Avec seulement cinq essais inscrits depuis le début du Tournoi des six nations, le XV de France a perdu son efficacité offensive: une défaillance qui trouve ses racines dans un mélange de maladresse chronique, confiance envolée et manque d’avancée.
A Lille, c’est au moins ce qui a fait défaut aux Bleus lors du match nul face à l’Italie (13-13). Après un essai en force du troisième ligne Charles Ollivon inscrit dès la septième minute, les Français ont accumulé les approximations à l’image d’un mauvais choix du centre Gaël Fickou (12e) ou d’un coup de pied trop long de l’ouvreur Matthieu Jalibert (24e).
« En première période, on a l’occasion de marquer trois ou quatre essais, on n’y arrive pas. (…) Ce qui manque, c’est la finition. Il y a plein de choses approximatives, on doit finir les coups et on ne les finit pas », a résumé Fickou après la rencontre.
Même le prolifique marqueur Damian Penaud s’est encore montré emprunté contre la Nazionale. Muet depuis son essai inscrit face à l’Irlande, l’ailier de Bordeaux-Bègles illustre bien une difficulté récurrente des Bleus.
Auteur de cinq réalisations au sein de la meilleure attaque du Tournoi 2023, Penaud avait porté sa sélection, avec un total de 21 essais inscrits, qui semblent inatteignables cette année. Le compteur d’essais des Bleus reste bloqué à cinq après trois rencontres.
On n’a pas souvent été dans l’avancée
« Sur ces trois premiers matches, on n’a pas souvent été dans l’avancée. Quand on a avancé, les libérations n’étaient pas vraiment bonnes, pas dans le timing », a commenté auprès de l’AFP l’ancien demi de mêlée international Guy Accoceberry.
« Face à l’Italie, on a retrouvé un paquet d’avants dominant. Malheureusement la finition a été catastrophique. On ne peut pas se permettre de passer autant de temps près des lignes en étant stérile », a regretté le vainqueur du Tournoi des cinq nations en 1997.
Fraîchement arrivé à la tête de l’attaque française, Patrick Arlettaz avait plaidé avant le match le « besoin de confiance » de ses joueurs, touchés par la déroute contre l’Irlande en ouverture du Tournoi (38-17), et sûrement encore troublés par l’élimination en quart de finale du Mondial par l’Afrique du Sud (29-28).
On a besoin de confiance pour faire les choses
« Dans le sport de haut niveau, on a besoin de confiance pour faire les choses, pas sans réfléchir, mais avec une certaine spontanéité et de la vitesse. Dès qu’on a un peu le doute et qu’on est un peu moins en confiance, tous les rouages en prennent un coup », a expliqué le Catalan, venu remplacer Laurent Labit après la Coupe du monde.
Au stade Pierre-Mauroy, le doute s’est encore fait sentir dans les 21 fautes de main et les 18 ballons perdus par les Bleus.
Si pour Fabien Galthié, il n’a pas manqué « grand-chose » pour passer « d’un rendu douloureux à un rendu plus joyeux », il faudra « plusieurs matches pour retrouver une vraie assise offensive », a estimé Accoceberry, appelant de ses voeux des changements.
Jusqu’ici Galthié s’est montré imperméable aux demandes de rotation formulées par les supporters et les observateurs. Le sélectionneur avait d’ailleurs annoncé avant le début du Tournoi vouloir aller au Mondial 2027 avec 80 à 90% de son groupe actuel.
« C’est peut être l’une des erreurs de Fabien, de vouloir repartir avec pratiquement le même groupe traumatisé par la défaite » face aux Springboks, a avancé Accoceberry.
Mais face aux Gallois dimanche (16h00), la blessure de l’ouvreur Matthieu Jalibert et la suspension jusqu’à la fin du Tournoi du centre Jonathan Danty vont contraindre l’encadrement français à opérer des changements dans deux secteurs sous le feu des critiques.
Si l’arrière Thomas Ramos pourrait glisser à l’ouverture, le centre Nicolas Depoortère, étincelant avec Bordeaux-Bègles, postule. Le retour de Thibaud Flament et l’arrivée d’Emmanuel Meafou en deuxième ligne sont aussi très attendus.
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