Wan Hui est né dans une famille Zhang à Wenxiang (aujourd’hui le canton de Lingbao, à l’ouest de la province du Henan) sous la dynastie des Tang. Sa mère avait prié la déesse de la Miséricorde pour un fils et donna finalement naissance à Wan Hui.
Mais Wan Hui était mentalement lent. Il ne commença à parler qu’à l’âge de 8 ou 9 ans. Ses parents ne l’aimaient pas et l’élevaient comme une bête.
Lorsqu’il fut grand, son père lui dit de labourer les champs, et il le fit. Il ne devait labourer que leur propre champ, mais il continua et continua en disant : « C’est facile ! » Il n’arrêta pas jusqu’à ce qu’il arrive à un grand trou. Son père le frappa, mais il lui répondit : « De toute façon, tout le monde doit labourer ses champs. Pourquoi se soucier des directions ? » Son père cessa de le frapper mais ne lui demanda plus jamais de labourer le champ.
Le frère de Wan Hui servait dans l’armée à la frontière du village d’Anxi, et ils n’eurent aucune nouvelle de lui depuis de nombreuses années. Ses parents pensaient qu’il était mort et en pleuraient jour et nuit.
Wan Hui a vu à quel point ses parents étaient tristes, et il savait pourquoi. Un jour, il s’agenouilla devant ses parents et dit : « Êtes-vous dans une telle tristesse parce que vous n’avez pas de nouvelles de mon frère ? » Ses parents furent surpris qu’il le sache. Ils lui dirent qu’ils étaient affligés. Wan Hui se leva et dit : « Pensez à tout ce dont mon frère pourrait avoir besoin : vêtements, chaussures, chapeaux, nourriture, etc. Préparez-le. Je vais le chercher. »
Ses parents se dépêchèrent à préparer les choses dont ils pensaient que leur fils pourrait avoir besoin, et Wan Hui partit pour la frontière le lendemain matin. Il revint le soir même et dit à ses parents : « Mon frère est vivant et très actif à la frontière. » Il sortit une lettre que son frère avait écrite, et bien sûr, c’était l’écriture du fils aîné.
Ses parents furent surpris. Il y avait plus de 10 000 li (5 000 km) de Wenxiang à Anxi, mais il n’avait fallu qu’une seule journée à Wan Hui pour faire un aller-retour. Ils cessèrent de le traiter d’idiot et l’appelèrent plutôt Wan Hui, ce qui signifie littéralement couvrir 10 000 li aller-retour.
Lorsque le moine Xuanzang (Tripitaka dans le roman classique Voyage en Occident) se rendit en Inde pour obtenir des écritures bouddhistes, il vit une inscription sur une niche dans un temple qui se lisait « Bodhisattva Wan Hui est relégué à Wenxiang pour atteindre l’éveil ». Il mémorisa ces mots. Au retour de l’Inde, il fit un voyage spécial à Wenxiang. Il demanda aux villageois : « Y a-t-il un moine éminent du nom de Wan Hui ? Pouvez-vous l’amener ici ? »
Wan Hui arriva, et Xuanzang lui donna une robe, un bol et une bouteille comme cadeaux. Lorsque l’impératrice Wu Zetian, qui gouverna la Chine de 684 à 705, en entendit parler, elle convoqua Wan Hui à la cour impériale et demanda ses conseils et prévisions sur de nombreuses questions. Les prophéties de Wan Hui étaient exactes.
Le fonctionnaire Zhang Yizhi était en train de rénover sa résidence à l’époque. Wan Hui désigna la maison et dit « Jiang zuo », ce qui signifiait « se transformer en ». Personne ne comprenait ce qu’il voulait dire. Mais peu de temps après, Zhang fut tué dans un coup d’État qui renversa Wu Zetian. Sa maison fut transformée en prison.
Wan Hui dit à l’impératrice Wei et à sa fille la princesse Anle à une occasion qu’elles seraient tuées par Sanlang (le troisième fils). L’impératrice Wei était l’impératrice de l’empereur Zhongzong de la dynastie Tang. De peur d’être détrônée, elle empoisonna l’empereur Zhongzong. Elle était avide de pouvoir et se souciait guère de la divination de Wan Hui. Elle fut finalement tuée par Li Longji, le troisième fils de l’empereur Ruizong, comme Wan Hui l’avait prédit. Li Longji hérita finalement du trône en tant qu’empereur Xuanzong.
Avant que l’empereur Ruizong ne monte sur le trône, il voyageait incognito. Chaque fois qu’il faisait ça, Wan Hui se tenait dans un endroit bondé et criait : « L’Empereur arrive ! » Ainsi, où qu’il se tenait, sans faute, Ruizong passait par là un jour ou deux plus tard. Et Wan Hui avait raison ; Ruizong monta finalement sur le trône.
Le prince héritier Huizhuang était le deuxième fils de Ruizong. Quand l’impératrice Wu Zetian demanda à Wan Hui de lui dire la bonne aventure, Wan Hui lui répondit : « Ce garçon s’est réincarné à partir d’un esprit de grand arbre dans les régions occidentales. Le garder profitera à son frère. » Ruizong engendra en effet un autre fils, Shen. Shen était bien bâti, il mangeait et buvait beaucoup.
Dans les années de Jinglong (707-710), Wan Hui entrait et sortait du palais, des résidences officielles et des maisons communes. Les gens riches, influents et ordinaires venaient lui demander conseil.
La princesse Taiping croyait aux capacités de Wan Hui et lui construisit une maison à côté de sa propre résidence. En l’an de Jingyun (710-711), Wan Hui est décédé dans cette maison. Avant son dernier souffle, il a envoyé quelqu’un chercher de l’eau de rivière dans sa ville natale. Ses disciples ne purent pas en trouver. Wan Hui dût faire remarquer explicitement que l’eau de rivière se trouvait juste avant la maison.
Tout le monde commença à creuser juste devant les marches, et tout d’un coup, l’eau de rivière sortit en jaillissant. Wan Hui prit un peu d’eau et décéda après ça. L’eau de ce puits a toujours un goût sucré aujourd’hui.
(Histoire tirée de Le Grand Recueil de l’ère de la Grande Paix)
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