Portrait d’une enseignante
J’ai toujours vécu à Vernier, près de Genève. Plusieurs métiers m’ont attirée mais c’est le métier d’enseignante que j’ai choisi. Je me suis dirigée vers ce que l’on appelait les Etudes pédagogiques. Je garde de merveilleux souvenirs de mes études, ces années étaient gaies, c’était un vrai plaisir. Je voulais m’occuper des petits mais pour ma première année d’enseignante, j’ai été nommée dans une classe de 4e primaire (CM1). Par la suite, je me suis occupé des 3e, 4e, 5e, 6e classe de l’école primaire (CM1, CM2, et 6e) et finalement je ne l’ai jamais regretté. Jusqu’à présent, j’enseigne toutes les branches. Dans l'évolution de l'école actuelle, chaque branche trouve petit à petit son enseignant spécialisé et je le regrette. Je pense que les enfants de moins de douze ans ont surtout besoin d’être encadrés par un enseignant qui les connaisse bien. Or pour connaître un enfant, il faut le voir sous différents aspects. Un enfant qui a beaucoup de peine en maths peut se révéler un excellent sportif. L’enseignant qui le voit évoluer dans plusieurs domaines peut mieux saisir et aider l’enfant, d’autant plus qu’il n’est pas en train d’apprendre à un niveau qui requiert une spécialisation. |
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Vous me demandez pourquoi j’aime mon métier ? Je ne sais comment vous répondre. Je me sens utile, j’aime les enfants, c’est un plaisir d’enseigner, de les voir grandir, se développer. Le matin, quand je me lève, j’efface les contrariétés passées, c’est un nouveau jour qui commence et je suis heureuse de partir travailler. Je pense que c’est très important de voir les choses de cette façon. Quand on rencontre un problème, il faut en tirer les conclusions pour éviter de revivre la même situation une autre fois. Il ne sert à rien d’avoir des rancœurs et des regrets. On ne peut pas avancer avec des regrets. Dans la vie, il y a des choix à faire, on prend un chemin et on l’assume. Je pense que les enseignants qui dépriment sont peut-être encombrés par ces facteurs. Les enfants ne sont pas comme ça, ils vivent au jour le jour, ils ont oublié hier et ne pensent pas à demain. C’est le moment présent qui compte et quand ils sont avec nous, nous devons être disponibles pour eux avec notre corps, notre esprit et notre cœur. Une autre chose très importante pour moi, c’est la relation que j’ai avec les parents. Je crois vraiment que les parents et l’instituteur doivent travailler dans le même sens. C’est dans l’intérêt de l’enfant. S’il y a désaccord entre les parents et l’enseignant, il est préférable d’en parler entre adultes. Il est important d’avoir une attitude responsable car nous montrons l’exemple à nos enfants. Si les parents ne respectent pas l’enseignant, le critiquent ouvertement, comment l’enfant peut-il travailler sereinement ? Trop souvent, les parents se déchargent de l’école et pensent que ce n’est pas leur problème. C’est vraiment dommage. Si j’ai le soutien des parents, j’aurai de meilleurs résultats. Quelques simples exemples pratiques : le parent devrait regarder si son enfant a fait ses devoirs. Je ne veux pas qu’il corrige son travail, je demande juste qu’il surveille ses cahiers. Même un parent qui n’écrit pas bien le français peut voir si le devoir est fait proprement. De même, il peut regarder dans le cartable s’il y a un message pour lui. Plus profondément, si l'enfant voit que ses parents s’intéressent vraiment à ce qu’il fait, il se sent revalorisé. Vous me demandez comment je vois l’avenir. J’ai parfois peur quand je vois comment on détruit notre environnement. Je constate que les valeurs de notre société s’effritent et je crains la montée d’un islam radical intégriste. J’ai deux filles, je leur ai apporté des valeurs d’honnêteté, d’amour et de respect et mon rêve serait que le mensonge disparaisse du monde à jamais.
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