Un Jour du souvenir comme les autres ?
Samedi dernier 11 novembre, le Jour du souvenir avait une émotion
particulière. Les cérémonies se sont déroulées dans tout le pays comme
d’habitude, mais cette fois, plus que ces dernières années, la guerre n’avait
pas l’essence d’un souvenir lointain. Et ce, en raison du nom de l’heure :
Afghanistan.
et leurs causes d’autrefois ne font aucunement l’objet de débats. Libérer l’Europe
des griffes du nazisme et du fascisme ou combattre et repousser les troupes
communistes coréennes et chinoises téléguidées par Staline : comment
serait le monde s’ils ne l’avaient pas fait?
missions de maintien de la paix. Il fallait dérouter ces forces armées
d’idéologies totalitaires.
libre et démocratique» que les efforts canadiens en Afghanistan sont défendus.
L’ennemi à dérouter est aussi motivé par une idéologie qui ne cadre pas
particulièrement bien avec ce que l’Occident entend par «civilisation».
Défense, les soldats d’hier sont ceux
d’aujourd’hui. «Enfin, comme les soldats qui ont combattu dans les ravins et
les montagnes glaciales de
Corée, les hommes et les femmes qui
combattent les Talibans dans les vignobles du sud de l’Afghanistan comprennent
que, pour préserver notre liberté ici, il faut parfois contribuer à éradiquer
la tyrannie à l’étranger», a-t-il écrit dans un message à l’occasion du Jour du
souvenir.
questions militaires d’aujourd’hui et plus unis sur celles d’autrefois? Il n’y
a pas qu’une seule réponse.
Canada définit son implication en Afghanistan comme suit : «Défendre nos
intérêts nationaux, s'assurer de jouer un rôle de leadership dans les dossiers
mondiaux et aider l'Afghanistan à se reconstruire.»
politologue et il vous expliquera la notion «d’intérêts nationaux». Il n’y a
rien de moins clair. S’il s’agit de défendre le mode de vie des citoyens
canadiens en déroutant des éléments terroristes, il peut y avoir deux résultats
que nous connaissons bien.
ennemis qui autrement ne vous auraient tout simplement pas détesté. Vous aidez
ainsi à créer et alimenter la menace. Cet aspect a été souligné récemment par
nul autre que le chef d’état-major de l’armée britannique, Sir Richard Dannatt,
qui avouait que la présence de ses troupes en Irak «exacerbait» les difficultés
de son pays à travers le monde.
à éliminer le nouvel ennemi et vous êtes ainsi satisfait, mais cela est
pratiquement impossible à court terme et sa résurgence et sa transformation
sont imprévisibles. Les racines du terrorisme sont présentes ici,
indépendamment qu’il y ait ou non des Talibans en Afghanistan.
aux compagnies canadiennes qui profitent de la guerre ou de la reconstruction,
nous entrons alors dans un domaine des plus épineux. L’idée que les guerres
d’Irak et d’Afghanistan sont motivées par de purs intérêts économiques est
répandue. Pétrole, minerai, armement, drogue, etc.
dossiers mondiaux», certains diront que l’activité militaire n’est pas l’unique
ou le bon moyen. Si l’implication en Afghanistan représentait le tremplin idéal
pour redorer le blason du pays, 36 autres pays ont peut-être eu la même idée.
Pas moins de 37 pays sont impliqués à diverses intensités. Est-ce que cela
confère une légitimité à l’opération? Ou est-ce que cela rappelle
Chine du 19e siècle qui était
dépecée par les nombreuses puissances impérialistes à coups de canons, d’opium,
d’ouvertures de ports forcées et de traités inégaux? La comparaison n’est pas
idéale, mais elle soulève la question des «intérêts nationaux» de tous ces
différents pays qui investissent en Afghanistan.
retour, sinon le bien-être de leur population et celui des Afghans, et leur
motivation naît de la moralité, de la bienveillance et du souci de justice.
Mais dans ce monde où tout s’achète et tout se vend, l’allégeance se fait
parfois au plus offrant.
Sur le point de «reconstruire l’Afghanistan», comme le mentionne
l’article publié dans cette édition L’Afghanistan, un combat sur plusieurs
fronts pour le Canada, le gros des sous n’y est pas assigné. Ceci est quand
même défendable, car il est évident que rien ne sert de construire quelque
chose qui risque d’être négligé, abandonné ou détruit en raison de la présence
des Talibans. D’un point de vue humanitaire, la reconstruction est une
nécessité urgente pour aider des gens dans le besoin. D’un point de vue
utilitaire, la reconstruction permet de gagner le cœur des gens et d’obtenir
une légère garantie qu’ils ne se retourneront pas pour combler les rangs de
l’insurrection. En jargon militaire, «gagner les cœurs» s’appelle «opérations
psychologiques».
Alors le pays en est là, devant ce dilemme, pris entre un passé
digne du Jour du souvenir et un présent complexe qui ne laisse poindre aucune
solution facile.
renseignée sur tout ce qui se passe pour raffiner ses opinions. Que pense le
peuple afghan de la présence de forces étrangères? À quel rythme les projets de
reconstruction sont-ils effectués? Qu’est-ce que l’OTAN va faire pour éliminer
la corruption endémique au sein du gouvernement afghan qu’il soutient? Pourquoi
l’Afghanistan produit encore plus de 90 % de l’opium au monde? Il est connu que
les Talibans ont leur base au Pakistan. Pourquoi rien de concret n’est
entrepris de ce côté?
pas le désir ou le besoin de connaître ces réponses, mais ils veulent
certainement avoir le sentiment de défendre une bonne cause. Et ceux qui sont
morts au champ de bataille, dans la poussière du désert, seront remémorés avec
le même honneur que leurs prédécesseurs.
Sgt Darcy Scott Tedford
Sdt Blake Neil Williamson
Cavalier Mark Andrew Wilson
Sgt Craig Paul Gillam
Cpl Robert Thomas James Mitchell
Sdt Josh Klukie
Cpl Glen Arnold
Sdt David Byers
Cpl Shane Keating
Cpl Keith Morley
Sdt Mark Anthony Graham
Sdt William Jonathan James Cushley
Adj Frank Robert Mellish
Adj Richard Francis Nolan
Sgt Shane Stachnik
Cpl David Braun
Cpl Andrew James Eykelenboom
Cplc Jeffrey Scott Walsh
Cplc Raymond Arndt
Sdt Kevin Dallaire
Sgt Vaughan Ingram
Cpl Bryce Jeffrey Keller
Cpl Christopher Jonathan Reid
Cpl Francisco Gomez
Cpl Jason Patrick Warren
Cpl Anthony Joseph Boneca
Cap Nichola Kathleen Sarah Goddard
Cpl Matthew David James Dinning
Bombardier Myles Stanley John Mansell
Cpl Randy Payne
Sdt Robert Costall
Cplc Timothy Wilson
Cpl Paul Davis
Sdt Braun Scott Woodfield
Cpl Jamie Brendan Murphy
Cpl Robbie Christopher Beerenfenger
Sgt Robert Alan Short
Cpl Ainsworth Dyer
Sdt Richard Green
Sgt Marc D. Léger
Sdt Nathan Smith