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Troubles alimentaires : une question de confiance en soi qui touche aussi les hommes

Écrit par Floriane Denis, La Grande Époque
01.04.2006
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La

semaine du 5 au 11 février 2006 était la semaine nationale des troubles

alimentaires au Canada. Au Québec, c’est l’ANEB (Association québécoise

d'aide aux personnes souffrant d'anorexie nerveuse et de boulimie) qui

est le fer de lance de la sensibilisation, de la prévention et du

traitement de ces maladies mentales.

Rappelons rapidement de quoi

il s’agit, à commencer par le trouble le plus connu, le plus flagrant

et le plus immédiatement dangereux pour la vie du patient, à savoir

l’anorexie. L’anorexie nerveuse se caractérise par une brusque perte de

poids résultant de régimes drastiques, de jeûnes, de vomissements

provoqués, d'utilisation de laxatifs et/ou d'exercice physique pratiqué

de façon excessive. L'anorexie est également associée à une peur

intense de prendre du poids, une distorsion de l'image corporelle et à

des irrégularités menstruelles ou à une aménorrhée.

  • Huang Jiaxin, quinze ans, 353 livres, se prête à un traitement pour perdre du poids.(攝影: / 大紀元)

 

La boulimie

se caractérise par des épisodes d'orgies alimentaires suivies de

comportements compensatoires. Les orgies se font généralement en secret

et sont accompagnées d'un sentiment de perte de contrôle. Elles sont

suivies de comportements compensatoires, tels les vomissements

provoqués, l'abus de diurétiques et de laxatifs, l'exercice physique

compulsif et/ou le jeûne; ces comportements constituent une tentative

d'éliminer la nourriture ingérée.

Bien que la majorité des

personnes boulimiques ait un poids qui se rapproche de leur poids

normal, les préoccupations excessives par rapport au corps, la peur de

prendre du poids et une insatisfaction au niveau de l'image corporelle

sont très présentes. La boulimie apparaît fréquemment après l’anorexie,

en réaction aux privations subies par l’organisme.

L’hyperphagie boulimique

n’est pas encore officiellement reconnue par le système officiel de

classification des maladies. Comme la boulimie, elle se manifeste par

des crises de prises alimentaires excessives, mais n’est pas suivie par

des périodes de compensation (vomissements, exercices, laxatifs).

Obsession de la nourriture et des régimes ainsi que dépression sont

associés à cette pathologie. C’est le trouble alimentaire qui commence

le plus tard (vers l’âge de 23 ans en moyenne) et qui touche le plus

les hommes (deux hommes pour trois femmes environ).

Un autre

volet moins reconnu, mais dont nous avons tous des exemples autour de

nous – et je suis heureuse qu’on commence à le reconnaître comme une

pathologie – est le «complexe d’Adonis» ou «dysmorphie musculaire» qui

peut par analogie être nommé le pendant masculin de l’anorexie. Le

sujet ne cherche pas à maigrir, mais au contraire à devenir le plus

musculeux possible. Dans ce cas, comme dans celui de l’anorexie, la

recherche du corps parfait nous amène à devenir des «caricatures»

d’homme ou de femme.

Dans notre société de consommation,

société d’abondance où l’on peut trouver à manger partout et à toute

heure, il est plus facile que jamais de prendre du poids. En outre,

c’est la société où l’on a le moins besoin de faire de l’exercice :

déplacements en voiture, travail au bureau, etc. Nous cherchons alors à

compenser : nos sociétés occidentales ont une concentration record

d’établissements de sports en salle. C’est la société tout entière qui

a un comportement «anorexico-boulimique» et de surconsommation

alimentaire/compensation par le sport.

Or, alors qu’en des

temps plus anciens de disette ou dans certaines régions d’Afrique où la

faim sévit on admirait et on admire les femmes aux courbes pleines, les

canons de la beauté officiels sont aujourd’hui la minceur, voire la

maigreur pour les filles, et les muscles secs pour les garçons. Je

précise bien «officiels», car l’idéal féminin de tous les hommes est

loin d’être le corps filiforme des mannequins et Arnold Schwarzenneger

est loin d’être ce que veulent toutes les femmes. Comme le dit le

proverbe : «Tous les goûts sont dans la nature.»

Causes de tout ceci?

On

peut accuser les films, la télévision, la publicité et les vidéoclips

qui dictent le corps que chacun doit rêver d’avoir. Je pense que ce

n’est là qu’une partie du problème. Le reste se situe en amont :

pourquoi y croyons-nous? Pourquoi vouloir tous être faits de la même

façon? En effet, cette dictature du corps parfait a pris une telle

importance qu’elle s’est implantée au sein même des familles, au-delà

de la télévision. Les mères (ou la personne qui s’occupe de

l’alimentation à la maison), elles-mêmes soumises à cette pression, la

font subir plus ou moins volontairement, bien entendu, à leurs enfants.

Cependant, même avec une mère fanatique de régimes, tous les

enfants et adolescents ne vont pas tomber dans un trouble alimentaire.

Un trouble alimentaire – tel que nous l’entendons ici – n’est pas un

problème d’alimentation, mais d’image de soi, rappelle l’ANEB. Il

touche souvent ceux et celles qui cherchent à se faire aimer, à se

faire accepter, et ce, d’abord et avant tout d’eux-mêmes.

De

nombreux témoignages nous expliquent qu’on se dit au début qu’avec

trois kilos en moins ou dix kilos de muscle en plus, on sera beau. Mais

comme le problème n’est pas ce qu’on voit (notre physique), mais qui

nous voit (nous-même), on continue de ne pas se trouver à la hauteur

peu importe la quantité de poids perdu ou de muscle gagné, et on tombe

dans un cercle vicieux où la santé est mise en danger.

