Xi Jinping met à l’écart ses rivaux

31 juillet 2017 16:33 Mis à jour: 5 août 2017 13:49

Jusqu’à mi-2017, rien ne semblait assombrir l’avenir radieux de Sun Zhengcai, haut fonctionnaire du Parti communiste chinois (PCC).

Sun était à la tête de l’important centre commercial et industriel de Chongqing dans le sud-ouest de la Chine. À l’âge de 53 ans, il était également l’un des plus jeunes membres de l’élitaire Politburo et était considéré par les observateurs comme successeur potentiel de Xi Jinping au poste du leader suprême de la Chine.

Mais le 15 juillet dernier, les médias officiels chinois ont annoncé que Sun avait été démis de ses fonctions, alors que Chen Min’er a été présenté au journal télévisé comme le nouveau patron de Chongqing devant les responsables de cette mégapole. Les médias chinois et occidentaux ont rapporté que Sun avait été convoqué pour un interrogatoire à Pékin.

Le 24 juillet, Sun a été officiellement placé sous enquête pour « des violations graves à la discipline », une formule d’usage pour signifier la corruption dans le jargon sous le régime de Xi Jinping.

Le limogeage précipité de Sun, seulement quatre mois avant le 19e Congrès du Parti communiste chinois (PCC) prévu cet automne, est la dernière démonstration de la grandissante concentration du pouvoir de Xi Jinping, une allusion à ses ambitions politiques et un signe de sa détermination à déraciner l’opposition interne à sa direction.

En fin de compte, il semble que Xi Jinping a privé la faction politique rivale – dirigée par l’ancien chef du Parti Jiang Zemin – de son candidat privilégié à la succession du parti dirigeant de la Chine, et cela tout en consolidant son propre pouvoir.

« Successeur » compromis

Depuis l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir fin 2012, sa propre direction et la faction menée par Jiang Zemin se sont livré une guerre politique. Deux fidèles lieutenants de Jiang – Bo Xilai, ancien patron de Chongqing et Zhou Yongkang, ancien chef de la sécurité – avaient comploté un coup d’État pour remplacer Xi au pouvoir. Ce dernier en a fait par ailleurs une allusion dans plusieurs discours publics. Puisque le coup d’État avait échoué, Xi a soumis des nombreux membres de faction de Jiang à une purge dans le cadre d’une vaste campagne anti-corruption.

La biographie de Sun révèle qu’il soutenait autrefois deux alliés de Jiang : Jia Qinglin, ancien membre du Comité permanent du Politburo et Liu Qi, ex-maire de Pékin. Sun a ensuite été nommé secrétaire du Parti de la province du Jilin et de la ville de Chongqing, deux régions où la faction de Jiang est particulièrement influente.

Le chemin parcouru par Sun donne une certaine crédibilité à l’analyse de Creaders.net, site d’information en langue chinoise basé à Vancouver, qui affirme que Sun connaissait personnellement Jiang et était destiné à continuer à représenter les intérêts de sa faction au sommet du pouvoir.

Les liens de Sun avec Jiang pourraient expliquer pourquoi les sources internes au sein du régime chinois mentionnent « l’indiscrétion politique » comme motif de sa mise à l’écart. Par exemple, une source a confié à Reuters que Sun avait fait l’objet d’une enquête pour « violation à la discipline politique ». Une autre source révèle que lors de la réunion annonçant la nomination de Chen Min’er en tant que nouveau chef de Chongqing, les responsables de cette mégapole avaient été informés que Sun avait commis des « erreurs politiques ». Ces informations ont été confiées à Reuters sous condition d’anonymat.

Une autre preuve de l’allégeance de Sun à Jiang pourrait être la critique en février dernier de l’administration de Sun à Chongqing par l’agence de la lutte anti-corruption. Selon les enquêteurs anti-corruption, l’administration de Sun n’avait pas supprimé les « résidus du poison » de Bo Xilai et de son acolyte Wang Lijun, et n’avait pas réussi à réduire la corruption dans les entreprises et la bureaucratie locale.

Bien qu’il ne soit pas clair que Sun soit un membre ou un associé de la faction de Jiang, sa carrière politique s’est terminée après l’annonce de l’enquête dont il faisait l’objet le 24 juillet dernier.

De son côté, Xi Jinping semble avoir renforcé sa position politique en gardant ou en promouvant ses propres alliés.

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Après la mise hors-jeu de Sun, le seul autre candidat possible pour le poste de futur dirigent chinois est Hu Chunhua, secrétaire du Parti au Guangdong. La position politique de Hu semble sûre pour le moment, car il est protégé par l’ancien dirigeant chinois Hu Jintao – ce dernier semble avoir conclu une alliance tacite avec Xi pour lutter contre le groupe de Jiang.

Toutefois, Chen Min’er, nouveau chef de Chongqing, a travaillé avec Xi de 2002 à 2007, lorsque Xi était secrétaire du Parti de la province du Zhejiang. La promotion de Chen permettrait également à Xi de remplir le Politburo de 25 membres avec ses propres alliés lors du 19e Congrès du PCC, car les chefs de Chongqing sont habituellement élus dans le Politburo.

Les ambitions politiques de Xi

À l’approche et après le licenciement de Sun, les médias chinois ont commencé à se référer à Xi en tant que « commandant en chef » et « leader suprême » du régime chinois. Xi bénéficie déjà du titre du « leader central », un titre symbolique signifiant que Xi, en théorie, est le premier parmi les égaux.

Si, par la suite, Sun fait directement l’objet d’une enquête pour corruption, cela signifiera que la campagne anti-corruption de Xi est passée à un niveau supérieur. Car Sun était membre actif du Politburo au moment de sa mise à l’écart. Depuis 1990, seuls quatre membres ont été expulsés de ce puissant organe élitaire.

Le fait que Xi soit allé jusqu’à l’arrestation de Sun montre également qu’il se sent capable de résister à une possible réaction négative.

Entouré d’alliés et ayant un rival et prétendant potentiel en moins, Xi semble ouvrir la voie à sa nomination, en 2022, au troisième terme en tant que dirigeant chinois.

Une source proche de Zhongnanhai, quartier général du PCC, a confié à Epoch Times que l’éviction de Sun ne permet pas seulement à Xi de manifester son pouvoir à ses rivaux, mais fait partie d’une restructuration du pouvoir plus large au sein du Parti communiste chinois.

Version anglaise : Why Xi Jinping Removed a Potential Candidate for the Party Leadership

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