Les Zimbabwéens réfléchissent sur la vie de l’homme fort qu’était Robert Mugabe

Par Sally Nyakanyanga
9 septembre 2019 19:10 Mis à jour: 3 avril 2021 21:50

HARARE, Zimbabwe – En observant la vie quotidienne dans la capitale du Zimbabwe, Harare, c’est comme si la mort de l’ancien dictateur Robert Mugabe n’avait eu aucune incidence sur ses citoyens, alors qu’ils sont en train d’aller au travail vaquant à leurs occupations comme d’habitude dans ce pays pauvre du sud-est africain.

Les Zimbabwéens interviewés par Epoch Times n’avaient pas grand-chose de bien à dire sur cet ancien homme d’État, mort à l’âge de 95 ans dans un hôpital de Singapour, car ils estiment que c’est à cause de lui que le pays est dans un état déplorable.

Robert Mugabe avait hérité d’une économie dynamique en 1980, lorsque le pays d’Afrique australe a obtenu son indépendance du Royaume-Uni. Mais l’homme d’État Mugabe l’a ruinée, le pays n’ayant plus sa propre monnaie, a déclaré le chroniqueur Cyprian Mketiwa.

« La corruption s’est répandue sous le règne de l’ancien président, mais il n’a rien fait. Robert Mugabe a été impliqué dans l’achat scandaleux de trois avions en provenance de Malaisie, dans lequel des millions d’euros ont été détournés, voilà un bon exemple », a fait savoir Cyprian Mketiwa.

Patient Dhliwayo-Chiunzi, professeur de biotechnologie à l’Institut de technologie de Harare, a déclaré à propos de Robert Mugabe : « C’était un bon orateur, un bon stratège, savant et intelligent. Cependant, c’était un tueur cruel et rusé qui éliminait impitoyablement ses ennemis en utilisant des méthodes rusées et en utilisant des loyalistes et des voleurs avec lesquels il a mis le pays à genoux. »

Zimbabwe

Le 7 septembre 2019, le premier jour d’une période de deuil national qui a suivi la mort de l’ancien président du Zimbabwe, Robert Mugabe, héros de la guérilla devenu despote qui a dirigé le Zimbabwe pendant 37 ans, les piétons passent devant les panneaux des différents quotidiens dans les rues de Harare, au Zimbabwe. (Jekesai Njikizana/AFP/Getty Images)

« Aussi intelligent qu’il ait été, homme d’État zimbabwéen Mugabe n’a pas été capable d’orienter le pays vers la prospérité », a fait remarquer Mme Dhliwayo-Chiunzi.

« C’est son leadership qui a suscité des tueurs et les voleurs qui ont tué ce pays, a-t-elle dit, et la deuxième femme de Robert Mugabe, Grace Mugabe, avait faim de pouvoir et de richesses matérielles. » Elle a renchéri : « Ensemble, en tant que famille, ils ont converti ce pays en un ménage personnel – ils ont accumulé des richesses pour eux-mêmes et pour leurs amis proches et loyaux. »

Mme Dhliwayo-Chiunzi explique que Robert Mugabe est la raison pour laquelle le pays est aujourd’hui dans la pauvreté.

« C’était un terroriste qui se cachait derrière des discours éloquents, il terrorisait son propre peuple et enseignait aux membres de son parti, la ZANU-PF (Zimbabwe African National Union-Patriotic Front), à être comme lui. »

« Robert Mugabe s’est avéré être une grande déception », répète Dhliwayo-Chiunzi.

« Il a si bien commencé par rassembler les gens, mais quand la corruption s’est installée, le pays a été mis à genoux », a-t-elle affirmé.

Icône de la libération

Robert Mugabe est décédé le 6 septembre à l’hôpital Gleneagles à Singapour, où il recevait un traitement médical. Son successeur, le président Emmerson Mnangagwa, a écrit dans un tweet du 6 septembre qu’une « icône de libération » était morte.

M. Mugabe est connu pour son implication dans la lutte de libération contre la domination coloniale blanche qui a mené le pays à l’indépendance en 1980. Il est également connu pour avoir saisi des terres à des fermiers commerciaux blancs pour la plupart sans compensation en 2000, ce qui a forcé certains d’entre eux à quitter le pays et beaucoup à devenir indigents.

Bien que R. Mugabe ait été aimé par de nombreux Africains car ils estimaient qu’il était capable de se lever et de se prononcer publiquement contre le colonialisme, c’était néanmoins un tyran pour son peuple.

Obert Masaraure, président d’une association d’enseignants, l’Amalgamated Rural Teachers Union of Zimbabwe, a des sentiments mitigés quant à la mort du dirigeant Mugabe.

« L’héritage de Mugabe a deux facettes : l’immense contribution à l’indépendance du pays et ses initiatives d’autonomisation des Noirs. Cependant, elles ont été éclipsées par la corruption, l’autoritarisme et le népotisme, qui ont mis notre pays à genoux », proclame Obert Masaraure.

Un Zimbabwéen blanc, sous le couvert de l’anonymat, a déclaré que les Zimbabwéens sont des travailleurs acharnés, mais que tout cela n’a servi à rien puisque leurs pensions ne représentent rien et que les gens ne peuvent pas conserver l’argent pour lequel ils ont travaillé.

« [Robert Mugabe] a laissé le pays dans un état corrompu, comme la corruption est partout. Les dirigeants actuels ne choisissent que des boucs émissaires, car la corruption[l’héritage de Mugabe] est enracinée partout », a dit l’homme.

Économie en difficulté

Le Zimbabwe est toujours aux prises avec une myriade de défis, tels que les pénuries de carburant, l’indisponibilité de l’électricité pendant plus de 18 heures au quotidien et les problèmes de devises, de nombreuses personnes ne pouvant retirer leur argent des banques.

Nombreux sont ceux qui s’appuient aujourd’hui sur ce que l’on appelle communément la « monnaie plastique » – les virements mobiles et les virements bancaires – qui est souvent touchée par les pénuries d’électricité. En outre, pour de nombreux Zimbabwéens, l’argent mobile coûte cher, car beaucoup d’entre eux doivent payer entre 30 et 40 % de plus pour obtenir de l’argent en monnaie locale, le dollar zimbabwéen.

Emmerson Mnangagwa a déclaré que la nation observerait une période de deuil officielle pour son regretté dirigeant, « un grand professeur et mentor », et un « homme d’État remarquable de notre siècle ».

Le ministère des Affaires étrangères de Singapour a déclaré qu’il travaillait avec le Zimbabwe pour faire rapatrier la dépouille de Robert Mugabe.

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