Xi Jinping met les réformes en sourdine et focalise sur le marxisme

Par LEO TIMM
23 décembre 2018 21:16 Mis à jour: 24 décembre 2018 15:49

À l’occasion du 40e anniversaire de l’ouverture des réformes économiques qui ont marqué le début de l’essor de la Chine en tant que puissance moderne, le dirigeant chinois Xi Jinping a prononcé un discours mettant l’accent sur le rôle du marxisme et des « valeurs fondamentales socialistes », un retour en arrière important  après ses premières annonces qui ouvraient la voie à des réformes poussées.

Le 18 décembre, parlant pendant près d’une heure et demie dans la Grande Salle du Peuple à Beijing, Xi Jinping a multiplié les références vagues mais insistantes au marxisme et au « socialisme à caractéristiques chinoises ».

Ce discours a été prononcé pour marquer le 40e anniversaire du début de la «réforme et de l’ouverture» du parti communiste chinois (PCC) en 1978. Au cours des décennies qui ont suivi, l’économie chinoise a connu un développement considérable, jusqu’à devenir la deuxième plus grande au monde après les États-Unis. Le parti n’a toutefois pas renoncé à sa politique de répression politique, ni à ses violations systématiques des droits de l’homme.

Les remarques de Xi Jinping selon lesquelles  « il ne faut absolument pas réformer ce qui ne peut pas et ne doit pas être changé » ont largement fait supposer que les grandes réformes structurelles attendues – celles qui aligneraient les pratiques économiques de la Chine avec celles de la plupart des autres pays développés – ne sont pas à attendre sous sa présidence.

Xi a déclaré que le régime chinois devait « suivre les dirigeants du parti communiste chinois », « défendre le marxisme » et « mettre l’accent sur le socialisme aux caractéristiques chinoises ».

« Il n’y a pas de grand maître qui puisse donner de leçons au peuple chinois », a déclaré Xi, dans une apparente référence aux États-Unis.

Annulation des promesse, ou stratégie de communication communiste?

Le discours de Xi est étrangement positionné à la lumière de son comportement récent dans la relation sino-américaine. Son emphase persistante sur le marxisme et le socialisme est conforme aux déclarations des précédents dirigeants du parti, qui ont tous tenté de réconcilier les aspects capitalistes de l’économie et de la société chinoise contemporaines avec l’idéologie communiste du PCC.

Il y a quinze jours, Xi a rencontré le président américain Donald Trump en marge du sommet du G20 en Argentine. Là-bas, les deux dirigeants ont eu une série de négociations constructive qui ont amené Trump à accéder à un « cessez-le-feu » de 90 jours dans la guerre commerciale sino-américaine en cours.

Dès le printemps dernier, Washington a imposé des droits de douane élevés taxant de plusieurs centaines de milliards de dollars les exportations chinoises, en réponse aux violations généralisées et des règles commerciales par le régime chinois. Les exemples incluent l’interventionnisme étatique, la stratégie de dumping et le vol systématique et organisé de propriété intellectuelle étrangères.

Les tarifs douaniers, combinés à d’autres mesures américaines visant à freiner les pratiques économiques indésirables de la Chine, auxquelles se sont ajoutées les propres difficultés domestiques de Pékin, ont eu des conséquences néfastes sur les citoyens et les entreprises chinoises. Le régime s’efforce de répondre à la demande de denrées alimentaires de base et de maintenir le taux de chômage, alors que des milliers d’entreprises ont déjà fait faillite.

En Argentine, Xi Jinping semblait prêt à prendre des mesures d’adaptation. Selon les responsables américains présents à la réunion, Xi a apporté des réponses concrètes aux demandes du gouvernement américain, dans des discussions que Trump a saluées comme le prélude potentiel à un « véritable accord » avec la Chine.

L’atmosphère de la réunion Trump-Xi contrastait avec l’attitude affichée du régime chinois tout au long de la guerre commerciale: Pékin a toujours réfuté les accusations de l’administration Trump, accusant les États-Unis de tenter injustement de contenir la montée de l’économie chinoise.

Comme cela a été observé lors du sommet de Xi-Trump, les objectifs déclarés du dirigeant chinois s’éloignent parfois des normes conventionnelles du PCC. Il s’est présenté comme un ardent réformateur et même un partisan d’une gouvernance constitutionnelle, cette dernière constituant en quelque sorte un troisième pilier dans un système où le parti communiste est aujourd’hui au-dessus des lois. Peu après son entrée en fonction, Xi a fait du 4 décembre le Jour de la Constitution en Chine. Pour l’occasion, cette année, 100 000 avocats à travers le pays ont été mobilisés pour prêter serment de fidélité envers le document.

Dans le même temps, depuis son arrivée au pouvoir en tant que secrétaire général du PCC en 2013, Xi Jinping a régulièrement donné des gages à l’idéologie marxiste du parti, ainsi qu’aux ‘valeurs fondamentales socialistes. » Une telle rhétorique accompagne ses répressions contre les factions rivales au sein du régime, ainsi que ses efforts pour consolider son autorité, son prestige,  ainsi que la force du gouvernement central.

La gouvernance du PCC durant les décennies qui ont précédé la direction par Xi Jinping a été caractérisée par une «direction collective». Dans ce cadre, de puissants responsables du Parti se sont faits vassaux de dirigeants à la retraite comme l’ancien chef du Parti Jiang Zemin, qui ont ainsi pu garder une place pour eux-mêmes et pour leurs partisans.

Les cadres dirigeants du PCC ont servi de caisse de résonance au récent discours de Xi Jinping, lui donnant force de loi.

Lors d’une conférence de presse tenue quelques heures après le discours, un journaliste a interrogé la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, au sujet des déclarations du conseiller économique de Trump, Peter Navarro.

Navarro a récemment déclaré que les négociations commerciales américaines ne visent pas simplement à accroître les importations américaines en Chine, mais surtout à encourager Pékin à mener des réformes structurelles. Hua a répondu: « Je voudrais suggérer à M. Navarro et aux autres responsables qui partagent ses opinions de lire attentivement le discours important du Secrétaire général Xi Jinping, prononcé à l’occasion du 40e anniversaire de la cérémonie de ‘réforme et ouverture’ de ce matin. »

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.