Très prisée du chef de l’État, la résidence de La Lanterne ne l’est pas autant de la part des policiers du commissariat de Versailles. Les déplacements du président de la République mobilisent en effet une part importante des effectifs de police qui doivent assurer des gardes statiques presque chaque week-end.
Niché dans un domaine de 4 hectares avec piscine et terrain de tennis, ce pavillon de chasse situé en lisière du château de Versailles est à la disposition du chef de l’État depuis 2007, date à laquelle Nicolas Sarkozy décida de s’approprier le site qui était auparavant réservé à l’usage exclusif du Premier ministre.
Si M. Sarkozy n’a que rarement occupé les lieux, « c’est monté en puissance avec Hollande » affirme Julien Le Cam – délégué syndical Alliance des Yvelines – dans les colonnes de Paris-Match. « Maintenant, avec Emmanuel Macron, c’est tous les week-ends », ajoute-t-il.
« Qu’on arrête de piocher dans police-secours »
Chaque déplacement du chef de l’État mobilise trois patrouilles, « composées au total de 6 policiers », qui ont pour mission de monter la garde à l’extérieur du domaine présidentiel tandis que le Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR) assure la sécurité intérieure.
« Ce ne sont pas les gardes en soi que l’on dénonce, mais c’est l’impact que ça a sur police-secours. Alors qu’il y a déjà peu d’équipages le week-end, qui trinque ? C’est la sécurité publique », regrette M. Le Cam.
Un point de vue que partage Cyril Thiboust, délégué du syndicat Unité-SGP police : « Ça plombe l’opérationnalité de l’ensemble du département. Par moments à Versailles, on se retrouve à une patrouille, voir zéro sur le week-end. »
Les effectifs déployés aux abords de La Lanterne supporteraient d’ailleurs de moins en moins les gardes statiques qui leur incombent.
« Qu’on arrête de piocher dans police-secours », s’indigne un policier du commissariat de Versailles ayant préféré conserver l’anonymat.
D’après lui, en comptant les gardes du commissariat et celles de détenus hospitalisés, 40 % du temps de travail des unités versaillaises a été consacré à des gardes statiques en 2018.
« On est là à regarder nos tablettes, nos téléphones portables… nous ce qu’on veut c’est bosser », assène-t-il.
Une situation identique à Rambouillet
Mais les effectifs du commissariat de Versailles ne sont pas les seuls concernés dans le département des Yvelines. Président du Sénat, Gérard Larcher bénéficie également d’une patrouille à chaque passage à son domicile de Rambouillet.
« Même quand Gérard Larcher sort avec sa 4L pour aller à la chasse, une patrouille doit rester devant son domicile. Et quand vous mobilisez une patrouille, vous mobilisez tous les effectifs de Rambouillet », déplore Julien Le Cam.
« S’il y a un appel au 17, ce sont les collègues d’Elancourt qui doivent se déplacer », poursuit le responsable syndical.
Si la préfecture des Yvelines affirme qu’elle a fait remonter les doléances des forces de l’ordre au ministère de l’Intérieur ainsi qu’aux services de la présidence de la République, Cyril Thiboust et Julien Le Cam restent sceptiques.
La création d’une unité dédiée à la prise en charge des gardes statiques nécessiterait en effet le recrutement d’« approximativement 36 personnes » d’après le délégué d’Unité-SGP police. « En un an, on a eu 6 recrues dans les Yvelines », conclut M. Le Cam.
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