Yvelines : à cause des grèves, un agent d’entretien de 55 ans fait 30 kilomètres à pied pour rentrer chez lui

Par Paul Tourège
12 décembre 2019 20:06 Mis à jour: 12 décembre 2019 20:06

Agent d’entretien dans le XVe arrondissement de Paris, Alain Fonteneau est rentré plusieurs fois chez lui à pied depuis le début des blocages. Une marche d’une trentaine de kilomètres effectuée au pas de course qui n’effraie pas le quinquagénaire, habitué à courir le marathon.  

Ce mardi, BFMTV diffusait un reportage consacré à Alain Fonteneau, agent d’entretien sur le campus Altice – un espace de 86 000 mètres carrés établi dans le quartier Balard (XVe arrondissement de Paris) et qui accueille notamment les locaux des sociétés SFR, BFMTV, RMC, Libération ou L’Express.

Âgé de 55 ans, Alain Fonteneau habite à La Verrière, une commune des Yvelines située à une trentaine de kilomètres de son lieu de travail.

Alors que le mouvement de grève contre la réforme des retraites est particulièrement suivi à la RATP et à la SNCF, Alain Fonteneau a décidé de rentrer chez lui à pied après sa journée de travail.

Un périple de trente kilomètres qui a fait bondir plusieurs internautes. Ces derniers n’ont en effet pas tardé à remettre en cause la véracité du reportage consacré à M. Fonteneau, accusant BFMTV de travestir la réalité.

Son apparition dans un documentaire sur le glanage réalisé par Agnès Varda il y a une vingtaine d’années a également valu au quinquagénaire d’être soupçonné d’être un comédien professionnel.

D’autres encore ont souligné qu’un bus était passé à côté de lui pendant qu’il était interrogé par BFMTV à Versailles. Dans l’émission Bruce Infos diffusée sur BFMTV mardi soir, le journaliste Benoît Gallerey a expliqué que le bus en question ne transportait aucun voyageur.

« Je fais environ 5 ou 6 km par heure et je marche d’une traite »

Contacté par les journalistes de 20 minutes, Alain Fonteneau confirme qu’il habite bien à La Verrière et qu’il est rentré chez lui à pied plusieurs fois à cause de la grève.

« Je fais le nettoyage chez Altice, donc je travaille dans les locaux de BFMTV. Récemment, je discutais avec une journaliste à qui j’ai dit : ‘C’est la galère la grève, avec ces histoires de train’, elle m’a demandé comment je rentrais chez moi et je lui ai expliqué que je rentrais à pied. C’est ce que j’ai fait jeudi et vendredi notamment », confie l’agent d’entretien.

« Je travaille en horaires décalés, de 6h30 à 9h30 puis en début d’après-midi et de 17h à 20h. Mais avec la grève, mon employeur m’autorise à finir le matin pour que je puisse rentrer à pied, sachant que le seul train qui me permettrait de rentrer est dans l’après-midi et que j’arrive plus vite chez moi à pied qu’en l’attendant. On m’a même proposé de ne pas venir travailler, mais comme je peux me déplacer le matin, grâce à un bus de nuit, je le fais », poursuit M. Fonteneau.

« En partant à 10h de Balard, il me faut 6 heures pour faire Paris-La Verrière, je fais environ 5 ou 6 km par heure et je marche d’une traite – sauf quand il pleut, comme vendredi dernier, quand j’ai fait une pause à la gare de Versailles. Ça n’a rien d’extraordinaire, c’est une question d’habitude, je ne comprends pas que les gens s’étonnent », ajoute-t-il.

« De Paris à Versailles, je monte la côte des Gardes, puis j’emprunte une allée pédestre et la forêt domaniale de Meudon, avant de prendre une piste cyclable qui va de Versailles à Trappes. Une fois vers La Verrière, je longe la voie ferrée, c’est comme un trottoir donc il n’y a pas de problème », précise le quinquagénaire.

« J’ai couru vingt fois le marathon et quand je m’entraîne, je le fais justement sur le trajet Verrières-Paris en marchant ou en courant », observe M. Fonteneau.

« Depuis la diffusion du reportage, ça n’arrête pas »

Si Alain Fonteneau assure qu’il « aime bien marcher », il n’est toutefois pas sûr de persévérer si la grève tend à se prolonger.

« Je ne pense pas que je le ferai sur une durée indéterminée, et je ne viendrais évidemment pas au travail si je devais aussi y aller à pied le matin. »

Si son passage dans le documentaire Les glaneurs et la glaneuse lui avait déjà valu une notoriété éphémère, le reportage que lui a consacré BFMTV vient à nouveau de le placer sous le feu des projecteurs.

« Depuis la diffusion du reportage, ça n’arrête pas, on m’en a parlé au travail ce matin. Et sur le trajet de Viroflay au château de Versailles, tout à l’heure, un automobiliste s’est arrêté pour me dire : ‘Je vous reconnais !’. Il m’a accompagné en voiture jusqu’au château de Versailles, ce qu’il n’aurait pas fait si je n’étais pas passé sur BFM ! »

Une situation qui amuse le quinquagénaire, dont le parcours sort de l’ordinaire.

Ancien professeur, il a également écrit son autobiographie intitulée Itinéraire bis. Un ouvrage dans lequel l’auteur enjoint notamment à ses lecteurs de ne jamais se décourager malgré les coups durs.

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