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WeChat surveille les utilisateurs d’outre-mer pour renforcer la censure en Chine, selon un rapport

mai 11, 2020 16:45, Last Updated: mai 11, 2020 16:45
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Les utilisateurs internationaux de l’application de messagerie chinoise WeChat pourraient aider la plateforme à renforcer son système de censure pour les utilisateurs résidant en Chine, selon le dernier rapport du Citizen Lab, l’organisme de surveillance numérique.

L’application, qui compte plus d’un milliard d’utilisateurs actifs par mois dans le monde, est connue pour censurer ses utilisateurs en Chine de manière à s’assurer que les contenus abordés correspondent aux sujets jugés acceptables par le Parti communiste chinois.

Toutefois, le rapport a constaté que les communications échangées entre les utilisateurs hors de Chine sont également surveillées pour permettre le perfectionnement de l’algorithme de censure de l’application pour ses utilisateurs résidant en Chine.

Les résultats ont révélé que les utilisateurs d’outre-mer font l’objet d’une « surveillance omniprésente des contenus, laquelle était auparavant considérée comme exclusivement réservée aux comptes enregistrés en Chine », a déclaré le Citizen Lab.

Environ 100 millions de personnes détiennent des comptes WeChat enregistrés en dehors de la Chine, selon la société munichoise Messenger People.

En Chine, l’application offre une multitude de services allant du chat, du shopping, du marketing, des opérations bancaires à la réservation de billets de cinéma et de taxis.

Alimenter un appareil de censure

Le rapport a révélé que WeChat va filtrer les images et les documents que les utilisateurs d’outre-mer partageront entre eux afin de constituer une base de données qu’il utilisera pour censurer ses utilisateurs basés en Chine.

Les chercheurs sont parvenus à ces résultats grâce à des expériences menées entre Janvier et Novembre 2019. Ils ont mis en place deux chats de groupe : l’un composé uniquement d’utilisateurs d’outre-mer, et l’autre composé d’utilisateurs d’outre-mer et d’un compte enregistré en Chine.

Ils ont découvert que lorsqu’ils envoyaient des images et des documents politiquement sensibles sur le chat comprenant uniquement des utilisateurs d’outre-mer, ces fichiers faisaient peu après l’objet d’une censure pour les utilisateurs enregistrés en Chine.

Un utilisateur disposant d’un compte en Chine (à gauche) tente d’envoyer une image politiquement sensible dans un groupe de discussion WeChat lors d’un test effectué par le Citizen Lab en janvier 2017. (Avec l’aimable autorisation de Citizen Lab)

WeChat conserve également les données des fichiers que les utilisateurs suppriment sur l’application et qui ne sont donc jamais parvenus à leur destinataire, ont constaté les chercheurs.

« Aucune des informations que WeChat met à la disposition des utilisateurs n’explique les raisons d’une telle surveillance », conclut le rapport, notant que les employés de WeChat chargés de la protection des données n’ont jamais pleinement répondu aux questions des chercheurs concernant le traitement des données effectué par la société.

Tencent, le géant technologique basé à Shenzhen qui possède l’application, a expliqué dans une déclaration ce vendredi que « en ce qui concerne les suggestions que nous faisons pour surveiller le contenu des utilisateurs internationaux, nous pouvons confirmer que tout le contenu partagé entre les utilisateurs internationaux de WeChat est privé ».

Bien qu’une analyse technique plus approfondie soit nécessaire pour déterminer si les mêmes signaux d’alerte sont utilisés par d’autres entreprises chinoises, il est « vraisemblable que d’autres plateformes utilisent un système de surveillance similaire », selon Jeffrey Knockel, un post-doctorant de l’institut qui a co-rédigé le rapport.

Il a laissé entendre que les régulateurs de la vie privée pourraient infliger des amendes aux entreprises qui induisent les utilisateurs en erreur. Au Canada, les résidents pourraient également se plaindre auprès des organismes fédéraux de réglementation de la vie privée qui pourraient « fournir des recommandations sans contrainte quant à la manière dont l’entreprise doit modifier ses services », a déclaré M. Knockel au journal Epoch Times.

Préoccupations concernant les applications chinoises

Le rapport s’ajoute à un ensemble de critiques de plus en plus nombreuses sur la censure et les pratiques de traitement des données appliquées par les plateformes chinoises de médias sociaux.

Dans un rapport publié au mois de mars, le Citizen Lab a découvert que WeChat en Chine avait activement censuré les discussions sur l’épidémie à partir du mois de janvier. Le laboratoire a identifié 516 combinaisons de mots-clés directement liés au virus sur une liste noire de WeChat, y compris des références au médecin dénonciateur Li Wenliang, qui est mort de la maladie.

Fin avril, les sénateurs Ted Cruz (Républicain-Texas) et Josh Hawley (Républicain-Missouri) ont présenté un projet de loi, intitulé « Lutter contre les tentatives d’espionnage chinoises » (Countering Chinese Attempts at Snooping), qui vise à interdire aux employés fédéraux d’utiliser des plates-formes technologiques soumises au contrôle du Parti communiste chinois. Tencent est l’une des entreprises chinoises figurant sur la liste.

« Des sociétés comme Tencent et Huawei mènent des opérations d’espionnage pour le Parti communiste chinois en se faisant passer pour des sociétés de télécommunications du XXIe siècle », a déclaré M. Cruz dans un communiqué de presse. Il a ajouté qu’empêcher les contribuables de participer à ces plates-formes est « une mesure de bon sens pour protéger la sécurité nationale américaine ».

Le représentant Jim Banks (Républicain-Indiana) a récemment présenté une résolution pour dénoncer les menaces à la sécurité nationale que représente l’application chinoise de partage de vidéos TikTok, en affirmant que « les Américains devraient savoir quelle application est la bonne avant d’appuyer sur le bouton de téléchargement ». L’armée américaine a interdit à son personnel d’utiliser l’application mobile sur les téléphones fournis par le gouvernement en janvier.

Zoom, qui a explosé en popularité comme outil de conférence pratique alors que des millions d’Américains travaillent depuis leur domicile, a également attiré l’attention sur les questions de vie privée et de sécurité au cours des dernières semaines. L’entreprise est basée aux États-Unis, mais possède trois compagnies en Chine qui développent ses logiciels.

Le 3 avril, un groupe de 19 législateurs de la Chambre a signé une lettre exprimant ses inquiétudes quant aux pratiques de collecte de données de l’entreprise. Zoom fait également face à une action collective intentée par son actionnaire pour avoir surestimé ses normes de protection de la vie privée et pour avoir caché son manque de cryptage de bout en bout.

Au cours de multiples tests effectués en Amérique du Nord pendant le mois d’avril, les chercheurs du Citizen Lab ont également observé que l’application envoyait des données vers des serveurs installés à Pékin, ce qui a fait naître des inquiétudes quant à la sécurité de ces données, qui pouvaient tomber entre les mains de certains cyber-attaquants travaillant pour le régime chinois, indique le rapport. L’entreprise a cependant précisé que les données avaient été acheminées par erreur à travers la Chine.

« Pékin pourrait théoriquement exiger les clés de cryptage de ces appels pour les faire décoder par les autorités chinoises, ce qui leur permettrait d’accéder pleinement au contenu de ces communications et d’écouter les conversations prétendument privées », a déclaré Attila Tomaschek, expert en protection des données chez ProPrivacy, dans un récent entretien accordé à Epoch Times.

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