AFRIQUE

Yémen: l’émissaire de l’ONU de retour pour tenter d’obtenir la fin des combats à Hodeida

juin 16, 2018 14:00, Last Updated: juin 16, 2018 14:03
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L’émissaire de l’ONU pour le Yémen est arrivé samedi à Sanaa pour des discussions en urgence sur Hodeida, port stratégique tenu par les rebelles Houthis et théâtre d’une offensive des forces pro-gouvernementales au risque d’un nouveau désastre humanitaire. La poursuite de l’offensive lancée mercredi sur Hodeida (ouest) par les forces pro-gouvernementales, aidées par une coalition dirigée par l’Arabie saoudite, fait craindre une interruption de l’aide humanitaire qui passe principalement par ce port sur la mer Rouge.

Cette aide est essentielle pour un pays en guerre depuis plus de trois ans et qui est frappé par « la pire crise humanitaire du monde », selon l’ONU. D’après un correspondant de l’AFP, Martin Griffiths devrait proposer aux responsables des rebelles, qui tiennent la capitale Sanaa, de transférer le contrôle d’Hodeida à un comité supervisé par l’ONU, afin d’éviter de nouveaux combats sanglants. L’émissaire onusien n’a pas fait de déclaration à son arrivée.

Depuis mercredi, les combats entre les rebelles et les forces pro-gouvernementales ont fait près de 140 morts: 118 rebelles et 21 soldats yéménites, selon des sources médicales. Samedi matin, l’armée yéménite a affirmé dans un tweet avoir pris l’aéroport d’Hodeida, fermé à l’aviation depuis 2014 et situé au sud de la ville. Un correspondant de l’AFP sur le terrain n’a pas été en mesure de confirmer cette annonce.

Et un porte-parole de la coalition, qui communique généralement sur l’opération à Hodeida, n’a pas répondu aux questions de l’AFP sur l’aéroport. Vendredi, des combats avaient lieu à 2 km au sud de l’aéroport, selon un correspondant de l’AFP. Par ailleurs, pour empêcher les forces loyalistes d’acheminer des renforts vers Hodeida par la route côtière au sud de la ville, les rebelles ont lancé une attaque sur cet axe depuis l’intérieur des terres, tuant 12 soldats, selon des sources militaires et médicales.

Au siège des Nations unies, M. Griffiths avait appelé mercredi les parties à « la retenue » et à « s’engager de manière constructive » dans les efforts de l’ONU « pour éviter toute confrontation militaire à Hodeida »« Il n’y a pas de solution militaire au conflit », avait-il ajouté.

L’Arabie saoudite sunnite, grand rival de l’Iran chiite dans la région, accuse les rebelles yéménites de recevoir une aide militaire iranienne via le port de Hodeida. L’Iran reconnaît soutenir les Houthis mais dément leur fournir des armes. Les rebelles, qui opposent une forte résistance, ont été appelés par leur chef à faire face aux « forces de la tyrannie ».

« Il faut dépêcher des renforts pour la bataille », a lancé jeudi Abdel Malek al-Houthi. Il faut « transformer la côte ouest en bourbier pour les envahisseurs ». Des ONG ont fait part ces derniers jours de leurs vives inquiétudes sur les conséquences de cette bataille, la plus importante au Yémen depuis 2015, quand une offensive avait permis aux forces pro-gouvernementales de reprendre plusieurs régions du sud, dont Aden.

« La bataille de Hodeida pourrait avoir un impact dévastateur sur les civils, à la fois dans la ville et ailleurs au Yémen », a mis en garde Sarah Leah Whitson, directrice du Moyen-Orient à l’ONG Human Rights Watch. Le Conseil norvégien pour les réfugiés a affirmé que les habitants de Hodeida restaient confinés chez eux. Quelque 600.000 personnes habitent dans la ville et ses environs.

Des milliers pourraient fuir les violences dans les jours à venir, a estimé le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), ajoutant que la ville se préparait « au pire ». Plusieurs agences humanitaires comme le CICR ont dû arrêter leurs opérations à Hodeida. Grand port sur la mer Rouge, Hodeida est le point d’entrée en territoire yéménite d’une large part des importations et de l’aide humanitaire.

Le directeur du port Daoud Fadhel a indiqué jeudi à l’AFP que le port restait ouvert malgré l’offensive. Lors d’une réunion le même jour, le Conseil de sécurité de l’ONU a répété son « appel à laisser ouverts les ports de Hodeida et de Salif », au nord d’Hodeida, pour assurer la continuité de l’approvisionnement dans ce pays pauvre, où une partie de la population est au bord de la famine.

DC avec AFP

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