La violence domestique à l’égard des femmes

Écrit par Catherine Keller, La Grande Époque - Genève
25.10.2006

 

L’OMS présente une nouvelle étude sur la violence dont les femmes sont

victimes. Les pays qu’elle a étudiés sont le Bangladesh, le Brésil,

l’Ethiopie, le Japon, la Namibie, le Pérou, la Tanzanie, l’île de

Samoa, la Serbie, le Monténégro et la Thaïlande où 24.000 femmes ont

accepté de raconter leur vie. Par manque de moyens, il n’a pas été

possible d’interroger les hommes afin de savoir ce qui les amène à agir

de cette façon. Il existait très peu d’informations sur ce sujet en

provenance de ces pays. 

  • Une femme au visage tuméfié.(攝影: / 大紀元)

 

Bien que l’enquête ne soit pas complète, il est possible maintenant

de mieux connaître ce phénomène dans des cultures si différentes. De ce

fait, on va pouvoir adapter la prévention et les soins afin de diminuer

cette violence.

 

L’étude est portée devant les autorités

nationales qui vont les utiliser pour établir des programmes de

prévention et d’information. Concrètement, l’éducation est un piller de

la prévention. L’autre point fort est le corps médical, qui est le

mieux adapté pour venir en aide à ces femmes. Il permet d’informer sur

les risques d’abus sexuels, particulièrement le SIDA et les maladies

sexuellement transmissibles et d’aider les femmes battues. C’est

pourquoi les personnes qui y travaillent devraient recevoir une

formation qui leur permette de faire face à ce problème, ce qui est

malheureusement loin d’être le cas, surtout au niveau planétaire.

 

Il

faut savoir que la violence à l’égard des femmes n’est pas un choix ni

une fatalité. C’est un problème social important qui entraîne la mort

de nombreuses femmes. Suivant le pays et le lieu (campagne ou ville), « 15 à 71 % des femmes ont subi des violences physiques et / ou sexuelles »1

Or chaque femme va se faire soigner au moins une fois dans sa vie. Si

la peur ou la soumission l’empêche de parler, un soignant qui a reçu

une formation adéquate pourra repérer le problème et lui venir en aide.

 

Quelles sont les femmes les plus fragiles ?

Les

femmes entre 15 et 19 ans subissent beaucoup plus de violences

physiques et sexuelles que celles qui ont entre 45 et 49 ans. On peut

mettre en avant que les jeunes hommes sont plus violents que les hommes

mûrs et que les femmes plus âgées bénéficient d’un meilleur statut

social. Les femmes qui ont une instruction supérieure au secondaire

sont moins sujettes aux violences. Cela vient probablement du fait

qu’elles ont plus facilement le choix du partenaire et peuvent mieux

négocier leur autonomie financière.

 

L’homme exerce sa domination

en isolant sa femme de ses amis et de sa famille, contrôle l’accès aux

soins. Il veut savoir tout ce que fait sa femme et où elle se trouve à

tout moment. Il ne supporte pas qu’elle s’adresse à d’autres hommes et

l’accuse d’infidélité.

 

Dans les zones rurales, les femmes

justifient facilement cette violence contrairement à celles qui vivent

en ville. Les femmes qui subissent cette violence ou qui en sont

témoins ont plus facilement tendance à l’accepter. Les violences

exercées par l’entourage sont aussi très présentes chez les jeunes

filles. Entre 10 et 20 % des jeunes filles ont été abusées

sexuellement, et ce majoritairement par des proches.

 

Suivant

les régions, les femmes ne parlent pas. C’est le cas au Bengladesh où

deux femmes sur trois se taisent. Par contre au Brésil, elles ne sont

plus que deux sur dix à rester dans le silence. Quand elles en parlent,

c’est principalement à la famille ou aux proches, très rarement aux

services publics ou aux autorités. Dans bien des cas, la femme ne

demande aucune aide. Quand elle le fait, souvent elle n’en reçoit pas.

Les familles font passer les intérêts de la famille avant la sécurité

de la femme. Les femmes qui subissent des violences modérées

l’acceptent souvent par peur ou parce qu’elles pensent que c’est

normal. Ce n’est que lorsqu’elles sont gravement blessées ou que les

enfants sont menacés qu’elles entreprennent de demander de l’aide

auprès des autorités qui ne répondent pas forcément positivement.

