L’espionnage industriel de la Chine exposé en Europe

Écrit par Lea Zhou et John Nania, La Grande Époque
20.07.2005

Un transfuge chinois en Belgique a récemment révélé

un large réseau d’espionnage industriel de longue date du Parti

communiste chinois (PCC) opérant en Europe.

Le dernier d'une liste

grandissante d'officiers à quitter la Chine pour un pays occidental

était un membre de l'Association des étudiants chinois de Leuven en

Belgique. C'est ce que Claude Moniquet, président du European Strategic Intelligence Security Center (ESISC), a confirmé à La Grande Époque lors d'une entrevue.

Comme

d’autres récents transfuges en Australie et au Canada, celui de

Belgique n’a toujours pas obtenu l’asile politique. Son identité n’a

donc pas été encore révélée publiquement.

M. Moniquet a noté que

les industries qui sont dans la mire des espions chinois en Europe

«sont toutes des industries possédant un important niveau de recherche

et de développement et ayant une haute valeur ajoutée». En d’autres

termes, ce sont celles possédant des secrets industriels clés.

«Ils

ont besoin de voler ces secrets économiques et scientifiques pour

accélérer leur propre développement économique», a-t-il dit.

Il a

cité les industries pharmaceutiques, médicales, de haute technologie,

des télécommunications, de l’aéronautique et de l’aviation comme étant

les cibles principales.

Le réseau d’espions en opération en Belgique

est certainement actif aux Pays-Bas, en France, et peut-être même au

Royaume-Uni et en Allemagne, déclare M. Moniquet.

Les étudiants

chinois, pouvant être des militaires dissimulés ou «des étudiants

normaux qui sont sous une énorme pression de Beijing» pour qu’ils

espionnent, établiraient plusieurs connexions et occuperaient des

positions dans diverses entreprises à travers le nord de l’Europe.

Les intérêts économiques font taire les gouvernements occidentaux

Les

politiciens européens connaissent depuis environ deux ans ce réseau

particulier d’espionnage en Belgique, mais ont gardé le silence afin de

ne pas mettre en péril les relations commerciales avec la Chine.

«Les

services européens de renseignements secrets et de sécurité sont sous

la pression des politiciens parce que ceux-ci ne veulent pas de

problème avec la Chine», a expliqué M. Moniquet. Les politiciens savent

que «la Chine est en train de voler des secrets et d’espionner sur des

dissidents en Europe, mais ils ont la possibilité de vendre ce qu’ils

veulent à la Chine».

«Voilà des stratégies à très court terme», a

dit M. Moniquet. «Si on se dit : “OK, Beijing peut espionner, mais nous

allons quand même leur vendre ce que nous voulons”, ce sera bien pour

quelques années. Mais dans 10, 15 ou 20 ans, ce sera fini, car ils

auront déjà tout ce qu’ils ont besoin. Il n’auront pas à acheter les

produits européens.»

«Alors, ce n’est clairement pas la manière de bâtir une véritable relation d’intérêt commun avec la Chine.»

Vérifications indépendantes de différents pays

En

Australie, le diplomate Chen Yonglin et le policier Hao Fengjun ont

déserté récemment et ont donné des descriptions et des documents

concernant les réseaux d’environ 1000 espions en Australie et au

Canada. Ils ont révélé les détails de l’espionnage des gens pratiquant

le Falun Gong et du PCC violant les droits humains, en Chine et à

l’étranger.

Le transfuge Han Guangsheng au Canada, qui était

directeur adjoint du Bureau de sécurité publique d’une province

chinoise, a corroboré les allégations d’espionnage et de violations des

droits humains.

M. Moniquet a mentionné que, en plus des

avantages économiques résultant de l’espionnage en Europe, «la Chine

n’est pas une démocratie et elle utilise son réseau d’espions pour

surveiller les dissidents, l’opposition et le Falun Gong par exemple,

et cela est inacceptable pour un état démocratique».

Il insiste

pour dire que la majorité des étudiants chinois en Europe ne sont pas

des espions. Cependant, la minorité de ceux qui sont forcés d’espionner

existe «en raison de la nature du régime communiste chinois qui fait

qu’il est très facile de mettre certains individus sous pression en

intimidant leurs familles, en menaçant de leur interdire de retourner

en Chine, etc. Même si un étudiant refuse d’espionner, il peut être

forcé de le faire».

Le ESISC, dirigé par M. Moniquet, est un

organisme privé qui est en étroite communication avec les gouvernements

et les services de renseignements en Europe. Il a dit qu’il s’est fait

demander de ne pas dévoiler les noms spécifiques des entreprises

concernées par le plus récent transfuge en Belgique, en raison des

enjeux publicitaires ainsi que des enquêtes judiciaires n’ayant pas

encore débuté dans certains des pays affectés.