Le 20 avril, Xi Jinping, dirigeant chinois et chef de son parti communiste, a prononcé un discours virtuel à la conférence 2021 du Forum de Bo’ao pour l’Asie. Il a mis l’accent sur l’expansion du communisme et la promotion de l’initiative chinoise « Belt and Road Initiative – BRI » (initiative Ceinture et Route), souvent appelée « la nouvelle route de la soie ».
Au début de son discours, Xi Jinping a souligné que le forum annuel de Bo’ao se tenait dans un « contexte très spécial » et que son thème était « Le monde en mutation : se donner la main pour renforcer la gouvernance mondiale et avancer la coopération dans le cadre de la BRI » qui « est la plus opportune et la plus pertinente [initiative] dans les circonstances actuelles ».
Environ un tiers du discours de Xi Jinping a porté sur la BRI. Il l’a décrite comme une « route publique ouverte à tous, et non un chemin privé » et a insisté qu’elle « poursuit le développement, vise des avantages mutuels et transmet un message d’espoir », ajoutant que « tous les pays intéressés sont les bienvenus à s’y joindre ».
L’origine et la nature de la BRI
La BRI a été initiée par Xi Jinping lors de ses visites en Asie centrale et du Sud-Est en septembre et octobre 2013. En novembre de la même année, la troisième session plénière du 18e Comité central du Parti communiste chinois a élevé la BRI au rang de stratégie nationale.
Ce titanesque programme d’investissement de plusieurs milliers de milliards de dollars dans l’infrastructure prévoit la création d’une immense « ceinture » terrestre par rail et route en Asie et en Europe, doublée d’une « route » maritime, permettant à la Chine de se relier aux marchés d’Asie-Pacifique, d’Europe, d’Afrique et d’Amérique latine, voire au-delà. Il inclut la construction de routes, ports, lignes de chemin de fer, parcs industriels et réseaux d’énergie et de télécommunications dans le but de renforcer l’influence géopolitique de la Chine dans le monde entier. Il s’agit du plus grand projet d’investissement de l’histoire.
La « Ceinture » fait référence à « Silk Road Economic Belt » (Ceinture économique de la route de la soie), qui se compose de trois voies terrestres : la première allant de la Chine à l’Europe et à la mer Baltique en passant par l’Asie centrale et la Russie ; la deuxième du nord-ouest de la Chine au golfe Persique et à la Méditerranée en passant par l’Asie centrale et occidentale ; et la troisième du sud-ouest de la Chine à l’océan Indien en passant par la péninsule d’Indochine.
La « Route » fait référence à « Twenty-First-Century Maritime Silk Road » (Route maritime de la soie du XXIe siècle), qui comprend trois volets : la première route a pour point de départ les ports chinois, passe par la mer de Chine méridionale et le détroit de Malacca pour se diriger vers l’Europe et l’Afrique via l’océan Indien ; la seconde se dirige vers le sud de l’océan Pacifique ; la troisième vise à connecter la Chine à l’Europe via l’océan Arctique.
Au 30 janvier 2021, l’État-parti chinois a signé 205 documents de coopération de la BRI avec 140 pays et 31 organisations internationales.
Toutefois, les États-Unis et le Japon ont refusé de rejoindre la BRI depuis le début. Ces deux pays estiment que ses projets d’infrastructure menacent la liberté et l’ouverture de la région indo-pacifique.
Dr Frank Xie, professeur à l’université de Caroline du Sud, a écrit dans un article d’Epoch Times que le PCC prévoyait d’établir un réseau commercial centré sur la Chine qui lui permettrait d’exporter à terme l’idéologie communiste dans le monde entier. La BRI est « un projet global avec des objectifs multiples dans les domaines politique, économique et militaire », a-t-il expliqué.
« La mission de la BRI s’est étendue – de l’expansion du marché extérieur de la Chine, des exportations des produits de ses capacités excédentaires, de l’exportation du modèle d’infrastructures du PCC, de l’exportation du chômage et de l’obtention d’un approvisionnement énergétique stable – à l’occupation progressive des places stratégiques, à la création d’alliances géopolitiques, à l’unification de l’Europe en l’opposant aux États-Unis », a précisé Frank Xie.
Infiltrer l’Europe par le biais de la BRI
En raison de la crise économique en Europe, le régime chinois a commencé à utiliser la BRI comme un outil pour inciter les principaux pays européens tels que le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et l’Italie à signer des accords dans son cadre – ceci dans le but de contrôler l’Europe économiquement et politiquement et de l’unifier en l’opposant aux États-Unis.
Le 23 mars 2019, l’Italie est devenue le premier pays du G-7 à rejoindre la BRI, défiant les États-Unis et leurs alliés occidentaux. Les membres des deux gouvernements ont signé 29 protocoles de mémorandum d’entente pour les projets dont la valeur totale pourrait atteindre 22,6 milliards de dollars.
L’un des projets, l’investissement de 1,13 milliard de dollars dans la ville portuaire de Trieste, revêt une importance stratégique. Selon le ministère chinois du Commerce, ce projet est « relié à huit grands ports maritimes, donnant accès à la mer Baltique, et est relié aux voies ferrées de China-Europe Railway Express, ce qui en fait une importante plaque tournante du transport en Europe ».
Le China-Europe Railway Express, également connu sous le nom de China Railway Express (CR Express), est un circuit de fret ferroviaire lancé par Pékin dans le but de « renforcer les liens commerciaux avec les pays européens », a expliqué Frank Xie.