Souvent elles ne savent pas où aller et vont dans leur famille. Elles

quittent rarement leur partenaire par peur de perdre la garde des

enfants, parce qu’elle l’aime et qu’il lui a demandé pardon.

 

Conséquence de la violence sur la santé des femmes

Dans

la majorité des cas, il s’agit de traumatismes mineurs tel

qu’ecchymoses, coupures, morsures. Les fractures, les traumatismes

oculaires ou auriculaires sont cependant assez courants. Un quart des

femmes battues ont dit avoir perdu connaissance après avoir été

battues. Des maladies gynécologiques surviennent régulièrement après

des abus sexuels.

L’état de santé est moins bon chez les femmes

violentées que chez les autres. Elles ont également plus de peine à

accomplir les activités quotidiennes, ont des pertes de mémoire, des

vertiges.1 « Partout dans le monde, les problèmes de santé

mentale, la détresse psychologique et les comportements suicidaires

sont fréquents. Les symptômes vont du fait de pleurer facilement, de ne

pas profiter de la vie à la lassitude ou aux pensées suicidaires, voire

au passage à l’acte. »1

Certaines femmes sont battues pour la

première fois quand elles sont enceintes. D’autre part, environ 5 % des

femmes battues le sont aussi quand elles sont enceintes. Le père de

l’enfant est impliqué dans 90 % des cas. Evidemment, dans ces cas, les

fausses couches et les avortements provoqués sont plus élevés.

 

Recommandations de l’OMS

L’OMS

recommande aux gouvernements de promouvoir l’égalité des sexes et les

droits fondamentaux des femmes. Elle leur propose de faire intervenir

les services sociaux et de la santé, les organisations religieuses, la

justice et la police, les syndicats et les entreprises, les médias

ainsi que les personnalités importantes comme les chefs religieux, afin

d’établir et de concrétiser un plan d’action commun de lutte contre la

violence domestique. Pour connaître l’efficacité des moyens mis en

place, une collecte de données a été entreprise sur la situation de la

violence à l’égard des femmes et les attitudes et croyances qui la

perpétuent. Un questionnaire de l’OMS et les principes d’éthique et de

sécurité qu’elle prône permet de connaître la situation dans chaque

pays avec les mêmes critères.

 

La meilleure prévention consiste

à modifier les attitudes et les croyances qui entraînent ce

comportement. Les médias ont un rôle important à jouer pour informer la

population. Des informations ciblées peuvent faire comprendre aux

femmes qu’il n’y a pas de honte à demander de l’aide et que cette

violence n’est pas normale. Les hommes non violents sont invités à

s’exprimer contre la violence et à mettre en cause le laxisme dont elle

fait l’objet. Cela va permettre de casser cette image qu’un homme viril

est un homme violent. Enfin, l’information doit passer dans les milieux

de la santé, de la prévention du SIDA, dans les écoles où la violence

exercée par les enseignants se pratique couramment et dans les

entreprises. Il est également important de rendre l’environnement plus

sûr par un éclairage approprié et une présence policière ciblée.

 

La

violence et les abus sexuels perpétrés contre les mineurs devraient

être sanctionnés. Au vu de l’ampleur de ce problème, le personnel

médical et les enseignants doivent recevoir une formation leur

permettant de reconnaître de tels abus et de les dénoncer. La santé de

ces enfants est gravement perturbée par de tels actes (MST/SIDA et

trouble psychique).

 

Il faut améliorer l’aide aux femmes battues

en obtenant l’appui des personnalités locales, en créant des lieux où

elles peuvent se réfugier et en changeant les mentalités afin que les

proches cessent de considérer cela comme normal et commencent à

soutenir les victimes. Les pays pauvres n’ont pas les moyens de faire

ces campagnes de prévention. Les donateurs sont sollicités pour

soutenir leurs démarches financièrement.

 

L’OMS demande également

de soutenir d’autres recherches sur les causes et les conséquences de

cette violence car de nombreux pays n’ont pas encore bénéficié de ces

recherches. Il faudrait effectuer des études sur les attitudes et

croyances masculines qui contribuent à alimenter la violence afin de

casser ces schémas destructeurs.

1 Extrait de l’étude

multipays de l’OMS sur la santé des femmes et la violence domestique à

l’égard des femmes. Toutes les informations de cet article proviennent

de cette étude.