Les

troubles de l’alimentation sont une illusion que l’on se crée pour

reprendre le contrôle de sa vie, pour avoir l’impression d’avoir prise

sur quelque chose.

Cependant, on oublie le rôle joué par la

personnalité (et c’est un aspect qui n’est certes pas mis en valeur par

les médias de masse), ce qui rend une personne vraiment attirante n’est

pas seulement son tour de poitrine ou de biceps. Le rayonnement, le

bonheur, la joie de vivre et l’intelligence, dont sont rarement

dépourvus ceux qui souffrent de troubles alimentaires, comptent

beaucoup.

C’est donc une thérapie visant à reconstruire l’image

de soi, pas seulement l’image du corps, qui permettra à ceux qui

souffrent de s’en sortir. Cette thérapie permettra souvent de faire le

point sur l’histoire familiale souvent liée au problème et de mieux

comprendre les causes, ou plutôt les ressorts, de la maladie.

Conseils pratiques

Avant

de terminer par quelques ressources et points de repère, voici quelques

conseils extraits du site de l’ANEB sur la conduite à adopter face à un

proche qui souffre ou pourrait souffrir d’un trouble de l’alimentation

:

1. Renseignez-vous le plus possible sur les troubles de

l'alimentation, mais ne vous laissez pas envahir par le problème de

quelqu'un d'autre. Ce n'est pas à vous de leur «montrer la lumière».

2.

Sachez bien que les troubles de l'alimentation n'ont rien à voir avec

la nourriture. Les commentaires à cet égard sont non seulement

inutiles, mais ils aggravent le problème en encourageant la personne à

mettre l'accent sur la question de l'alimentation.

3. Nul ne

peut sortir gagnant d'une lutte de pouvoir à propos de la nourriture.

Toute tentative visant à réglementer l'alimentation de la personne

atteinte risque fort de renforcer son comportement.

4. Évitez

les conversations relatives aux commentaires sur l'apparence. À des

questions du genre «Trouves-tu que j'ai l'air grosse?», il convient de

répondre : «Je n'ai jamais remarqué; je t'aime comme tu es.»

5.

Quand vous voulez faire part de vos préoccupations, dites : «Je me suis

inquiété en rentrant quand je t'ai vu étendue par terre», au lieu de :

«Je pense que tu as un trouble alimentaire et que tu dois chercher de

l'aide.»

6. Si vous avez des raisons de croire que sa santé est

sérieusement menacée, allez chercher de l'aide. Même si l'être cher

vous accuse d'avoir trahi son secret, les règles de la confidentialité

n'existent plus lorsqu'il y a danger physique.

7.

Renseignez-vous sur les ressources existantes dans votre région comme

les groupes d'entraide, les thérapies et les soins médicaux. Laissez la

documentation à la vue. Et allez chercher de l'aide pour vous-même.

8.

Voir un être cher aux prises avec un trouble de l'alimentation peut

susciter en vous colère, impuissance, culpabilité et frustration. Il

importe pour vous d'évacuer ces réactions normales en vous rappelant

qu'il est inutile de blâmer la personne pour ce qui arrive.

9. Ne

jouez pas au thérapeute : ce serait un échec. Une personne qui

«surfonctionne» ne fait qu'amener l'autre à «sous-fonctionner».

10.

Plus important encore, interrogez-vous sur votre attitude face à des

questions de poids et d'apparence. Êtes-vous au régime? Lorsque vous

rencontrez quelqu'un pour la première fois, est-ce sa silhouette qui

vous frappe? Il serait bon de faire part de vos propres craintes face à

la dictature de la minceur.

Sources et références :

Site Web de l’ANEB;

Boulimie.com

: un site sur tous les troubles alimentaires et certaines autres

addictions (comme la pathologie du jeu compulsif);

Autrement.asso.fr

: un site qui donne non seulement des explications sur le comportement,

mais aussi des explications scientifiques et physiologiques, sans

oublier des conseils concrets pour s’en sortir;

La boulimie, s’en sortir repas après repas, par U. SCHMIDT et J. TREASURE aux Estem;

Guérir de l’anorexie et la boulimie, par C.-P. PEGGY, chez Plon;

Obésité, anorexie nerveuse et féminité refoulée, par MARION WOODMAN aux Éditions de la pleine lune.

Aparté – Confiance en soi, la clé de voûte?

Je

vais donc sortir du cadre médical ou des troubles de l’alimentation

proprement dits pour poser la question de la confiance en soi, cette

confiance en soi qui fait (ou a fait) défaut à tant d’entre nous et

dont le manque nous pousse à tous les excès, à toutes les hésitations.

À nous laisser abuser, à nous laisser tromper. À nous faire préférer

qu’on nous dicte notre conduite. À suivre les conseils des magazines, à

copier les modèles de la télé. À croire ceux qui nous veulent du mal. À

faire des choses pour «être cool» et être aimé.

Il me semble que

c’est ça, le véritable mal du siècle. Et que ses répercussions vont

bien au-delà de notre image corporelle, de notre consommation de drogue

ou d’antidépresseurs. Elles affectent également notre vie de tous les

jours : ce que nous allons accepter des entreprises, de nos employeurs.

Elles concernent nos idées : ce que nous allons croire et accepter, des

médias, des sectes ou autres. Et bien sûr si nous acceptons tout,

comment pouvons-nous essayer de changer l’ordre établi et d’améliorer

le monde qui nous entoure?

La confiance en soi me semble être

le fondement principal de l’être humain, celle de choisir ses idées et

de sortir du rang, d’avancer vraiment. La confiance en soi comme clé de

la liberté...

 

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.