Constellations familiales ou la libération des mémoires familiales inconscientes
Le travail de constellation familiale est un processus de croissance personnelle et non un divertissement auquel on vient assister par curiosité. Le principe est simple et les enjeux profonds. «C'est précisément à sa simplicité qu'il doit son effet puissant.» |
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Cette technique s'avère efficace pour des problématiques de couple, de relations parents-enfants, de tension entre collaborateurs, des difficultés à se réaliser, à avancer dans la vie, des problèmes d'argent, de tendances dépressives ou suicidaires, parfois de maladies graves… surtout lorsqu'on ressent qu'une cause familiale est en jeu. Il ne s'agit pas ici de guérir quiconque, mais de «rééquilibrer les forces ou les courants qui agissent au sein de la famille» (entreprise, communauté, etc.). On parle de reconnaître des torts/des souffrances puis de créer un dialogue entre les personnes concernées, même de générations différentes.
La méthode est une jeune discipline et certains de ses fondements parviennent de diverses écoles thérapeutiques. La traduction littérale de l'allemand serait: «poser la famille dans l'espace»… en résumé : «Constellation Familiale» (CF).
Concrètement En premier lieu, il faut comprendre que c'est un travail de groupe au cours duquel l'animateur agit dans un grand espace.
Le constellant, celui qui a un problème à résoudre, choisit des personnes du groupe pour qu'elles représentent chacun des membres importants de sa famille (de l'entreprise ou de la communauté lui posant problème), incluant un représentant pour lui-même. Sans leur donner de consigne, leur attribuer d'attitude ou les «sculpter», il les place dans l'espace prévu à cette fin. Le choix des représentants ainsi que le placement se font spontanément, intuitivement, en demeurant à l'écoute de ce qui se passe en soi.
À partir de ce moment, le constellant s'assied en spectateur/observateur silencieux afin d'être témoin de l'image offerte par l'inconscient familial, mise en place sous ses yeux. L'animateur invite les représentants à s'intérioriser afin d'être attentifs à ce qu'ils ressentent. Pour eux, il n'est pas question d'avoir une quelconque attente personnelle ni de vouloir guérir quiconque. Tour à tour, l'animateur les invite à s'exprimer et il est surprenant de constater que, bien qu'ils ne connaissent rien du constellant, de sa famille ou de ses ancêtres, ils répondent à des choses en rapport avec sa situation, sa vie et sa généalogie.
Remarquables sont les sensations, émotions, paroles, gestes, etc. ressentis et décrits par les représentants qui adoptent parfois une voix, un vocabulaire, des gestes, des tics et autres semblables aux personnes dont ils jouent le rôle et dont la véracité est confirmée par le constellant.
Il s'agit littéralement de «mettre en scène» une problématique en introduisant les personnes appropriées et liées au constellant. Les représentants, des acteurs volontaires, se mettent à vivre un script qui n'est pas le leur. Sous l'influence d'une force intérieure, celle de la famille du constellant… ils deviennent ainsi comme des marionnettes possédées par les personnages qu'ils incarnent et qui les font réagir de manière parfois inattendue, voire inexplicable pour le représentant lui-même.
Grâce à la distance, le constellant comprend que les difficultés qu'il considérait jusque là comme des échecs personnels ont des origines dans les liens qui l'unissent à sa famille. Au fond de lui-même il découvre un lien d'amour et de compassion envers sa famille. Il contemple cette image, qu'il ne s'agit ni de comprendre ni d'analyser; elle agit du simple fait qu'il la contemple.
La façon dont le constellant place ses représentants au départ montre sa perception actuelle de la situation. L'animateur, à l'écoute permanente des réactions des représentants ainsi que de ses ressentis et perceptions propres, cherche des solutions pour le constellant en faisant interagir les représentants entre eux, en recourant à des «phrases-solution» ou des «marques de reconnaissance qui traduisent les principes régissant les systèmes familiaux.»
Il perçoit ce qui ne fonctionne pas dans l'ordre existant. Il n'est pas là pour juger en termes de bien ou de mal, mais il tâche de retrouver le contexte sous-jacent à la problématique. L'animateur n'agit pas; c'est la réalité émergente de la situation mise en scène qui agit.
