au 14 décembre seulement. Suspensions de séance et chahut ont suivi. « La majorité est incapable d’être rassemblée sur un texte sur l’urgence à 21h00 », a fustigé Philippe Gosselin (LR) tandis qu’Emmanuelle Ménard, proche du RN, lançait aux LREM: « vous voulez les pleins pouvoirs mais vous n’assumez pas ».
Un nouveau vote compliqué s’est ensuivi: un amendement de Paul Molac (Libertés et territoires) a été adopté contre l’avis du gouvernement. Il prévoit que le confinement décrété par l’exécutif à partir du 30 octobre ne puisse être renouvelé au-delà du 30 novembre qu’après accord du Parlement.
Rapidement de retour au Palais Bourbon, le ministre de la Santé Olivier Véran a peu après demandé la « réserve des votes » sur les amendements et articles restants, ce qui remet les scrutins au moment où le gouvernement le choisira.
« Je ne voudrais surtout pas que nous ayons à présenter aux Français un texte tellement déstabilisé », a justifié le ministre. Le gouvernement a le moyen de revenir sur ces deux votes avant l’adoption définitive du projet de loi, qui est prévue vendredi mais pourrait être repoussée.
Il ne l’a pas annoncé à ce stade mais pourrait demander une nouvelle délibération sur les deux amendements, ou recourir à la procédure du vote bloqué, selon des députés interrogés par l’AFP.
« Le Covid ne vous donne pas le droit de piétiner la démocratie »
« Personne n’est dupe », a lancé la cheffe de file des députés PS Valérie Rabault, à l’annonce de la réserve des votes. « Le Covid ne vous donne pas le droit de piétiner la démocratie », s’est élevée Mathilde Panot (LFI).
Signe que ces trois mois supplémentaires d’état d’urgence passent difficilement: le Sénat, dominé par l’opposition de droite, avait lui limité vendredi dernier la prolongation au 31 janvier.
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