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Renault – Nissan – General Motors

Écrit par Hanna L. Szmytko (La Grande Époque)
17.07.2006
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Après la réussite de l’alliance entre Renault et Nissan, l’idée d’un

rapprochement avec le constructeur automobile américain General Motors

(GM) fait son chemin. Cette idée a été lancée par l’investisseur

milliardeur américain Kirk Kerkorian, le premier actionnaire individuel

de General Motors avec 9,9 % du capital. Le conseil d’administration de

General Motors a accepté d’ouvrir des discussions avec le groupe

franco-japonais Renault-Nissan. Les dirigeants des deux groupes Carlos

Ghosn (le PDG de Renault-Nissan), et Rick Wagoner (le PDG de General

Motors) vont mener des négociations exploratoires sur la faisabilité

d’une alliance à trois.

  • Carlos Ghosn(Staff: DAMIEN MEYER / 2006 AFP)

 

Comme le précise le PDG de Renault et Nissan, Carlos Ghosn, dans son interview au journal Le Monde daté du 13 juillet, « il

s’agit d’une énorme opportunité…mais la seule question qui vaille est

de savoir si une alliance avec GM peut accélérer, renforcer, amplifier

le succès des plans en cours chez Renault et Nissan… Encore fautil

qu’on travaille avec GM pour voir ce que ça peut apporter, à quelle

condition et avec quelle organisation ». Ces quelques phrases

rappellent déjà le style Ghosn, qui est un savant mélange de

pragmatisme, d’approche globale, d’intégration des cultures locales, de

recherche de synergies, de souplesse, d’adaptation au marché, et de

dialogue simple et direct. En effet, dans la poursuite de cette

affaire, et par delà les aspects financiers, on risque fort de mal

comprendre les décisions prises si l’on ne fait pas un retour sur ce

personnage hors du commun.

Carlos Ghosn est un des rares patrons

réellement multiculturels et c’est là un atout majeur pour diriger un

ensemble à vocation mondiale : né au Brésil, il passe son enfance au

Liban et fait ses études supérieures en France.

Fort des cinq

langues qu’il parle couramment – arabe, français, anglais, portugais et

espagnol – il redresse Michelin au Brésil, et est ensuite nommé PDG de

Michelin États-Unis où il y organise l’absorption d’Uniroyal Goodrich :

« Je ne considère pas Carlos Ghosn comme un PDG français », dit James C. Morton, un ex-Michelin North America. « Il pense global, et se trouve à l’aise au sein du business américain. »

Passé ensuite chez Renault, il est envoyé au Japon pour y redresser

Nissan avec le succès que l’on sait, en profite pour apprendre le

japonais, et dirige maintenant les deux entités Renault et Nissan. Le

monde est d’autant plus son terrain de jeu qu’il le parcourt sans cesse

en avion, et communique essentiellement par e-mail avec ses

collaborateurs.

L’homme incarne également un nouveau style de

management, basé sur une écoute attentive des employés de tout échelon.

Il tient à expliquer personnellement sa démarche à ses collaborateurs,

en essayant de les motiver non pas par la récompense, mais en les

impliquant et en les incitant à atteindre des objectifs bien précis.

Enfin, il met en place une politique de performance basée sur la

qualité et l’innovation et œuvre pour la transparence par le biais de

la communication : « La réalité de notre marque est la perception que nos clients en ont ».

Fort de ce dialogue retrouvé avec le personnel, il sait alors prendre

des décisions réputées « impossibles » mais nécessaires pour redresser

rapidement Nissan, comme de fermer 3 usines et licencier 21.000

personnes au Japon, abolir l’emploi à vie et l’avancement à

l’ancienneté, etc. Comme il le dit luimême dans une interview au Point,

« la première chose indispensable pour obtenir la motivation

consiste à dire où l’on va. Le patron décrit la destination, donne une

vision. Il l’explique en permanence et à tous, pas seulement aux cadres

mais à tout le personnel. Les 130 000 « Renault » doivent savoir où va

l’entreprise... à un an, deux ans, cinq ans, dix ans. La deuxième

étape, c’est la stratégie. Voilà le but, maintenant, il faut dire

comment on y va. On identifie avec précision plusieurs étapes. La

stratégie doit être claire, comprise et convaincante. Il ne faut pas

une vision riquiqui, sinon ça ne marchera pas ».

Mais, ajoute-t-il aussitôt, « la

parole est primordiale : Tout ce que j’ai dit, je l’ai fait. Il y a une

seule et grande force dans l’entreprise, c’est la motivation du

personnel. Si vous avez une société dans laquelle les salariés sont

motivés, il n’y a pas d’obstacle. Le management doit s’évertuer à être

au centre du jeu. Il ne doit pas être ennuyeux. Le management doit

captiver l’audience, il doit inventer une histoire pour l’entreprise,

il faut que l’ensemble des personnels soient accroché par l’aventure,

qu’ils aient envie de passer au chapitre suivant. C’est pour ça que

vous allez tous les jours au boulot. Et si vous entraînez ainsi 130.000

personnes, c’est une puissance incroyable ! ». Il ne suffit cependant pas de parler, « il faut s’engager.

Moi,

je m’engage personnellement dans l’entreprise. Quitte à mettre mon

poste en jeu ! Pour le Nissan Revival Plan, on jouait notre

crédibilité. Alors, j’ai dit : si les objectifs ne sont pas atteints,

je démissionne avec le comité exécutif. »

L’avenir seul nous

dira si les deux PDG parviendront à se comprendre, et si les études de

faisabilité seront positives. Il ne fait cependant aucun doute que si

la décision d’étendre l’alliance vers GM est prise, le style de

management de Carlos Ghosn sera l’élément clé de sa réussite future.

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.