Tous les pays du monde devraient réglementer WeChat, selon un expert, car cette application cherche intentionnellement à affaiblir les systèmes politiques et les sociétés civiles.
WeChat, également connu sous le nom de Weixin en Chine, est une application chinoise de messagerie instantanée, de réseau social et de paiement mobile développée par la société chinoise Tencent.
Seth Kaplan, docteur en philosophie, maître de conférences à l’université Johns Hopkins, et conseiller auprès d’organisations telles que la Banque mondiale, les Nations unies, le département d’État américain et l’OCDE, a déclaré devant une commission d’enquête parlementaire australienne sur l’ingérence étrangère via les réseaux sociaux que selon lui WeChat présentait davantage de risque encore que Tik Tok.
« Tout ce que nous craignons que TikTok ne devienne se passe déjà avec WeChat », a déclaré M. Kaplan.
« Les récits sont sous contrôle, les informations qui y figurent sont supervisées, les opinions dissidentes sont rendues moins visibles voire sont éliminées, il s’agit essentiellement d’une machine narrative [entre les mains] du PCC (Parti communiste chinois, ndlr) et de ce qu’il veut promouvoir, et de façon identique à ce qui se passe déjà en Chine. »
Il a expliqué à la commission que partout où WeChat existe, il y a contrôle, surveillance et une influence très forte sur la communauté de la diaspora chinoise, qui est rendue vulnérable aux faux récits et à la manipulation.
« WeChat a une forte influence sur tous les médias en langue chinoise de [nos] pays. Car n’importe quel journal, n’importe quel site web ou n’importe qui qui veut faire de la publicité [va sur WeChat] afin de toucher le plus grand nombre de personnes possibles, parce que WeChat est complètement omniprésent », a-t-il dit.
« Ils n’ont pas le choix que de faire de la publicité, et comme ils veulent que leurs informations et leurs news deviennent virales sur WeChat, puisque WeChat supervise l’information, gère les récits, cela va avoir un effet sur [le contenu d]es journaux, cela affecte les news et l’information en dehors de WeChat. »
Le fait que WeChat contrôle cet espace d’information a des conséquences importantes sur la place publique de langue chinoise, car toute personne qui dépend du mandarin est vulnérable, n’ayant aucun « libre accès à des points de vue ou des opinions différentes ».
« Ils sont en fait dans une bulle d’information. Ils sont vulnérables et je pense que cela a de grandes implications pour quiconque crée une association qui s’adresse à ces groupes », a-t-il ajouté.
La Chine utilise WeChat pour interférer dans la politique
Ce qui inquiète le plus M. Kaplan, c’est qu’il s’est rendu compte que le Parti communiste chinois utilisait cette application pour s’ingérer directement dans la vie politique des sociétés des pays.
Il a cité le cas à Toronto, au Canada, d’une campagne d’information politique sur WeChat qui a ciblé un candidat défendant des positions hostiles au PCC. Cette campagne a influé de façon significative sur les résultats de l’élection, le district dans lequel le candidat se présentait abritant une communauté chinoise importante.
Il a identifié des phénomènes similaires aux Etats-Unis dans des élections locales ou internes aux différents états du pays, ce type d’élection étant, selon lui, plus vulnérable aux ingérence que les élections fédérales.
« Par exemple, pour les projets de loi actuellement débattus sur les ventes de terres ou sur la technologie, WeChat supervise l’information [qui circule sur leur plateforme], contribue à mobiliser les locuteurs chinois et permet de chercher des alliés et partenaires parmi la société civile non-sinophone, et tout cela relève de l’ingérence directe dans la vie politique du pays. »
« Au lieu que votre démocratie soit un débat entre les personnes qui vivent dans le pays, il y a une voix qui s’y ajoute et qui joue un rôle important dans la conversation. Et cette voix est contrôlée par un gouvernement étranger qui n’a pas vos intérêts à cœur ».
Il fait remarquer que Tencent, la société propriétaire de WeChat, mène une politique de censure extensive, et déplatforme ou bloque les personnes qui n’exprime pas le point de vue du PCC.
