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Un Jour du souvenir comme les autres ?

Écrit par Noé Chartier, La Grande Époque
14.11.2006
| A-/A+

  • André Boisclair et Gilles Duceppe, (攝影: / 大紀元)

 

Samedi dernier 11 novembre, le Jour du souvenir avait une émotion

particulière. Les cérémonies se sont déroulées dans tout le pays comme

d’habitude, mais cette fois, plus que ces dernières années, la guerre n’avait

pas l’essence d’un souvenir lointain. Et ce, en raison du nom de l’heure :

Afghanistan.

Beaucoup d’anciens combattants nous accompagnent encore

et leurs causes d’autrefois ne font aucunement l’objet de débats. Libérer l’Europe

des griffes du nazisme et du fascisme ou combattre et repousser les troupes

communistes coréennes et chinoises téléguidées par Staline : comment

serait le monde s’ils ne l’avaient pas fait?

Dans les deux cas, il ne s’agissait aucunement de

missions de maintien de la paix. Il fallait dérouter ces forces armées

d’idéologies totalitaires.

Cinquante ans plus tard, c’est encore au nom du «monde

libre et démocratique» que les efforts canadiens en Afghanistan sont défendus.

L’ennemi à dérouter est aussi motivé par une idéologie qui ne cadre pas

particulièrement bien avec ce que l’Occident entend par «civilisation».

Pour Gordon O’Connor, ministre de

la

Défense, les soldats d’hier sont ceux

d’aujourd’hui. «Enfin, comme les soldats qui ont combattu dans les ravins et

les montagnes glaciales de

la

Corée, les hommes et les femmes qui

combattent les Talibans dans les vignobles du sud de l’Afghanistan comprennent

que, pour préserver notre liberté ici, il faut parfois contribuer à éradiquer

la tyrannie à l’étranger», a-t-il écrit dans un message à l’occasion du Jour du

souvenir.

Alors pourquoi les Canadiens sont-ils divisés sur les

questions militaires d’aujourd’hui et plus unis sur celles d’autrefois? Il n’y

a pas qu’une seule réponse.

Comme indiqué sur son site Internet, le gouvernement du

Canada définit son implication en Afghanistan comme suit : «Défendre nos

intérêts nationaux, s'assurer de jouer un rôle de leadership dans les dossiers

mondiaux et aider l'Afghanistan à se reconstruire.»

La division peut surgir de l’ambiguïté. Demander à un

politologue et il vous expliquera la notion «d’intérêts nationaux». Il n’y a

rien de moins clair. S’il s’agit de défendre le mode de vie des citoyens

canadiens en déroutant des éléments terroristes, il peut y avoir deux résultats

que nous connaissons bien.

Le premier est que vous allez vous faire de nouveaux

ennemis qui autrement ne vous auraient tout simplement pas détesté. Vous aidez

ainsi à créer et alimenter la menace. Cet aspect a été souligné récemment par

nul autre que le chef d’état-major de l’armée britannique, Sir Richard Dannatt,

qui avouait que la présence de ses troupes en Irak «exacerbait» les difficultés

de son pays à travers le monde.

Le deuxième résultat possible est que vous réussissiez

à éliminer le nouvel ennemi et vous êtes ainsi satisfait, mais cela est

pratiquement impossible à court terme et sa résurgence et sa transformation

sont imprévisibles. Les racines du terrorisme sont présentes ici,

indépendamment qu’il y ait ou non des Talibans en Afghanistan.

Si les «intérêts nationaux» sont liés à la finance et

aux compagnies canadiennes qui profitent de la guerre ou de la reconstruction,

nous entrons alors dans un domaine des plus épineux. L’idée que les guerres

d’Irak et d’Afghanistan sont motivées par de purs intérêts économiques est

répandue. Pétrole, minerai, armement, drogue, etc.

«S'assurer de jouer un rôle de leadership dans les

dossiers mondiaux», certains diront que l’activité militaire n’est pas l’unique

ou le bon moyen. Si l’implication en Afghanistan représentait le tremplin idéal

pour redorer le blason du pays, 36 autres pays ont peut-être eu la même idée.

