Des
pratiquants de Falun Gong ainsi que des soutiens à travers le monde
font appel au gouvernement canadien pour qu’il suspende la déportation
de Mme Hu Xiaoping en Chine où ils affirment qu’elle sera certainement
torturée ou même tuée.
Depuis mercredi 3 août, lorsque l’ordre de
déportation a été émis, une campagne pour tenter de renverser la
décision s’est mise en place. Le bureau du ministre de l’Immigration,
Joseph Volpe, confirmait vendredi que plus de 1 000 appels avaient été
reçus, lui demandant d’intervenir en faveur de Mme Hu.
Vendredi
matin, Hu Xiaoping, accompagnée d’agents de l’immigration et de la GRC,
a été embarquée sur le vol 199 d’Air Canada en direction de Vancouver,
pour ensuite partir vers Pékin.
Après son départ de Montréal, la
campagne pour suspendre la déportation s’est amplifiée. Les bureaux des
ministères de la Sécurité Publique et de l’Immigration ont été
submergés d’appels téléphoniques, de pétitions envoyées par fax et de
courriels. À 15 h 20, heure de son départ vers Pékin, il était toujours
impossible de confirmer si Mme Hu était à bord de l’avion.
Hu
Xiaoping avait fait une demande pour obtenir le statut de réfugié en
tant que pratiquante du Falun Gong, car la pratique de cette méditation
est interdite en Chine et sévèrement persécutée par le Parti communiste
chinois (PCC).
Selon son avocat, Me Bergman, le statut lui a été
refusé en raison de certaines barrières linguistiques et culturelles
qui l’empêchaient de bien comprendre les procédures. Mme Hu n’aurait
pas fourni les preuves nécessaires démontrant qu’elle ne pouvait être
expulsée en Chine.
M. Robert Gervais, porte-parole de l’Agence
des services frontaliers du Canada, a déclaré à la Presse Canadienne
qu’une évaluation des risques avait été effectuée avant d’émettre le
jugement. “Après avoir étudié la demande, il a été conclu qu’il n’y
avait aucun danger de l’expulser dans son pays d’origine.”
L’Association
de Falun Dafa du Canada (AFDC) croit qu’en retournant en Chine, Mme Hu
sera très certainement susceptible d’être “maltraitée”. “À cause de la
sévère persécution du Falun Gong en Chine, ceux qui participent
activement aux activités de groupe de Falun Gong à l’extérieur de la
Chine sont mis sur une liste noire et deviennent très susceptibles
d’être persécutés s’ils retournent en Chine”, a dit Xun Li, président
de l’AFDC.
Un cas similaire survenu précédemment laisse craindre
le pire pour Mme Hu. En mars dernier, M. Jiang Renzheng et sa famille
ont été déportés depuis l’Allemagne vers la Chine. Le département
allemand de l’immigration ne les avait pas évalués “à risque”. Un mois
après leur arrivée en Chine, M. Jiang a été enlevé de chez ses
beaux-parents et condamné à trois ans de travaux forcés, laissant
derrière sa femme et ses deux jeunes enfants.
Le département
allemand de l’immigration avait pris sa décision en se basant sur le
fait que M. Jiang avait commencé à pratiquer le Falun Gong seulement
une fois arrivé en Allemagne.
Quant à Mme Hu, Me Bergman
explique qu’elle pratiquait déjà le Falun Gong en Chine depuis 1996. En
1999, elle a été détenue dans un centre de lavage de cerveau et sa
maison a été saccagée par les autorités. Sous la pression de la
torture, elle aurait renoncé à la pratique, pour reprendre de plus bel
une fois arrivée au Canada.
Un autre facteur renforcerait la
possibilité des représailles. Hu Xiaoping a déclaré publiquement sa
démission du PCC en janvier dernier. Selon Hao Fengjun, un ancien
officier du “Bureau 610” (la gestapo chinoise) qui a fait défection en
Australie en juin dernier, le PCC recherche et persécute quiconque a
publiquement renoncé au parti.
Les fonctionnaires chinois
démentent régulièrement tout mauvais traitement des dissidents.
Cependant, une cour canadienne de l’immigration a récemment refusé le
statut de réfugié à un autre fonctionnaire chinois s’étant retiré du
Parti communiste chinois, Han Guangsheng,. Selon le tribunal, il aurait
été complice de crimes contre l’humanité. M. Han est un ancien chef du
bureau judiciaire de la ville de Shenyang dans la province de Liaoning
et était responsable de la gestion de quatre camps de travaux forcés et
de deux prisons dans le nord-est de la Chine. Les camps comptaient plus
de 500 pratiquants de Falun Gong. Han a toutefois déclaré qu’il avait
essayé, dans la mesure de ses fonctions, d’arrêter la persécution des
pratiquants. Son cas est en appel à la Cour fédérale.
L’ancien
député libéral, David Kilgour, qui siège maintenant comme indépendant,
a dit à la Presse Canadienne que le cas “fait hurler pour une
intervention […] Je m’inquiète énormément que nous placions tant
d’emphase sur notre relation commerciale avec la Chine et que les
droits humains soient mis de côté”.
M. Li a dit que l’AFDC prévoit plusieurs activités pour continuer l’appel.
“Même si Mme Hu a déjà été déportée en Chine, nous n’allons pas abandonner.”
Durant
la fin de semaine, des gens ont tenu des manifestations devant les
bureaux de la vice-première ministre, Anne McLellan, à Ottawa ainsi que
devant les bureaux de sa circonscription à Edmonton.