Le 10 août, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indirectement reconnu pour la première fois que l’Ukraine menait une offensive militaire sur le territoire russe, alors que Moscou rapportait que des forces avaient lancé des attaques dans la région de Koursk depuis la semaine dernière.
L’armée ukrainienne tente de « pousser la guerre sur le territoire de l’agresseur », a déclaré Zelensky, selon une transcription.
« L’Ukraine prouve qu’elle sait vraiment comment rétablir la justice et garantit exactement le type de pression nécessaire […] une pression sur l’agresseur », a-t-il déclaré, faisant référence à la Russie.
Il n’a précisé ni la nature de l’opération militaire, ni où elle se déroulait sur le territoire russe.
Les objectifs exacts de l’opération restent flous et les responsables militaires ukrainiens n’ont fait aucun commentaire à ce sujet. Des experts militaires ont déclaré que l’opération devait probablement permettre d’éloigner les réservistes russes des combats intenses qui se déroulent dans la région de Donetsk, à l’est de l’Ukraine, tandis qu’un conseiller présidentiel a suggéré qu’elle pourrait renforcer la position de Kiev dans d’éventuelles négociations futures avec la Russie.
Mais la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré le 11 août que l’Ukraine menait des attaques terroristes avec l’incursion à Koursk.
« Nous ne doutons pas que les organisateurs et les auteurs de ces crimes, et notamment leurs curateurs étrangers, devront répondre de leurs actes », a-t-elle déclaré. « La réponse sévère de la Russie ne se fera pas attendre. »
L’armée russe a déclaré que les combats avec les forces ukrainiennes à Koursk se déroulaient depuis le 6 août, ce que le président russe Vladimir Poutine a qualifié de « provocation à grande échelle ».
Kiev et Moscou nient avoir ciblé des civils lors de leurs attaques dans ce conflit qui a coûté la vie à des milliers de personnes et déplacé des millions d’Ukrainiens, et dont la fin reste incertaine.
Par ailleurs, le ministère russe de la Défense a déclaré avoir détruit 4 missiles balistiques tactiques Tochka-U et 14 drones ukrainiens,cette nuit à Koursk, selon les médias d’État.
Tôt dans la matinée du 11 août, les autorités de Koursk ont déclaré que 13 personnes avaient été blessées dans la ville après la chute de débris d’un missile ukrainien détruit sur un immeuble résidentiel de neuf étages. Une image postée par le maire de Koursk montre des flammes s’élevant à travers un immeuble d’habitation en ruine entouré de débris carbonisés.
Alexei Smirnov, gouverneur par intérim de Koursk, a ordonné aux autorités locales d’accélérer l’évacuation des civils dans les zones à risque. Les agences de presse de l’État russe ont indiqué que plus de 76.000 personnes avaient été évacuées.
La commissaire russe aux droits de l’homme, Tatyana Moskalkova, a déclaré qu’elle avait envoyé un appel aux Nations unies pour leur demander de condamner les actions de l’Ukraine à Koursk. Dans un message publié sur Telegram, Mme Moskalkova a déclaré qu’elle demandait au commissaire aux droits de l’homme des Nations unies de « prendre des mesures pour empêcher les violations massives et flagrantes des droits de l’homme ».
Les blogueurs militaires russes affirment que les combats se déroulent jusqu’à 20 km à l’intérieur de la région de Koursk, ce qui amène certains d’entre eux à se demander pourquoi l’Ukraine a pu percer la région de Koursk aussi facilement.
L’Institut pour l’étude de la guerre à but non lucratif, dans une mise à jour du week-end, a déclaré que les forces russes à Koursk « semblent mieux se défendre contre les assauts ukrainiens après l’arrivée de conscrits supplémentaires et de personnel plus compétent au combat en provenance des zones de la ligne de front en Ukraine ».
« Le rythme des avancées confirmées des forces ukrainiennes dans l’oblast de Koursk a ralenti depuis l’introduction signalée de diverses unités militaires russes dans cette région », indique le rapport, qui ajoute toutefois que l’opération transfrontalière « menace le Kremlin d’une crise politique potentielle concernant les pertes de vies humaines parmi les conscrits russes ».
« L’opposition russe et les médias sociaux ont commencé à diffuser les premières plaintes des membres des familles des conscrits russes le 10 août concernant l’implication de ces derniers dans les opérations de défense de la frontière russe », a noté l’institut.
Au cours du week-end, Rafael Grossi, directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique des Nations unies, a mis en garde la Russie et l’Ukraine contre les combats dans la région de Koursk, en raison de la proximité de la centrale nucléaire de Koursk.
« À ce stade, je voudrais appeler toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue, afin d’éviter un accident nucléaire susceptible d’avoir de graves conséquences radioactives », a déclaré le chef de l’agence de l’ONU dans un communiqué.
Avec Reuters
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