Le jeune Yanis, 17 ans, n’a pas supporté la nouvelle. Il s’est donné la mort en apprenant que son agresseur était sorti de prison et résidait à seulement quelques kilomètres de chez lui. En colère, ses parents interpellent le ministre de la Justice.
Yanis s’est suicidé le 30 mars dernier en avalant des médicaments, rapporte Le Parisien. Quelques jours plus tôt, le 16 février, il avait appris de la bouche de son père que l’homme l’ayant agressé sexuellement durant trois ans venait de sortir de prison et résidait à environ trois kilomètres de chez lui.
L’adolescent confie son calvaire au bout de trois ans
Pour Farid, le père de Yanis, la mort de son fils est un drame indescriptible : « Le jour où mon fils aurait dû fêter ses 18 ans, je suis allé choisir son cercueil. C’est inhumain pour des parents. »
L’agression de Yanis remonte à l’été 2019, le garçon n’avait alors que 12 ans. L’agresseur était un voisin de sa famille, qui habitait alors à Marignier (Haute-Savoie). L’adolescent attendra trois longues années avant d’aborder le sujet. En septembre 2022, rongé par ce secret trop lourd à porter pour lui seul, il décide de contacter l’association Carl, celle-ci accompagnant les enfants victimes d’abus sexuels. Il lui confie ce qu’il subit depuis 2019. Aussitôt, l’association alerte les autorités en effectuant un signalement et recommande à Yanis de prévenir ses parents, ce qu’il fait par le biais d’une lettre. « Je me suis décomposée et je me suis mise à pleurer », se souvient Delphine, sa mère, à la lecture de celle-ci.
L’agresseur s’avère être un récidiviste, ayant déjà été condamné en 2007 puis en 2014 pour des infractions sexuelles sur des mineurs, précisent nos confrères. L’agresseur est rapidement interpellé par les gendarmes. Pour les faits commis à l’encontre de Yanis, il sera ensuite condamné, en octobre 2023, à cinq ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Bonneville.
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Il craignait de recroiser son agresseur
Mais après avoir passé deux ans et quatre mois en détention, l’agresseur est libéré, placé sous bracelet électronique avec l’obligation d’être suivi psychologiquement. Il sort donc en février 2025. Farid, le papa de Yanis, apprendra la nouvelle auprès d’une connaissance et décidera de prévenir son fils le jour même, craignant que ce dernier ne tombe par hasard sur son agresseur, qui n’a été condamné à aucune mesure d’éloignement à l’encontre de sa victime.
Pour les parents de Yanis, aucun doute n’est possible sur le motif du suicide de leur fils, liée à la sortie de prison de l’agresseur, aujourd’hui âgé de 58 ans. Ils en veulent à la justice, qui n’a pas pris le soin de les alerter sur cette remise en liberté, tout en faisant abstraction du traumatisme que cela pourrait infliger à Yanis.
D’ailleurs, peu avant son décès, Yanis s’était épanché dans une story Instagram. « Savoir que l’homme qui m’a enlevé trois ans de ma vie soit dehors en liberté à même pas 3 km de chez moi me répugne tellement. J’ai envie de crier, pleurer, casser. Cet homme m’a brisé, détruit, sali », avait-il exprimé, évoquant ses craintes de le croiser et sa peur qu’il commette l’irréparable avec d’autres.
Boris Duffau, le procureur de Bonneville, certifie de son côté auprès du quotidien francilien que « le juge d’application des peines a bien envoyé un courrier informant la famille du jeune homme de la sortie de détention de son agresseur ». Une lettre que les parents de Yanis assurent ne jamais avoir reçue.
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« On ne lâchera pas, en mémoire de Yanis »
« J’éprouve de la haine envers ce système qui ne protège pas les enfants victimes d’agressions sexuelles », déplore amèrement le père de Yanis. Il estime « inadmissible » le fait qu’il n’y ait pas eu de mise en sécurité de son fils. « À un moment, ces enfants qui ont subi des agressions sexuelles peuvent vriller dans leur tête », souligne-t-il.
« Comment peut-on laisser l’agresseur de mon fils reprendre sa vie normalement ? Nous, notre vie, elle ne reprendra jamais normalement après le suicide de Yanis. C’est une double peine. Une peine pour Yanis et une peine pour notre famille », pointe encore le père de famille éploré.
Les parents du jeune homme se sont tournés vers le ministre de la Justice Gérald Darmanin, lui demandant de faire « une loi qui évitera que des enfants victimes de pédophiles se suicident parce que leurs familles n’ont pas été tenues au courant de la sortie de prison de ces gens-là ». « Ce combat contre cette injustice, on le mène pour tous les enfants. Et on ne lâchera pas, en mémoire de Yanis. »
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