L'animateur met en place les pièces du puzzle sans savoir ce que l'image représente. «C'est en cours de route, voire à la fin, que tout s'éclaire. La solution apparaît lorsque toutes les personnes placées se sentent bien là où elles se trouvent.» Si la famille d'origine est placée, il s'agit de «faire ressortir l'intrication majeure dans laquelle le constellant est pris» en mettant à jour les liens avec des membres particuliers de sa famille. Si l'on place la famille actuelle, on peut clarifier le lien de couple actuel ou la relation parents-enfants. Un travail semblable peut s'avérer utile pour élucider des problématiques entre collaborateurs de travail.
La théorie La théorie (forcément controversée) qui donne des «explications» plausibles suppose qu'un savoir collectif est accessible à tous et qu'il peut se former dans un groupe (théorie des champs morphogénétiques de Rupert Sheldrake). Bert Hellinger parle de «champ qui sait». Chose certaine, il existe une conscience de groupe qui veille à la «mémorisation des données».
Certaines lois de base régissent le système familial dont deux principales.
La première concerne l'appartenance : chaque membre de la famille a le droit de sentir qu'il appartient à sa famille. Si, par exemple, quelqu'un est exclu (même si cela paraît justifié), un descendant, plus tard, «se sentira impliqué dans le destin de l'exclu et reprendra l'exclusion à son compte… sans la comprendre».
La deuxième loi concerne le droit à sa place, dans un ordre chronologique défini. C'est-à-dire que les parents passent avant les enfants, les ascendants avant les descendants et les aînés avant les cadets et les benjamins. «Ils ont donc un avantage sur eux. Personne ne peut se mêler des affaires de quelqu'un qui était là avant lui, sans que cela crée un désordre.» Pensons, par exemple, à une fille aînée qui prendrait le rôle de mère, car la sienne est dépressive ou alcoolique.
Contrairement à certaines formes de thérapies, il ne s'agit pas ici de couper les liens avec nos ancêtres, de nier nos racines, de «s'arracher à son destin généalogique», de détester ou d'insulter nos parents (ce qui nous culpabilise à leur égard), mais bien de reconnaître ces liens ancestraux afin de les honorer pour reprendre «SA» route personnelle plutôt que la leur.
«Les placements ne sont pas (ou peu) utiles pour explorer les faits ou la réalité. Ils ne font apparaître que les énergies existant dans une famille», vérités plus profondes que des vérités factuelles. Le travail de CF agit sur plusieurs plans et donne une impulsion à l'âme, impulsion qui peut agir pendant deux ans. Elle ne dicte pas nos agissements, mais sert de déclencheur à un processus inconscient. Reste toujours à savoir si la personne est prête à laisser derrière elle les bénéfices secondaires de la souffrance.
«Lorsque l'on travaille sur les liens subtils que l'on entretient avec sa lignée, on déchiffre de façon beaucoup plus claire l'immense aventure qu'est la vie.»
Les citations sont tirées de deux sources : 1) J'ai mal à mes ancêtres; La Psychogénéalogie aujourd'hui, Patrick van Eersel et Catherine Maillard (chapitre 3), éditions Albin Michel. 2) Manuel des Constellations Familiales, Bertold Ulsamer; éditions Jouvence. Pour en savoir plus sur le sujet : J'ai mal à mes ancêtres; la Psychogénéalogie aujourd'hui de Patrick van Eersel et Catherine Maillard aux éditions Albin Michel. Ce livre présente la psychogénéalogie telle que comprise par sept personnes différentes (Anne Ancelin Schützenberger, Alejandro Jodorowsky, Chantal Rialland…) dont Bert Hellinger, un «fondateur» des CF. Le troisième chapitre lui est consacré, où il parle des CF. Sur le site de Catherine Labbé [www.harmonieinterieure.com] vous trouverez la section liens/ressources. Vous pouvez aller ensuite à la page 5 où sont présentés cinq articles sur le sujet, articles que vous pouvez même télécharger. À la librairie Biosfaire, vous trouverez des livres sur les CF, notamment plusieurs de Bert Hellinger, mais ce sont souvent des livres assez techniques qui ne conviennent pas pour un public général voulant simplement découvrir en quoi elles consistent. La version intégrale de l’article se retrouve ici
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