Le Père Noël n’est pas propre
On m’a gardé dans une cellule de prison sombre, d’environ 30 mètres carrés, en compagnie de plus de 30 autres personnes. Quand j’ai été pour la première fois emprisonné dans cette cellule, je pouvais sentir toutes sortes d’odeurs d’excréments, d’urine, de moisissure, de chair pourrie et de matériaux. Après quelques mois, je ne pouvais plus rien sentir. Je m’étais accoutumé à respirer les odeurs qui imprégnaient la cellule à longueur de journée. |
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Le silence était tel dans la cellule qu’on pouvait y entendre une aiguille tomber par terre. Tous profitaient de ce court silence pour réfléchir à son passé. Chaque jour rapprochait bon nombre d’entre nous du jour de l’exécution. Au cours des années 2000 et 2001, à la suite des ordres venant de Jiang Zemin et Luo Gan, la division de la Sécurité nationale du département de police de Beijing a arrêté un nombre élevé d’intellectuels de haut rang qui pratiquaient le Falun Gong, parmi eux des professeurs et des diplômés de doctorat et de maîtrise. Ils ont été détenus jusqu’à ce qu’ils acceptent l’éducation du «Parti et du peuple». On a proclamé au monde entier que ceci allait être fait doucement, comme «une brise et une pluie printanière». J’étais l’un d’entre eux. Les survivants et les travaux forcés S’ils n’étaient pas condamnés à mort, les criminels survivant de la détention étaient envoyés dans des prisons pour purger leur peine et faire des travaux forcés. En même temps, ils amenaient leurs maladies transmises sexuellement (MTS) dans les prisons. À cet endroit, ils représentent la main-d’oeuvre la plus cheap. Un nombre incroyable de produits «Fait en Chine» sont fabriqués dans les prisons et les camps de travaux forcés. En mai 2002, j’ai été envoyé à la Division de rapatriement des criminels provinciaux de Beijing avec plusieurs autres, dont Shao Ping. Shao Ping a obtenu sa maîtrise à l’Académie chinoise des sciences. Dans la division de rapatriement, nous attendions d’être rapatriés vers d’autres prisons formelles pour purger une peine. De cette expérience, nous avons obtenu une vraie compréhension des travaux forcés dans les prisons. Le système de gestion sévère dans la prison et les fréquentes insultes et traitements dégradants avaient pour but d’alimenter la peur et de causer des traumatismes psychologiques chez les prisonniers. Les prisonniers devaient travailler sans relâche. Il était normal de travailler quinze à seize heures par jour. S’ils avaient de la difficulté à terminer les tâches assignées, certains prisonniers devaient «chanter jusqu’à l’aube» comme punition. (Ce qui veut dire qu’ils devaient travailler 24 heures sur 24 sans dormir.) Comme les cellules étaient plus que pleines, les prisonniers n’avaient pas le temps de prendre soins de leur hygiène personnelle. Ils comptaient les jours et leurs maladies s’aggravaient quotidiennement. J’ai été arrêté pour ma croyance. Je n’étais pas non plus un criminel, je n’ai commis aucun crime. Je me suis simplement considéré comme un «correspondant» envoyé à cet endroit pour observer ce qui s’y déroulait. J’espérais qu’un jour mes observations puissent permettre au monde d’avoir une meilleure compréhension de ce qui se passe dans les prisons chinoises. Des accessoires de Noël aux sous-vêtements féminins Différents travaux manuels comme empaqueter des sous-vêtements féminins et dupliquer du matériel audio et vidéo, apposer des marques à divers produits, relier des livres, fabriquer des flotteurs pour la pêche, des boules de Noël et des accessoires. J’ai participé dans tous les travaux manuels et j’avais une bonne compréhension de chaque procédure de travail. Au cours d’un été particulièrement chaud, les autorités de la prison nous ont ordonné de fabriquer des emballages pour les sous-vêtements Gracewell. Il faisait très chaud et les prisonniers ne s’étaient pas laver depuis très longtemps. Ils se grattaient partout sur leur corps, tout en étant engagés dans des travaux manuels. Certains prisonniers se grattaient les parties génitales de temps à autre. Quand ils retiraient leurs mains, je voyais du sang sur leurs ongles. Je n’étais pas certain si les femmes allaient être vraiment gracieuses dans ces sous-vêtements. Chaque année, un grand nombre d’accessoires de Noël et de vêtements destinés au marché occidental sont fabriqués dans les prisons chinoises. Une fois, la prison dans laquelle j’étais détenu s’est fait assigner la fabrication de lumières. Chaque jour, les prisonniers devaient attacher des fils de cuivre autour d’un truc en plastique de forme fixe et ensuite connecter toutes les lumières ensemble. Les mains des prisonniers saignaient habituellement. Inutile de dire que les saletés de leurs peaux et de leurs MTS se retrouvaient sur les lumières. Une fois, la prison fabriquait des colliers de billes. Les prisonniers utilisaient des aiguilles et du fil pour enfiler des billes colorées et ensuite ils connectaient les deux bouts pour faire des colliers de billes. Ces colliers avaient fière allure. Toutefois, j’espère que les enfants ne les mettront jamais dans leurs bouches et que les femmes ne les porteront pas autour de leurs cous. |