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Doutes sur les prêts colossaux des banques chinoises

Écrit par Heide B. Malhotra et Frank Yu (La Grande Époque)
30.05.2006
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Les prêts non performants dans le secteur bancaire chinois deviennent

de plus en plus importants. Selon un récent rapport du cabinet Ernst

& Young, la Chine pourrait avoir près de 911 milliards de dollars

de créances douteuses.

  • Une banque chinoise(Staff: TED ALJIBE / 2006 AFP)

Une créance douteuse est un prêt en défaut de remboursement, ou bien dans un état proche du défaut.

Selon

le Fonds Monétaire International (FMI), la plupart des prêts sont

classés comme douteux (prêts non performants) dès lors qu’ils sont en

défaut pendant 3 mois.

Selon le rapport d’Ernst & Young « L’attribution

agressive de prêts par les banques chinoises entre 2002 et 2004 s’est

traduite par une nouvelle vague potentielle de prêts non performants

qui pourraient atteindre les 225 milliards… incluant une estimation de

65 milliards de prêts immobiliers qui pourraient très bien être

enterrés dans la catégorie ‘mention spéciale’ [prêts suspectés d’être

non remboursables sous quelques mois, et donc non enregistrables en

comptabilité dans la catégorie ‘prêts douteux’] »« A cause du

manque de transparence et d’autres problèmes, le volume des prêts

douteux chinois actuels n’est pas représentatif de l’ensemble des prêts

douteux enregistrés depuis 1998 ».

Selon un communiqué de

l’agence Reuters daté du 11 mai dernier, Ernst & Young fut

contrainte par la Banque Populaire de Chine de retirer son rapport sur

les prêts douteux. Ernst & Young est en effet l’audit de la Banque

industrielle et commerciale de Chine (la plus grande banque de Chine

par ses actifs financiers) dans la préparation de sa future

introduction en bourse prévue à Hong Kong début juin.

Le

manque d’indépendance tend à devenir la norme dans le secteur financier

chinois, et un tel rapport pourrait coûter cher à Ernst & Young

dans son développement commercial en Chine. Une autre recherche

effectuée par les cabinets Mac Kinsey & Co et Price Waterhouse

Coopers a fait état de résultats similaires en ce qui concerne la

description des prêts douteux chinois.

Transfert des prêts douteux vers des banques étrangères

Les

« 4 grandes » banques nationales chinoises (la Banque de Chine, la

Banque d’agriculture de Chine, la Banque industrielle et commerciale de

Chine, la Banque de construction de Chine) sont à l’origine de la plus

grande part des 65 % de l’ensemble des prêts douteux connus.

Les

« 4 grandes » banques  se sont déchargées d’environ 39 % de leurs

créances douteuses, soit 230 milliards de dollars sur quatre structures

de défaisance chinoise compagnies (appelées AMC, Asset Management

Company, qui sont : Cinda, Huarong, Orient, et Great Wall), qui ont été

créées en 1999 par le Conseil d’Etat Chinois.

Ces compagnies de

gestion (AMC) ont été aussi créées pour collecter les fonds impayés,

vendre les portefeuilles de prêts douteux aux banques locales ou

étrangères qui sont contraintes d’accepter de les acheter ou de les

annuler.

La Chine a décrété que tous les prêts douteux

gouvernementaux devaient disparaître des comptes avant la fin de

l’année. Les AMC deviendront quant à elles indépendantes après 2006.

Ces compagnies se sont pour le moment déchargées de près de 60 % des

prêts douteux, mais sont contraintes de toutes parts pour atteindre

l’objectif fixé par le gouvernement pour la fin de l’année 2006.

Entre

septembre 2005 et février 2006, une joint-venture entre Citigroup et

SilverGrant a acheté pour 4,5 milliards de dollars de prêts non

performants chinois, une autre entre Deutsche Bank et AIG pour

2 milliards, Avenue Capital pour 624 millions, et Citigroup en a repris

pour 561 millions de dollars.

