Wintzenheim : un an après l’incendie d’un gîte accueillant des personnes handicapées, les familles entre le deuil et la colère

Par Epoch Times
9 août 2024 16:42 Mis à jour: 9 août 2024 16:45

Les familles des victimes de l’incendie du gîte de vacances à Wintzenheim (Haut-Rhin), où 11 personnes ont péri il y a un an, ont laissé percer leur amertume vendredi lors du premier anniversaire du drame.

« On est en colère », a éclaté Sandra, soeur de Jérome Watremetz, décédé lors de l’incendie à l’âge de 38 ans. « On ne laisse pas des handicapés sans surveillance dans de telles circonstances », a-t-elle déclaré à l’AFP à l’issue d’une cérémonie commémorative sur les lieux de la catastrophe. Trois familles sur 11 ont accepté de commémorer sur place l’anniversaire de l’incendie. « On ne pouvait pas ne pas venir », a affirmé la sœur endeuillée, accompagnée de trois proches, venus de Nancy, à plus de deux heures de route.

Le 9 août 2023, un violent incendie ravageait ce gîte alsacien, où était organisé un séjour pour des adultes handicapés. Très rapidement, la mairie indiquait que le bâtiment, une ancienne grange rénovée, n’était ni déclaré, ni conforme aux normes. Le bilan de 11 morts, 10 personnes en situation de handicap et un accompagnateur, était le plus lourd enregistré en France dans un incendie depuis celui d’un bar à Rouen en 2016.

Vingt-huit personnes se trouvaient sur place lorsque le feu s’est déclenché à l’aube. Celles qui logeaient au rez-de-chaussée ont pu s’échapper mais la plupart des pensionnaires hébergés à l’étage sont morts.

« Je ne peux pas, c’est trop difficile »

Pour la mère de Thibaud Roth, l’accompagnateur de 33 ans qui avait donné l’alerte lors du drame et mort asphyxié, se rendre à la commémoration n’était pas envisageable. « Je sais que j’irai un jour voir ce site mais je ne peux pas, c’est trop difficile », a-t-elle déclaré à des journalistes avant la commémoration. « C’est au-dessus de mes forces pour le moment. Mais je sais que j’irai un jour. Parce que c’est comme s’il était resté là-bas », a confié cette enseignante d’histoire-géographie de 61 ans.

L’incendie avait engendré une émotion nationale sur la sécurité des séjours adaptés aux personnes handicapées, lorsqu’il était apparu que le gîte n’était pas conforme aux normes.

L’enquête, pilotée par le pôle des accidents collectifs, sera chargée de « déterminer les causes précises de l’incendie et les éventuelles responsabilités pénales ». (Photo SEBASTIEN BOZON/AFP via Getty Images)

Sarah et Candy, les sœurs de Jimmy Michel décédé à 33 ans, partagent la colère de Sandra. « Si les contrôles avaient été correctement faits, il serait encore là. Comment ont-ils pu laisser un endroit pareil sans sécurité ? », questionne l’aînée Sarah.

« Je ne comprends pas, je ne comprends sincèrement pas comment ça a pu arriver, ça n’aurait jamais dû se produire », regrette-t-elle.

La colère des familles présentes se porte contre la propriétaire du gîte, mais elles regrettent aussi que les noms des défunts n’aient pas été gravés sur la stèle inaugurée devant le gîte. « À la mémoire des victimes de l’incendie survenu à La Forge le 9 août 2023 », peut-on simplement lire sur la pierre en grès rose des Vosges.

« En inaugurant ce monument, nous nous engageons à (…) mettre tout en oeuvre pour éviter qu’une ligne de plus vienne à être gravée sur le livre des victimes » a déclaré le maire de Wintzenheim, Serge Nicole.

« Homicide involontaire »

La gérante du gîte a été mise en examen en octobre dernier pour « homicide involontaire » et placée sous contrôle judiciaire par le pôle des accidents collectifs du parquet de Paris.

Il lui est reproché d’avoir exploité « un établissement recevant du public sans autorisation » et de ne pas avoir déclaré « la destination du bâtiment ni la capacité d’accueil du public lors du dépôt des permis de construire ou déclarations de travaux auprès de la mairie ».

Sollicité par l’AFP, le parquet a indiqué que l’information judiciaire était toujours en cours et qu’il n’y avait pas de nouvelle mise en examen.

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