« Si vous avez une voix qui va à l’encontre du discours dominant, vous êtes expulsé ou vous n’êtes plus autorisé à publier du contenu, même si vous êtes une personne d’origine chinoise qui est également une personnalité politique américaine », a-t-il déclaré.
« Ils ne seront pas en mesure d’utiliser la plateforme WeChat pour promouvoir des opinions qui sont contraires au PCC. La censure est donc très répandue et a de grandes implications pour tous ceux qui utilisent cette langue dans leur travail. »
La manipulation de WeChat est déjà à l’œuvre en Australie et aux États-Unis
Les propos de M. Kaplan rappellent la sitautaion de l’ancien premier ministre australien, Scott Morrison, qui n’a plus été autorisé à accéder à son compte WeChat avant les élections de 2022.
M. Morrison n’a jamais caché ses préoccupations à l’égard du régime communiste chinois et avait demandé l’ouverture d’une enquête internationale sur les origines du Covid-19. Selon le porte-parole de l’opposition chargé des affaires étrangères, James Paterson, WeChat n’a pas répondu aux requêtes du gouvernement qui souhaitait que l’accès à son compte lui soit restitué.
Entre-temps, aux États-Unis, WeChat a été accusé de déplatformer les commentateurs politiques qui ont des points de vue différents de ceux du PCC sur les questions nationales américaines.
Lydia Liu, qui gère le compte MoshangUS Telegram sur WeChat et qui compte 250.000 abonnés et des millions de vues par mois, a accusé l’entreprise chinoise d’étendre son contrôle aux États-Unis après que WeChat a supprimé ses messages à plusieurs reprises, car ceux-ci allaient à l’encontre de la position du PCC sur la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine ou sur la pandémie de Covid-19.
« WeChat est une application qui exclut les Américains de langue chinoise. Elle devrait être mise à l’amende et réglementée aux États-Unis. WeChat doit payer aux Américains d’origine chinoise des réparations pour cette #invasion malveillante de leur communauté et pour nous avoir asservis mentalement dans l’intérêt de la Chine, qui [est un pays qui] a des opinions très négatives sur les États-Unis », a déclaré Liu dans un message sur Twitter en octobre 2022.
Dans la récente interview de Liu avec Epoch Times, elle a déclaré : « Les Chinois doivent agir pour arrêter le bras long du Parti communiste chinois. »
Elle a décrit ce qu’elle a posté dans le groupe.
« Je n’ai même pas abordé les affaires de la Chine, je me préoccupe uniquement des événements qui se déroulent aux États-Unis, et j’ai fait très attention à éviter la censure de WeChat et à ne pas toucher à cette ligne rouge qui consiste à s’en prendre au PCC. La main du PCC nous touche depuis trop longtemps », a-t-elle déclaré.
WeChat affirme qu’il n’y a pas de risque
Cependant, WeChat, dans un document obtenu par la commission (pdf), a déclaré qu’il offrait une expérience d’utilisation sûre et sécurisée.
« La politique de WeChat est de s’assurer que les contenus et les comportements sur son application sont authentiques et nous supprimons les informations éronnées, la désinformation, la publicité mensongère et tout autre contenu qui pourrait être dangereux ou répréhensible (tel que les contenus violents, criminels, illégaux ou inappropriés). Pour ce faire, la société définit et applique des normes d’utilisation acceptables ».
En outre, elle affirme que sa politique d’utilisation acceptable interdit « spécifiquement et expressément » le contenu politique promotionnel lorsqu’une personne ou une entité a payé pour ce contenu ou que le contenu politique promotionnel en question n’est pas conforme aux lois ou réglementations applicables.
WeChat a besoin d’un processus de régulation renforcé
M Kaplan a recommandé à l’Australie d’adopter une approche progressive pour résoudre les problèmes liés à WeChat, afin de guider l’entreprise sur la manière dont elle doit opérer en Australie.
« Les sanctions pourraient être des amendes importantes », a-t-il déclaré.
« Et si ces règles ne sont pas respectées, admettons qu’il y ait eu trois occasions significatives où ils auraient pu suivre les règles, et que ces choses soient très surveillées , et que finalement ils décident de ne pas les suivre, alors nous n’aurions d’autre choix que d’interdire l’application ».
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