Selon un récent rapport de Price Waterhouse Coopers (PWC), « depuis

la fin 2005, une cascade d’accords entre les AMC et des investisseurs

étrangers a été annoncée… Il reste à confirmer que les AMC puissent

disposer des prêts antérieurs à 1999… Il peut être difficile de se

faire rembourser, les prêts de 1999 sont plus anciens et moins

attractifs ».

Les compagnies de gestion doivent brader leurs

ventes de prêts non performants, mais redoutent de devoir les brader

plus encore. Selon PWC, le prix moyen à venir pour les dettes fortement

douteuses est de 30 cents pour chaque dollar, intérêt compris.

Ces

compagnies de gestion à caractère gouvernemental viennent de changer

leur stratégie et exigent maintenant pour les prêts non performants des

prix proches de leur valeur faciale, en affirmant qu’après leur

réorganisation, beaucoup de compagnies nationales dont les prêts sont

douteux, sont déjà parvenues à l’équilibre et font des profits

intéressants. Selon PWC, « peu d’investisseurs internationaux

croient qu’ils parviendront à atteindre les rendements demandés avec de

tels prix de vente ».

Les banquent comptent sur « l'intelligence locale »    

Depuis

la crise des années 1980 dans le secteur« Savings & Loans » aux

Etats-Unis, le public s’est habitué aux défauts de remboursements de

prêts. Par la suite, des prêts non performants sont apparus en Corée

durant la crise financière asiatique, en Allemagne et en Inde. Selon un

communiqué d’Ernst & Young, « le développement de ce marché de

créances douteuses de dizaines de milliards de dollars a abouti à un

énorme apprentissage pour les banques, les régulateurs et les

investisseurs ».

Les pratiques traditionnelles comme la

confiance dans les données comptables historiques ont été jetées par la

fenêtre. Les analyses détaillées en « due diligence » sont devenues une

pratique courante pour les banques étrangères en Chine, où la

transparence est inexistante.

L’expertise des investisseurs

étrangers s’accroît au fur et à mesure qu’ils collectent la dette

chinoise. La confiance traditionnelle dans la documentation sur les

prêts n’a plus de valeur dans l’industrie bancaire chinoise corrompue.

L’utilisation de sources locales, incluant des avocats et des

délateurs, afin de traquer les débiteurs cachés et de découvrir les

fonds dissimulés, est souvent plus fructueuse que l’analyse de

l’information existante.

Selon Ernst & Young, [ils] se concentrent sur « l’intelligence locale » ou sur « la

maîtrise de l’ensemble des parties prenantes, afin de comprendre où des

fonds hors bilan peuvent être cachés et comment on peut avoir mis fin à

un accord afin de faire un compromis confortable ».

L’investisseur étranger est désavantagé

Cependant,

l’information concernant les créances douteuses en Chine est rare. De

nombreux prêts ont été approuvés sous influence politique et accordés

aux officiels du Parti Communiste Chinois et aux entreprises publiques,

sans aucune vérification des informations sur des conditions de

crédits.

Selon Ernst& Young « il est difficile d’obtenir

une information juste sur un prêt non performant dans les portefeuilles

de prêts d’une banque chinoise, parce que la culture bancaire s’oppose

à la franchise et à la responsabilité, un environnement opérationnel

décentralisé et des réglementations restreignent les banques [leurs

capacités] à se déterminer par rapport aux prêts ».

Les

investisseurs étrangers qui achètent les prêts non performants sont

également fortement désavantagés, bien que les locaux prétendent que

les étrangers sous-paient ce qu’ils obtiennent. En plus, les

entreprises locales sont souvent associées aux AMC soutenus par le

gouvernement, et les investisseurs étrangers sont dans une position

d’infériorité pour obtenir les meilleures affaires.

Le cabinet PricewaterhouseCoopers souligne que «

les investisseurs locaux ne sont pas connus pour surpayer [quand ils

font une acquisition d’un portefeuille de prêts non performants]. [Ils]

maintiennent une relation privilégiée avec AMC et c’est pourquoi [ils]

sont mieux placés pour sélectionner des actifs qu’ils veulent - ceux de

prêts non performant pour lesquels, à travers leur connaissance locale,

ils ont un substantiel potentiel de réduction de risque ».

 

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