L’essor de la viticulture biologique en Alsace
Le vignoble alsacien, l’un des plus graciés et typiques de France se convertit de plus en plus depuis une quinzaine d’années à la viticulture biologique, dont le double objet est de respecter au maximum l’écosystème (le terroir) et de maintenir au niveau le plus authentique la santé humaine. Les viticulteurs qui ont compris l’intérêt écologique d’une telle démarche sont aujourd’hui plus de 80 dont la poignée de l’époque héroïque des débuts (années 1990), parmi lesquels figure Jean-Pierre Frick à Pfaffenheim (68). |
|
Ils sont tous regroupés au sein de l’OPABA (Organisation professionnelle de l’Agriculture biologique en Alsace), à Colmar (tél : 03 89 24 45 35). Depuis le 1er janvier 2005, le logo « AB » peut être apposé sur les bouteilles de vins issus des raisins produits en agriculture biologique. Quid de la vinification Le Règlement européen de 1991 – nous y revenons ci-après – n’a pas établi de cahier des charges à ce sujet et sa certification ne concerne que les raisins. C’est la raison pour laquelle différents organismes (Fédération nationale interprofessionnelle des vins de l’agriculture biologique, Nature et Progrès, Déméter, Biodyvin, etc.) proposent des chartes de vinification de droit privé, contrôlées pour certaines par un organisme certificateur indépendant. Autant dire que ce secteur est en plein devenir, et il reste à espérer que des dispositions inadéquates ne viennent pas soudain stériliser les remarquables efforts désormais en cours d’accomplissement. Comment situer la viticulture biologique ? La viticulture biologique qui, pour l’instant entre dans le seul cadre juridique de l’agriculture biologique est régie par le Règlement européen, déjà évoqué, du 24 juin 1991 (CE 2092/91), qui impose notamment au viticulteur : - d’avoir certifié son activité à la Direction départementale de l’agriculture et de la forêt, - de cultiver les vignes sans produits chimiques de synthèse (pesticides ou engrais), - de mettre en œuvre, trois campagnes durant, les règles de l’agriculture biologique avant de pouvoir utiliser la mention « vin issu de raisins de l’agriculture biologique », - d’être certifié par un organisme agréé par le Ministère de l’Agriculture. Il est certain qu’à terme les procédures de la viticulture bio dynamique vont s’affiner par rapport à celles de l’agriculture biologique proprement dite. D’ores et déjà, tous les vins issus de l’agriculture biologiques sont contrôlés et certifiés chaque année. C’est ainsi que le taux de contrôle des viticulteurs bio est actuellement l’un des plus élevés de tous les modes de production agricole. La viticulture biologique diversifie et segmente l’offre en vins et répond à une réelle attente des consommateurs avertis ; elle préserve également les nappes phréatiques des pollutions chimiques. Les vins bio Les vins bio sont de plus en plus primés dans les concours de vins (Concours général de Paris, Challenge international du vin, Concours des Caves particulières, Chardonnay du monde, Concours national des vignerons indépendants, etc.). Aucun additif œnologique de synthèse ou activateur de fermentation ou autre ne doit intervenir dans la vinification. Pour leur part, les viticulteurs biologiques et biodynamistes alsaciens, partisans d’une conduite exemplaire des vignes entendent également apporter le plus grand respect aux raisins durant leur transport et leur transformation ; l’œnologie biologique est avant tout préventive et non corrective : la vitalité des sols, la santé des vignes et le juste rendement permettant la parfaite maturité du raisin sont leur véritable assise qualitative. Quelques chiffres L’Alsace compte pour l’heure 82 domaines viticoles soit déjà entièrement « bio » (50), soit en cours de conversion (32). Les surfaces impliquées sont de 822 hectares, dont 252 en conversion et le volume des vins issus de raisins bio est de l’ordre de 50.000 hectolitres. La part des vignes bio par rapport à l’ensemble des vignes AOC Alsace et AOC Grands Crus en production conventionnelle (15.305 hectares) est donc de l’ordre de 5,5 %. De même, le nombre de viticulteurs bio (82) rapporté à l’ensemble des « autres » (4.656) nous donne un pourcentage de 1,76 %. Par ailleurs, les vignerons « bio » représentent 32 % des producteurs bio d’Alsace. En guise de conclusion Le secteur économique de la viticulture bio (en Alsace mais aussi ailleurs) peut paraître mince… pour le moment, mais « ouvre » sur d’immenses potentialités. Nourritures et boissons industrialisées, génératrices de monceaux de déchets et ayant un impact sur la santé publique dont on est contraint de plus en plus de reconnaître le caractère négatif (carences, obésité, troubles divers), dépasseront bientôt en coût les profits qu’elles permettent de réaliser et le temps n’est pas loin où leurs effets seront irréversibles. Les initiatives d’orientation vers le biologique ne sont donc pas à mépriser en tant que voie fort souhaitable et fort élégante de sortie… |