Selon la chaîne CGTN, le porte-parole du PCC à l’étranger, « à la fin du mois de mars 2019, le rail avait relié 60 villes chinoises à 50 villes dans 15 pays européens, avec plus de 14 000 trains de marchandises circulant sur le réseau ». Ces trains amènent en Europe d’énormes quantités de produits fabriqués en Chine.
En Allemagne, la ville de Duisbourg est devenue une importante plaque tournante pour les trains de marchandises de China Railway Express. Cette ville, située sur le Rhin, représente une voie navigable majeure en Europe occidentale et dispose d’un important réseau de transport fluvial, ferroviaire et routier.
D’après le rapport de Yicai.com, un site financier chinois, à la fin de 2018, 80 % de près des 13 000 trains, en provenance des grandes villes chinoises vers l’Europe, avaient Duisbourg comme destination finale.
En 2018, la France a enregistré un déficit de 36 milliards de dollars dans ses échanges commerciaux avec la Chine. En avril 2019, Guanchazhe, un média d’État chinois, a publié un article affirmant que seule une importante demande en investissements et en produits amenés par la BRI pourrait résoudre ce problème pour la France.
En janvier 2018, lors de sa visite en Chine, le président français Emmanuel Macron a déclaré que les projets de la nouvelle route de la soie (BRI) en France et en Europe pourraient être bénéfiques pour la région et que « ces routes ne peuvent être que partagées. Si ce sont des routes, elles ne peuvent pas être à sens unique ».
En octobre 2015, lors de la visite de Xi Jinping au Royaume-Uni, China General Nuclear Power Corporation (CGN) et le maître d’œuvre du projet, Électricité de France (EDF), ont signé un accord d’investissement s’engageant à investir 7,5 milliards de dollars dans la construction de la centrale nucléaire de Hinkley Point C dans le Somerset, en Angleterre. En septembre 2016, ce projet a été approuvé par la Première ministre britannique.
Toutefois, les plans du PCC de contrôler l’Europe dans les domaines de l’économie et du transport ont rencontré une certaine résistance.
« Le PCC voulait à l’origine accéder aux pays de l’UE de diverses manières, mais l’Allemagne, la France, l’Espagne et le Royaume-Uni ont montré un très haut degré d’unité en préférant la signature du mémorandum commun de coopération dans le cadre de la BRI plutôt que sous une forme bilatérale par États individuels », a constaté Frank Xie.
« Une plus importante résistance de l’UE par rapport aux ambitions du PCC a été démontrée à partir de 2019 », a-t-il ajouté.
Les pays participants à la BRI risquent de contracter d’énormes dettes
Le programme de la nouvelle route de la soie représente pour l’État-parti chinois un moyen d’étendre son hégémonie internationale. Il a également poussé plusieurs pays dans une profonde crise de la dette.
Une étude de l’université de Boston a révélé que, entre 2008 et 2019, la Banque de développement de Chine et la Banque d’import-export de Chine ont prêté 462 milliards de dollars aux pays étrangers, soit à peine moins que les 467 milliards de dollars de la Banque mondiale.
Selon un récent rapport du Center for Global Development, huit pays participants de la BRI – le Pakistan, Djibouti, les Maldives, le Laos, la Mongolie, le Monténégro, le Tadjikistan et le Kirghizstan – courent un risque élevé de crise de la dette souveraine en raison des prêts de la BRI.
Le Pakistan, par exemple, a demandé 6 milliards de dollars au Fonds monétaire international en raison de ses problèmes d’endettement résultant des prêts reçus dans le cadre de la BRI. En avril 2020, le ministre pakistanais des Affaires étrangères a appelé Pékin pour lui demander de restructurer d’urgence des milliards de dollars de prêts chinois, alors que l’économie pakistanaise était en chute libre à cause de la pandémie.
D’autres pays ont été contraints de céder à la Chine le contrôle de leurs infrastructures essentielles. Par exemple, en 2017, lorsque le Sri Lanka ne pouvait pas payer ses dettes, il a dû céder à la Chine l’exploitation de son port en eaux profondes de Hambantota pour une période de 99 ans.
Le New York Times a rapporté que la Chine a été inondée de demandes d’allègement de la dette de la part de pays tels que le Kirghizstan, le Sri Lanka et plusieurs pays africains. Ces pays demandaient de restructurer, de retarder les remboursements ou d’annuler des dizaines de milliards de dollars de prêts dus en 2020.
Le système financier chinois, accablé par une lourde dette des entreprises d’État et des gouvernements locaux, avait déjà du mal à maintenir la croissance économique du pays. Bien que la « nouvelle route de la soie » soit économiquement non rentable, les vrais objectifs du PCC de contrôler et de dominer le monde ne doivent pas être sous-estimés.
Alors que les entreprises occidentales opèrent selon des principes de recherche de profit et ne restent généralement pas plus de quelques années dans des pays instables, le calcul du Parti s’étend au siècle prochain. Il peut continuer à mener des opérations sur le long terme sans tenir compte des pertes immédiates. Les coûts humains ne sont pas un obstacle dans la poursuite de ses objectifs – par exemple, le régime peut forcer le peuple chinois à assumer des coûts d’investissement que les entreprises privées occidentales ne pourraient jamais se permettre.
« La BRI est une politique qui est néfaste à la fois pour le pays et pour son peuple. C’est une politique d’expansion que Xi Jinping a proposée pour sa propre gloire au sein du Parti. Face à la tendance générale du ralentissement économique de la Chine, le gouvernement communiste est toujours déterminé à aller de l’avant et à dépenser une grande quantité de devises étrangères et de fonds du trésor, ce qui profitera finalement au PCC, tandis que tout le peuple paiera pour ces pertes », a commenté un internaute chinois.
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