Les belligérants au Yémen ont réaffirmé leur volonté de mettre fin au conflit après que le président américain Joe Biden s’est engagé à soutenir les « efforts diplomatiques », mais une solution apparaît toujours hors de portée à ce stade, affirment vendredi des experts.
Le conflit au Yémen oppose depuis plus de six ans les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, aux forces gouvernementales, soutenues depuis 2015 par une coalition menée par l’Arabie saoudite. Il a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés, selon des organisations internationales, et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l’ONU.
Dans son premier discours de politique étrangère depuis qu’il a succédé à Donald Trump, Joe Biden a mis fin jeudi au soutien américain à la coalition, appelé à renforcer les efforts diplomatiques pour mettre fin au conflit et confirmé la nomination d’un diplomate chevronné, Timothy Lenderking, comme émissaire pour le Yémen.
En 5 ans et dix mois, la guerre au #Yémen a fait 233 000 victimes, selon l’ONU, 5 millions de #Yéménites ont été déplacés et les ¾ des 30 millions d’habitants mis au bord de la #famine. Les humanitaires s’inquiètent du #coronavirus au Yémen en guerre.
#HumanRights #confinement3 pic.twitter.com/aWw6TXSegb— Kal’s (@Kals27294416) February 1, 2021
« Cette guerre doit cesser », a-t-il martelé, annonçant l’annulation de ventes d’armes, notamment des « munitions de précision », à l’Arabie saoudite.
Guerre causée par les Houthis
Le gouvernement yéménite, reconnu par la communauté internationale, a salué ces annonces, soulignant « l’importance de soutenir les efforts diplomatiques » et saluant la nomination de M. Lenderking comme une « étape importante » pour « mettre fin à la guerre causée par les Houthis soutenus par l’Iran ».
L’Iran, ennemi juré des Etats-Unis et cible d’une campagne de « pression maximale » de la part de l’administration de Donald Trump, nie fournir des armes aux Houthis mais ne cache pas son soutien politique aux rebelles.
Au Yémen, les déplacés totalement démunis face au virus #AFP par Khaled Ziad pic.twitter.com/PCABb4LomM
— Agence France-Presse (@afpfr) May 15, 2020
Les Houthis, qui contrôlent une grande partie de l’Ouest et du Nord dont la capitale Sanaa, ont apporté leur soutien à l’approche de la nouvelle administration américaine, qui a aussi indiqué en janvier qu’elle reconsidèrerait la décision de M. Trump d’inscrire les rebelles sur sa liste des « organisations terroristes ».
Défendre la souveraineté de l’Arabie saoudite
« Pour vraiment mettre fin au conflit, il faut mettre fin à l’agression et au blocus », a déclaré sur Twitter un porte-parole Houthi, Mohamed Abdel Salam, en référence à l’intervention de la coalition.
Sans mentionner la fin du soutien américain à la coalition conduite par l’Arabie, Ryad a salué « l’engagement » de M. Biden « à coopérer avec le royaume pour défendre sa souveraineté et contrer les menaces contre elle ». L’Arabie saoudite est depuis des mois la cible d’attaques répétées (missiles, roquettes, drones) menées par les rebelles.
Ryad a aussi réaffirmé son soutien à « une solution politique globale » au Yémen et s’est félicité « que les Etats-Unis soulignent l’importance des efforts diplomatiques ».
Personne ne veut mettre fin à cette guerre
Mais sur le terrain, une solution apparaît quasiment impossible.
« La guerre ne prendra pas fin, personne ne veut y mettre fin. C’est de la propagande », assène Huda Ibrahim, femme au foyer de 38 ans qui habite la ville portuaire de Hodeïda, par laquelle transite l’essentiel de l’aide humanitaire et où une trêve fragile est en vigueur depuis un accord conclu en 2018 sous l’égide de l’ONU.
Rares sont les journalistes à pouvoir se rendre au Yémen où la guerre continue de faire des milliers de victimes.
On a donc demandé @CAREfrance de filmer l’intérieur d’un camp où 2000 déplacés survivent pic.twitter.com/0BOZrEeQ1s
— David Perrotin (@davidperrotin) September 30, 2019
« Je ne suis pas optimiste … Comment un conflit peut-il prendre fin si les affrontements ne s’arrêtent même pas pour une seule nuit », déclare-t-elle à l’AFP, faisant référence à la recrudescence des violences depuis la mi-janvier à Hodeïda.
Le diable est dans les détails
« Les annonces de Biden … sont une excellente première étape », tempère Annelle Sheline, spécialiste du Moyen-Orient au Quincy Institute for Responsible Statecraft.
« Mais le diable est dans les détails, il faut voir ce que +fin à tout soutien américain aux opérations offensives+ veut dire dans la pratique », ajoute-t-elle, citant le président Biden.
« Même si on n’a pas de savons, on se lave bien les mains. »
Muna vit au cœur du conflit au #Yémen. Voici comment elle se protège du #COVID19 et des autres maladies dans un camp de déplacés surpeuplé.#PourChaqueEnfant, de l’eau et un accès à l’hygiène. pic.twitter.com/xUnf66a8Ey
— UNICEF France (@UNICEF_france) May 28, 2020
« Qui déterminera ce qu’est une opération offensive, les Etats-Unis ou l’Arabie saoudite? Comment cela sera défini? Les Saoudiens, par exemple, affirment que tous leurs efforts de guerre sont défensifs », explique Mme Sheline.
Les Houthis affirment que leurs missiles sont « destinés à la défense du Yémen », selon Mohamed Abdel Salam.
« Mettre fin au soutien américain et mettre fin à la guerre sont deux choses très différentes … pour vraiment mettre fin à la guerre, nous avons besoin de diplomatie, et pour cela, nous devons être capables de parler aux Iraniens à nouveau », conclut l’experte.
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