La violence domestique à l’égard des femmes
L’OMS présente une nouvelle étude sur la violence dont les femmes sont victimes. Les pays qu’elle a étudiés sont le Bangladesh, le Brésil, l’Ethiopie, le Japon, la Namibie, le Pérou, la Tanzanie, l’île de Samoa, la Serbie, le Monténégro et la Thaïlande où 24.000 femmes ont accepté de raconter leur vie. Par manque de moyens, il n’a pas été possible d’interroger les hommes afin de savoir ce qui les amène à agir de cette façon. Il existait très peu d’informations sur ce sujet en provenance de ces pays. |
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Bien que l’enquête ne soit pas complète, il est possible maintenant de mieux connaître ce phénomène dans des cultures si différentes. De ce fait, on va pouvoir adapter la prévention et les soins afin de diminuer cette violence.
L’étude est portée devant les autorités nationales qui vont les utiliser pour établir des programmes de prévention et d’information. Concrètement, l’éducation est un piller de la prévention. L’autre point fort est le corps médical, qui est le mieux adapté pour venir en aide à ces femmes. Il permet d’informer sur les risques d’abus sexuels, particulièrement le SIDA et les maladies sexuellement transmissibles et d’aider les femmes battues. C’est pourquoi les personnes qui y travaillent devraient recevoir une formation qui leur permette de faire face à ce problème, ce qui est malheureusement loin d’être le cas, surtout au niveau planétaire.
Il faut savoir que la violence à l’égard des femmes n’est pas un choix ni une fatalité. C’est un problème social important qui entraîne la mort de nombreuses femmes. Suivant le pays et le lieu (campagne ou ville), « 15 à 71 % des femmes ont subi des violences physiques et / ou sexuelles »1 Or chaque femme va se faire soigner au moins une fois dans sa vie. Si la peur ou la soumission l’empêche de parler, un soignant qui a reçu une formation adéquate pourra repérer le problème et lui venir en aide.
Quelles sont les femmes les plus fragiles ? Les femmes entre 15 et 19 ans subissent beaucoup plus de violences physiques et sexuelles que celles qui ont entre 45 et 49 ans. On peut mettre en avant que les jeunes hommes sont plus violents que les hommes mûrs et que les femmes plus âgées bénéficient d’un meilleur statut social. Les femmes qui ont une instruction supérieure au secondaire sont moins sujettes aux violences. Cela vient probablement du fait qu’elles ont plus facilement le choix du partenaire et peuvent mieux négocier leur autonomie financière.
L’homme exerce sa domination en isolant sa femme de ses amis et de sa famille, contrôle l’accès aux soins. Il veut savoir tout ce que fait sa femme et où elle se trouve à tout moment. Il ne supporte pas qu’elle s’adresse à d’autres hommes et l’accuse d’infidélité.
Dans les zones rurales, les femmes justifient facilement cette violence contrairement à celles qui vivent en ville. Les femmes qui subissent cette violence ou qui en sont témoins ont plus facilement tendance à l’accepter. Les violences exercées par l’entourage sont aussi très présentes chez les jeunes filles. Entre 10 et 20 % des jeunes filles ont été abusées sexuellement, et ce majoritairement par des proches.
Suivant les régions, les femmes ne parlent pas. C’est le cas au Bengladesh où deux femmes sur trois se taisent. Par contre au Brésil, elles ne sont plus que deux sur dix à rester dans le silence. Quand elles en parlent, c’est principalement à la famille ou aux proches, très rarement aux services publics ou aux autorités. Dans bien des cas, la femme ne demande aucune aide. Quand elle le fait, souvent elle n’en reçoit pas. Les familles font passer les intérêts de la famille avant la sécurité de la femme. Les femmes qui subissent des violences modérées l’acceptent souvent par peur ou parce qu’elles pensent que c’est normal. Ce n’est que lorsqu’elles sont gravement blessées ou que les enfants sont menacés qu’elles entreprennent de demander de l’aide auprès des autorités qui ne répondent pas forcément positivement. Souvent elles ne savent pas où aller et vont dans leur famille. Elles quittent rarement leur partenaire par peur de perdre la garde des enfants, parce qu’elle l’aime et qu’il lui a demandé pardon.
