Contrairement aux démocraties occidentales, au sein du régime chinois, ce sont les personnes et non les institutions qui jouent un rôle primordial. Suivant la tradition de Mao Tse-Toung et Deng Xiaoping, Jiang Zemin, au pouvoir en Chine de 1989 à 2004, a gardé une forte emprise sur les affaires du régime en dépit d’avoir renoncé à toutes ses positions officielles. Un grand nombre de fonctionnaires chinois soutiennent encore Jiang, parce qu’il leur a permis d’être promus et de s’enrichir grâce à la généralisation de la corruption au sein du régime. Afin de pouvoir réellement s’affirmer, Xi Jinping devra éliminer le réseau politique de Jiang pour finalement se débarrasser de ce dernier.
Démantèlement méthodique
Plus tôt cette année, les enquêteurs anti-corruption du Parti ont « balayé » Shanghai, depuis longtemps le repaire de Jiang. En outre, les déplacements de Jiang et de ses deux fils sont actuellement restreints, d’après des sources « extrêmement fiables » de l’avocat des droits de l’homme Zheng Enchong. D’après certains observateurs, Xi Jinping démantèle le réseau de Jiang d’une manière régulière et méthodique, car cela lui permettra de se débarrasser de Jiang « sans bouleverser le pays ».
« Avant que d’en venir à un combat définitif, il faut que vous l’ayez prévu, et que vous y soyez préparé depuis longtemps », indiquait Sun Tzu dans L’Art de la guerre. Jusqu’à présent, Xi tâtait le terrain et jouait sur le mode offensif avec Jiang Zemin. Poursuivant sa campagne anti-corruption – surnommée chasse aux « tigres » et aux « mouches », l’actuel Premier secrétaire a d’ores et déjà mis hors-jeu des hauts fonctionnaires à la retraite qui restaient alliés à Jiang, ainsi qu’un grand nombre de leurs collaborateurs du niveau inférieur. Toutefois, évincer les hauts fonctionnaires qui restaient toujours en service semblait être une toute autre question – jusqu’à tout récemment.
Réaffectation des fidèles de Jiang
Zhang Chuxian, secrétaire du Parti dans le Xinjiang, pourrait être un exemple au sort promis à ces hauts fonctionnaires. Lors de l’accession au pouvoir de Xi Jinping, certains officiels ne se sont pas mêlés aux applaudissements. C’était le cas pour Zhang Chunxian, qui déclarait alors aux journalistes : « On en parlera plus tard ». Cette déclaration suivait l’apparition d’une mystérieuse lettre contestatrice appelant Xi à démissionner sur un site d’information du Xinjiang.
L’agence officielle Xinhua a récemment annoncé que Zhang avait été « réaffecté », sans révéler le nouveau poste de l’ancien patron du Xinjiang. Deux journaux étrangers en langue chinoise – Ming Pao Daily de Hong Kong et Lianhe Zaobao de Singapour – ont rapporté que Zhang servira en tant que responsable adjoint d’un organe de décision politique secret qui supervise l’idéologie du PCC à Pékin. Un peu plus tôt cette année, trois secrétaires provinciaux du Parti liés à Jiang Zemin ont été relevés de leur pouvoir éxecutif en province et ont été réaffectés à des postes fantoches dans la législature du régime basée à Pékin.
Si ces informations sont justes, la réaffectation de Zhang pourrait être comparée à un gouverneur de l’Alaska que l’on transférerait soudainement à un poste dans un groupe d’experts à Washington.
Que va-t-il advenir de ces fonctionnaires ? D’après certains experts, toutes ces réaffectations ne présagent rien de bon pour les intéressés. « Zhang Chunxian est en danger », a expliqué Li Tianxiao, chroniqueur politique de l’édition chinoise d’Epoch Times, ajoutant : « Il sera en fait gardé au frais à Pékin et sera probablement restreint dans ses actions alors que les enquêteurs s’occuperont de son dossier ».
Dénonciation publique de Jiang Zemin en 2017 ?
Le sort de Wang Jianping, général de l’Armée populaire de libération, pourrait être éclairant. En 2014, ce fidèle collaborateur des meilleurs alliés de Jiang Zemin a été soudainement déplacé de la police paramilitaire où il avait bâti sa carrière au Département d’État-major interarmées à Pékin. Finalement, Wang, sa femme et ses hommes de main ont été récemment arrêtés.
En plus de renforcer son contrôle sur les fonctionnaires déchus de leurs postes, Xi Jinping a remplacé ces derniers par ses propres fidèles ; une stratégie qui pourrait porter ses fruits s’il devait directement s’en prendre à Jiang en 2017. En effet, l’année prochaine se jouera le XIXe Congrès national du PCC ; une importante réunion ayant lieu tout les cinq ans pour renouveller les plus hauts échelons du pouvoir, et lors de laquelle les fonctionnaires de provinces apporteront leurs votes aux décisions du Politburo, organe principal de décision.
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