Pas moins de 37 pays sont impliqués à diverses intensités. Est-ce que cela

confère une légitimité à l’opération? Ou est-ce que cela rappelle

la

Chine du 19e siècle qui était

dépecée par les nombreuses puissances impérialistes à coups de canons, d’opium,

d’ouvertures de ports forcées et de traités inégaux? La comparaison n’est pas

idéale, mais elle soulève la question des «intérêts nationaux» de tous ces

différents pays qui investissent en Afghanistan.

Dans le meilleur des mondes, ils n’attendent rien en

retour, sinon le bien-être de leur population et celui des Afghans, et leur

motivation naît de la moralité, de la bienveillance et du souci de justice.

Mais dans ce monde où tout s’achète et tout se vend, l’allégeance se fait

parfois au plus offrant.

Sur le point de «reconstruire l’Afghanistan», comme le mentionne

l’article publié dans cette édition L’Afghanistan, un combat sur plusieurs

fronts pour le Canada, le gros des sous n’y est pas assigné. Ceci est quand

même défendable, car il est évident que rien ne sert de construire quelque

chose qui risque d’être négligé, abandonné ou détruit en raison de la présence

des Talibans. D’un point de vue humanitaire, la reconstruction est une

nécessité urgente pour aider des gens dans le besoin. D’un point de vue

utilitaire, la reconstruction permet de gagner le cœur des gens et d’obtenir

une légère garantie qu’ils ne se retourneront pas pour combler les rangs de

l’insurrection. En jargon militaire, «gagner les cœurs» s’appelle «opérations

psychologiques».

Alors le pays en est là, devant ce dilemme, pris entre un passé

digne du Jour du souvenir et un présent complexe qui ne laisse poindre aucune

solution facile.

Une chose est certaine, la population doit être mieux

renseignée sur tout ce qui se passe pour raffiner ses opinions. Que pense le

peuple afghan de la présence de forces étrangères? À quel rythme les projets de

reconstruction sont-ils effectués? Qu’est-ce que l’OTAN va faire pour éliminer

la corruption endémique au sein du gouvernement afghan qu’il soutient? Pourquoi

l’Afghanistan produit encore plus de 90 % de l’opium au monde? Il est connu que

les Talibans ont leur base au Pakistan. Pourquoi rien de concret n’est

entrepris de ce côté?

Ceux qui sont sur les lignes de front n’ont peut-être

pas le désir ou le besoin de connaître ces réponses, mais ils veulent

certainement avoir le sentiment de défendre une bonne cause. Et ceux qui sont

morts au champ de bataille, dans la poussière du désert, seront remémorés avec

le même honneur que leurs prédécesseurs.

Soldats canadiens tués en Afghanistan depuis 2002 :

Sgt Darcy Scott Tedford

Sdt Blake Neil Williamson

Cavalier Mark Andrew Wilson

Sgt Craig Paul Gillam

Cpl Robert Thomas James Mitchell

Sdt Josh Klukie

Cpl Glen Arnold

Sdt David Byers

Cpl Shane Keating

Cpl Keith Morley

Sdt Mark Anthony Graham

Sdt William Jonathan James Cushley

Adj Frank Robert Mellish

Adj Richard Francis Nolan

Sgt Shane Stachnik

Cpl David Braun

Cpl Andrew James Eykelenboom

Cplc Jeffrey Scott Walsh

Cplc Raymond Arndt

Sdt Kevin Dallaire

Sgt Vaughan Ingram

Cpl Bryce Jeffrey Keller

Cpl Christopher Jonathan Reid

Cpl Francisco Gomez

Cpl Jason Patrick Warren

Cpl Anthony Joseph Boneca

Cap Nichola Kathleen Sarah Goddard

Cpl Matthew David James Dinning

Bombardier Myles Stanley John Mansell

Cpl Randy Payne

Sdt Robert Costall

Cplc Timothy Wilson

Cpl Paul Davis

Sdt Braun Scott Woodfield

Cpl Jamie Brendan Murphy

Cpl Robbie Christopher Beerenfenger

Sgt Robert Alan Short

Cpl Ainsworth Dyer

Sdt Richard Green

Sgt Marc D. Léger

Sdt Nathan Smith

 

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