Conséquence de la violence sur la santé des femmes Dans la majorité des cas, il s’agit de traumatismes mineurs tel qu’ecchymoses, coupures, morsures. Les fractures, les traumatismes oculaires ou auriculaires sont cependant assez courants. Un quart des femmes battues ont dit avoir perdu connaissance après avoir été battues. Des maladies gynécologiques surviennent régulièrement après des abus sexuels. L’état de santé est moins bon chez les femmes violentées que chez les autres. Elles ont également plus de peine à accomplir les activités quotidiennes, ont des pertes de mémoire, des vertiges.1 « Partout dans le monde, les problèmes de santé mentale, la détresse psychologique et les comportements suicidaires sont fréquents. Les symptômes vont du fait de pleurer facilement, de ne pas profiter de la vie à la lassitude ou aux pensées suicidaires, voire au passage à l’acte. »1 Certaines femmes sont battues pour la première fois quand elles sont enceintes. D’autre part, environ 5 % des femmes battues le sont aussi quand elles sont enceintes. Le père de l’enfant est impliqué dans 90 % des cas. Evidemment, dans ces cas, les fausses couches et les avortements provoqués sont plus élevés.
Recommandations de l’OMS L’OMS recommande aux gouvernements de promouvoir l’égalité des sexes et les droits fondamentaux des femmes. Elle leur propose de faire intervenir les services sociaux et de la santé, les organisations religieuses, la justice et la police, les syndicats et les entreprises, les médias ainsi que les personnalités importantes comme les chefs religieux, afin d’établir et de concrétiser un plan d’action commun de lutte contre la violence domestique. Pour connaître l’efficacité des moyens mis en place, une collecte de données a été entreprise sur la situation de la violence à l’égard des femmes et les attitudes et croyances qui la perpétuent. Un questionnaire de l’OMS et les principes d’éthique et de sécurité qu’elle prône permet de connaître la situation dans chaque pays avec les mêmes critères.
La meilleure prévention consiste à modifier les attitudes et les croyances qui entraînent ce comportement. Les médias ont un rôle important à jouer pour informer la population. Des informations ciblées peuvent faire comprendre aux femmes qu’il n’y a pas de honte à demander de l’aide et que cette violence n’est pas normale. Les hommes non violents sont invités à s’exprimer contre la violence et à mettre en cause le laxisme dont elle fait l’objet. Cela va permettre de casser cette image qu’un homme viril est un homme violent. Enfin, l’information doit passer dans les milieux de la santé, de la prévention du SIDA, dans les écoles où la violence exercée par les enseignants se pratique couramment et dans les entreprises. Il est également important de rendre l’environnement plus sûr par un éclairage approprié et une présence policière ciblée.
La violence et les abus sexuels perpétrés contre les mineurs devraient être sanctionnés. Au vu de l’ampleur de ce problème, le personnel médical et les enseignants doivent recevoir une formation leur permettant de reconnaître de tels abus et de les dénoncer. La santé de ces enfants est gravement perturbée par de tels actes (MST/SIDA et trouble psychique).
Il faut améliorer l’aide aux femmes battues en obtenant l’appui des personnalités locales, en créant des lieux où elles peuvent se réfugier et en changeant les mentalités afin que les proches cessent de considérer cela comme normal et commencent à soutenir les victimes. Les pays pauvres n’ont pas les moyens de faire ces campagnes de prévention. Les donateurs sont sollicités pour soutenir leurs démarches financièrement.
L’OMS demande également de soutenir d’autres recherches sur les causes et les conséquences de cette violence car de nombreux pays n’ont pas encore bénéficié de ces recherches. Il faudrait effectuer des études sur les attitudes et croyances masculines qui contribuent à alimenter la violence afin de casser ces schémas destructeurs. 1 Extrait de l’étude multipays de l’OMS sur la santé des femmes et la violence domestique à l’égard des femmes. Toutes les informations de cet article proviennent de cette étude.
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