Portrait d’une enseignante

Écrit par Catherine Keller, La Grande Époque - Genève
30.08.2006

J’ai

toujours vécu à Vernier, près de Genève. Plusieurs métiers m’ont

attirée mais c’est le métier d’enseignante que j’ai choisi. Je me suis

dirigée vers ce que l’on appelait les Etudes pédagogiques. Je garde de

merveilleux souvenirs de mes études, ces années étaient gaies, c’était

un vrai plaisir.

Je voulais m’occuper des petits mais pour ma

première année d’enseignante, j’ai été nommée dans une classe de 4e

primaire (CM1). Par la suite, je me suis occupé des 3e, 4e, 5e, 6e

classe de l’école primaire (CM1, CM2, et 6e) et finalement je ne l’ai

jamais regretté. Jusqu’à présent, j’enseigne toutes les branches. Dans

l'évolution de l'école actuelle, chaque branche trouve petit à petit

son enseignant spécialisé et je le regrette. Je pense que les enfants

de moins de douze ans ont surtout besoin d’être encadrés par un

enseignant qui les connaisse bien. Or pour connaître un enfant, il faut

le voir sous différents aspects. Un enfant qui a beaucoup de peine en

maths peut se révéler un excellent sportif. L’enseignant qui le voit

évoluer dans plusieurs domaines peut mieux saisir et aider l’enfant,

d’autant plus qu’il n’est pas en train d’apprendre à un niveau qui

requiert une spécialisation.

  • Une enseignante devant une classe.(攝影: / 大紀元)

 

Vous me demandez pourquoi j’aime mon

métier ? Je ne sais comment vous répondre. Je me sens utile, j’aime les

enfants, c’est un plaisir d’enseigner, de les voir grandir, se

développer. Le matin, quand je me lève, j’efface les contrariétés

passées, c’est un nouveau jour qui commence et je suis heureuse de

partir travailler. Je pense que c’est très important de voir les choses

de cette façon. Quand on rencontre un problème, il faut en tirer les

conclusions pour éviter de revivre la même situation une autre fois. Il

ne sert à rien d’avoir des rancœurs et des regrets. On ne peut pas

avancer avec des regrets. Dans la vie, il y a des choix à faire, on

prend un chemin et on l’assume. Je pense que les enseignants qui

dépriment sont peut-être encombrés par ces facteurs. Les enfants ne

sont pas comme ça, ils vivent au jour le jour, ils ont oublié hier et

ne pensent pas à demain. C’est le moment présent qui compte et quand

ils sont avec nous, nous devons être disponibles pour eux avec notre

corps, notre esprit et notre cœur.

Une autre chose très

importante pour moi, c’est la relation que j’ai avec les parents. Je

crois vraiment que les parents et l’instituteur doivent travailler dans

le même sens. C’est dans l’intérêt de l’enfant. S’il y a désaccord

entre les parents et l’enseignant, il est préférable d’en parler entre

adultes. Il est important d’avoir une attitude responsable car nous

montrons l’exemple à nos enfants. Si les parents ne respectent pas

l’enseignant, le critiquent ouvertement, comment l’enfant peut-il

travailler sereinement ? Trop souvent, les parents se déchargent de

l’école et pensent que ce n’est pas leur problème. C’est vraiment

dommage. Si j’ai le soutien des parents, j’aurai de meilleurs

résultats. Quelques simples exemples pratiques : le parent devrait

regarder si son enfant a fait ses devoirs. Je ne veux pas qu’il corrige

son travail, je demande juste qu’il surveille ses cahiers. Même un

parent qui n’écrit pas bien le français peut voir si le devoir est fait

proprement. De même, il peut regarder dans le cartable s’il y a un

message pour lui. Plus profondément, si l'enfant voit que ses parents

s’intéressent vraiment à ce qu’il fait, il se sent revalorisé.

Vous

me demandez comment je vois l’avenir. J’ai parfois peur quand je vois

comment on détruit notre environnement. Je constate que les valeurs de

notre société s’effritent et je crains la montée d’un islam radical

intégriste. J’ai deux filles, je leur ai apporté des valeurs

d’honnêteté, d’amour et de respect et mon rêve serait que le mensonge

disparaisse du monde à jamais.