Au cœur de la forêt de Plailly (Oise), l’éleveuse Mireille Didier avait réussi à créer un havre de paix autour de ses chevaux. Mais en juillet, « l’inimaginable » s’est produit : l’un d’eux a été enlevé, mutilé puis tué, victime de la mystérieuse vague d’attaques en cours en France.
Si « on est capable d’avoir autant d’inhumanité, de cruauté, qu’est-ce qu’on est capable de faire ? » s’interroge encore, près de deux mois après les faits, cette gérante d’un petit élevage de trotteurs français, niché dans une commune rurale de l’Oise, entre Paris et Chantilly.
Sophrologue de formation, elle propose aussi de « l’équicoaching », une technique de développement personnel guidé par le cheval. Ses six chevaux vivent au pré, parce que « c’est ça la vie d’un cheval, c’est la liberté », souligne cette passionnée.
Mais un matin d’été, « il manquait un cheval dans le troupeau. Quand on connaît son mental, on sait très bien qu’un cheval ne s’éloigne pas » de ses congénères, explique Mme Didier, éleveuse depuis 2005.
Elle pense d’emblée à un vol, que son hongre de 15 ans est « parti dans un circuit de commercialisation, revendu par des maquignons peu scrupuleux » à un centre équestre.
Mais il n’en est rien. « Après plusieurs jours de recherches, on a fini par le retrouver mort, égorgé », avec « l’oreille coupée », à environ 20 minutes des écuries, confie Mme Didier.
Les conditions du décès de son trotteur à la robe « dorée », qui avait « plein de potentiel », la plongent dans « une grande tristesse ».
Face à ces actes, « vous ne pouvez pas concevoir l’inimaginable, ça dépasse l’entendement humain […] Quand vous êtes devant la réalité, c’est vraiment une vision terrible et vous ne pouvez pas l’accepter. C’est très douloureux, ça correspond à un traumatisme », assure-t-elle.
« Il n’y a pas de perte financière, vous perdez simplement un compagnon, un ami », insiste calmement l’éleveuse.
À l’époque des faits, quelques attaques isolées visant des équidés avaient déjà été recensées sur le territoire français, mais la gendarmerie lui demande de ne pas ébruiter l’affaire, se souvient l’éleveuse.
Psychose chez certains propriétaires
La multiplication des cas a depuis été largement relayée dans le public, notamment sur les réseaux sociaux, et suscite la psychose chez certains propriétaires et gérants d’établissements équestres.
Un total de 153 enquêtes ont été ouvertes dans plus de la moitié des départements français, dont « une trentaine de faits « particulièrement graves », a dénombré lundi le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
La gendarmerie a demandé aux propriétaires de lui signaler tout élément suspect, de faire des rondes et, si possible, d’investir dans des caméras de chasse capables de filmer une cible en mouvement. Mais surtout, elle leur a déconseillé d’intervenir seuls.
« Ce qui est arrivé à mon cheval est vraiment traité comme un crime, dès le départ. On a vraiment un animal qui a été torturé et mis à mort », souligne la propriétaire, qui se demande comment le sien a été transporté hors de l’écurie, s’il a été tranquillisé à l’aide d’un sédatif. « Il faut quand même s’y connaître », affirme-t-elle.
Comme dans les autres enquêtes du même type, tous les mobiles – rites, jeux macabres, haine des animaux – sont passés au crible, sans aucune certitude pour l’instant.
« On a affaire à des profils psychopathologiques », estime Mireille Didier, « on peut pas être un être raisonnable lorsqu’on fait ce genre d’actes de cruauté ».
Mardi, un suspect interpellé dans le Haut-Rhin dans le cadre d’une enquête sur un cas de mutilation a été mis hors de cause. Mais « ça va finir par bouger », veut croire Mireille Didier. En attendant, elle laisse dans la journée ses chevaux au pré mais, le soir venu, les rapproche de son domicile. Par précaution.
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